Le 25 août dernier, deux journalistes tunisiens, Aymen Benmansour et Alaeddine Zaatour ont été kidnappés à Tripoli en Libye, avec Otmane Lahiani, journaliste algérien et correspondant du journal algérien "El Khabar", avant d'être relâchés quelques heures plus tard.
Contacté par le HuffPost Tunisie, Aymen Benmansour, cameraman revient sur cet évènement qui le marquera à vie.
Alors que ses deux collègues, Ala et Otmane ont quitté l'hôtel pour aller déjeuner, Aymen a préféré rester dans sa chambre d'hôtel pour finir son travail, en attendant d’aller à l’aéroport pour prendre le vol de 20h00 à destination de Tunis: "Soudain, le chauffeur libyen revient et me demande de rejoindre mes collègues prétextant qu’il y a eu un changement de programme, je sentais qu’il y avait anguille sous roche, mais j’ai quand même rangé mes affaires puis je suis descendu le rejoindre dans la voiture. C'est là que j’ai remarqué la présence d’un 4*4 blanc, vitres fumées qui nous suivait avant de nous braquer à la place de la Corniche. Deux hommes armés en sont descendus et nous ont forcés, le chauffeur et moi-même à nous mettre à genoux, mains hautes".
Services de renseignements libyens?
Aymen poursuit son récit en précisant qu’au moment où l’homme armé lui a demandé de se mettre à genoux, kalashnikov à la main, il lui tendit un badge blanc le présentant comme agent des services de renseignements libyens.
Et au journaliste d'ajouter: "Nos ravisseurs nous ont placés sur le siège arrière de la de la voiture, têtes baissées par la force, nous roulions vite, en moins de 10 minutes nous sommes arrivés à leur QG."
"Ils nous ont emmenés dans une sorte de maison en ruines au milieu de nulle part. C'était un entrepôt de construction. Une fois à l’intérieur, j’ai trouvé mes deux collègues à qui ont avait réservé le même sort. Le fait est qu’ils ont été kidnappés avant moi et que les ravisseurs ont demandé au chauffeur d’aller me chercher" renchérit-il.
Blackout total et retour à l’affaire Chourabi et Gtari
"Ils voulaient connaître le motif de notre présence à Tripoli, nos employeurs, et avec quelle autorité nous avions coordonné notre visite. Nous sommes restés seuls pendant deux heures dans une pièce où il n'y avait qu'un réfrigérateur et des bouteilles d'eau. Ils ont pris nos portables, nos papiers, nos chaussures et même nos ceintures. Pour nous interroger, ils nous prenaient un par un, dans une autre salle, les yeux bandés. L’un d’eux m’a menacé de me réserver le même sort que Nadhir Gtari, je lui demande alors qui est Nadhir, il me répond par: 'Nadhir, ton collègue tunisien' " déclare-t-il, sans obtenir plus de réponses.
Aymen précise que dans cette salle, se trouvaient 4 hommes, dont trois semblaient âgés.
Mystère ou schizophrénie?
"Ce que je ne comprends pas c’est qu’après avoir répondu à toutes leurs questions et leur avoir expliqué que nous étions là pour une mission de travail à savoir la préparation d’une émission sur l’état des hôpitaux libyens, ils nous ont présenté leurs excuses et ont regretté d’avoir manqué de professionnalisme, qu’ils justifient par la situation difficile qui prévaut en Libye" indique-t-il.
Et à Aymen d’ajouter: "C’est quand même fou, ils nous kidnappent, nous insultent, pointent leurs armes sur nous puis en me rendant mes affaires me demandent gentiment de bien vérifier que tout est là, de checker mon matériel, je n’y comprends rien" s’étonne-t-il.
"Il y a même l’un d’entre eux qui, voyant que je ne pouvais plus tenir accroupi souffrant d'un mal de dos insupportable, m’a demandé de faire attention à moi et de prendre tout mon temps" ajoute-t-il.
Silence assourdissant des autorités tunisiennes
Interrogé sur la réaction des autorités tunisiennes, Aymen répond qu’aucune partie ne les a contactés et qu’aucune enquête n’a été ouverte des deux côtés, libyen et tunisien.
"Nous remercions Dieu d’en être sortis indemnes, même si les autorités et les médias, sont passés totalement à côté de cette affaire. Ce genre de kidnapping devient monnaie courante en Libye, je n’y retournerai pour rien au monde" conclut-il.
Pour rappel, Sofiène Chourabi, le journaliste et blogueur Sofiene Chourabi et le photographe Nadhir Gtari ont disparu dans la région d'Ajdabiya, dans l'est de la Libye, en 2013.
