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L'accord de Carthage et les priorités du secteur privé: Une vision 100% libérale

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Les partis politiques et les organisations professionnelles qui ont ratifié l’accord de Carthage, l’initiative lancée par le président de la République Béji Caïd Essebsi pour sauver l’économie nationale, ont fixé un agenda économique ou encore un "National Business Agenda" composé de six points ou axes stratégiques.

Il s’agit de combattre le terrorisme, d’impulser l’emploi, de lutter contre le secteur informel, de réaliser la réforme de l’administration et de lutter contre la corruption, de mettre en place les politiques spécifiques pour lutter contre les inégalités au niveau du développement régional et de maîtriser les équilibres financiers sans omettre de mettre en œuvre une politique sociale adéquate.

Les priorités économiques du gouvernement d’union nationale répondent aux exigences et aux doléances des entreprises et des opérateurs économiques. Somme toute, l’ensemble des suggestions et actions proposées par les entreprises forment en quelque sorte l’agenda économique approuvé par les parties signataires de l’Accord de Carthage.

Des brigades mobiles sur les routes du Sud

Au niveau de la lutte contre le terrorisme qui reste la priorité des priorités du gouvernement Chahed, les chefs d’entreprises appellent à éliminer progressivement la liquidité pour la traçabilité des flux financiers, à garantir l’équité fiscale et à renforcer la punition des agents de l'ordre impliqués dans des affaires de corruption. "Créer des brigades mobiles sur les routes du sud", figure également parmi les recommandations des chefs d’entreprises.

Plafonner les indemnités liées aux licenciements

Contenir le taux de chômage qui a atteint la barre des 15,6% au deuxième trimestre 2016 est le second défi à relever par le gouvernement d’union nationale.

L’adéquation entre le marché de l’offre et de la demande du travail, la formation professionnelle, la valorisation des compétences et la facilitation des procédures de recrutement et de licenciement sont les principales actions à entreprendre proposées par le gouvernement pour lutter contre ce fléau destructeur.

De leur côté, les entreprises sollicitent davantage de flexibilité du travail, autrement dit de moins en moins d’obligations du côté du patronat. Les chefs d’entreprises veulent plafonner les indemnités liées aux licenciements. "Il faudra mettre en place des règles claires surtout pour les licenciements: par exemple un plafond d'un mois d’indemnité par an au maximum", souligne le rapport intégral de l’Accord de Carthage.

Autre recommandation en relation avec la lutte contre le chômage: les hommes d’affaires représentant l’échantillon représentatif du sondage d’opinions servant de base pour la détermination des six commandements du gouvernement Chahed, sont pour la limitation des importations en provenance de la Turquie et de la Chine.


En effet, l’inondation de produits turcs et made in china a eu un impact direct, indirect ou croisé sur l’activité de certains secteurs industriels dont le textile-habillement. L’UGTT a déjà lancé une campagne nationale pour défendre les produits 100% tunisiens, sous le slogan "Made In Tunisia". Une initiative qui vise à préserver des milliers de postes d’emploi menacés de suppression.

LIRE AUSSI:Durant les 5 dernières années, plus de 300 entreprises dans le textile et l'habillement ont été fermés en Tunisie


Une loi spécifique pour l’entrepreneur

Le secteur informel, une autre menace rampante de l’économie réelle. 490.000 micro-entreprises opèrent dans le secteur informel en Tunisie. Une perte sèche pour l’État et pour la collectivité publique.

Les chefs d’entreprises proposent un plan d’actions en 9 points dont les principales mesures sont: Purger l'administration des agents impliqués dans le secteur informel, diminuer les impôts directs, réduire au maximum les droits de douane, créer des brigades fiscales spécialisées et mettre en vigueur une loi spécifique pour les entrepreneurs (Loi du statut de l’autoentrepreneur).

Pour la suppression de la séance unique

En ce qui concerne la réforme de l’administration publique, les chefs d’entreprises insistent sur la nécessité d’alléger les formalités administratives et de revoir le statut de la haute fonction publique.

Ils appellent par ailleurs à agir contre l’indiscipline et le manque d’assiduité