Si l'État Islamique a revendiqué leur assassinat, le 08 janvier 2015, les autorités tunisiennes ont à de nombreuses reprises nier leur mort.
Contacté par le HuffPost Tunisie, Aymen Benmansour, cameraman revient sur cet évènement qui le marquera à vie.
Alors que ses deux collègues, Ala et Otmane ont quitté l'hôtel pour aller déjeuner, Aymen a préféré rester dans sa chambre d'hôtel pour finir son travail, en attendant d’aller à l’aéroport pour prendre le vol de 20h00 à destination de Tunis: "Soudain, le chauffeur libyen revient et me demande de rejoindre mes collègues prétextant qu’il y a eu un changement de programme, je sentais qu’il y avait anguille sous roche, mais j’ai quand même rangé mes affaires puis je suis descendu le rejoindre dans la voiture. C'est là que j’ai remarqué la présence d’un 4*4 blanc, vitres fumées qui nous suivait avant de nous braquer à la place de la Corniche. Deux hommes armés en sont descendus et nous ont forcés, le chauffeur et moi-même à nous mettre à genoux, mains hautes".
Services de renseignements libyens?
Aymen poursuit son récit en précisant qu’au moment où l’homme armé lui a demandé de se mettre à genoux, kalashnikov à la main, il lui tendit un badge blanc le présentant comme agent des services de renseignements libyens.
Et au journaliste d'ajouter: "Nos ravisseurs nous ont placés sur le siège arrière de la de la voiture, têtes baissées par la force, nous roulions vite, en moins de 10 minutes nous sommes arrivés à leur QG."
"Ils nous ont emmenés dans une sorte de maison en ruines au milieu de nulle part. C'était un entrepôt de construction. Une fois à l’intérieur, j’ai trouvé mes deux collègues à qui ont avait réservé le même sort. Le fait est qu’ils ont été kidnappés avant moi et que les ravisseurs ont demandé au chauffeur d’aller me chercher" renchérit-il.
Blackout total et retour à l’affaire Chourabi et Gtari
"Ils voulaient connaître le motif de notre présence à Tripoli, nos employeurs, et avec quelle autorité nous avions coordonné notre visite. Nous sommes restés seuls pendant deux heures dans une pièce où il n'y avait qu'un réfrigérateur et des bouteilles d'eau. Ils ont pris nos portables, nos papiers, nos chaussures et même nos ceintures. Pour nous interroger, ils nous prenaient un par un, dans une autre salle, les yeux bandés. L’un d’eux m’a menacé de me réserver le même sort que Nadhir Gtari, je lui demande alors qui est Nadhir, il me répond par: 'Nadhir, ton collègue tunisien' " déclare-t-il, sans obtenir plus de réponses.
Aymen précise que dans cette salle, se trouvaient 4 hommes, dont trois semblaient âgés.
Mystère ou schizophrénie?
"Ce que je ne comprends pas c’est qu’après avoir répondu à toutes leurs questions et leur avoir expliqué que nous étions là pour une mission de travail à savoir la préparation d’une émission sur l’état des hôpitaux libyens, ils nous ont présenté leurs excuses et ont regretté d’avoir manqué de professionnalisme, qu’ils justifient par la situation difficile qui prévaut en Libye" indique-t-il.
Et à Aymen d’ajouter: "C’est quand même fou, ils nous kidnappent, nous insultent, pointent leurs armes sur nous puis en me rendant mes affaires me demandent gentiment de bien vérifier que tout est là, de checker mon matériel, je n’y comprends rien" s’étonne-t-il.
"Il y a même l’un d’entre eux qui, voyant que je ne pouvais plus tenir accroupi souffrant d'un mal de dos insupportable, m’a demandé de faire attention à moi et de prendre tout mon temps" ajoute-t-il.
Silence assourdissant des autorités tunisiennes
Interrogé sur la réaction des autorités tunisiennes, Aymen répond qu’aucune partie ne les a contactés et qu’aucune enquête n’a été ouverte des deux côtés, libyen et tunisien.
"Nous remercions Dieu d’en être sortis indemnes, même si les autorités et les médias, sont passés totalement à côté de cette affaire. Ce genre de kidnapping devient monnaie courante en Libye, je n’y retournerai pour rien au monde" conclut-il.
Pour rappel, Sofiène Chourabi, le journaliste et blogueur Sofiene Chourabi et le photographe Nadhir Gtari ont disparu dans la région d'Ajdabiya, dans l'est de la Libye, en 2013.
Si l'État Islamique a revendiqué leur assassinat, le 08 janvier 2015, les autorités tunisiennes ont à de nombreuses reprises nier leur mort.
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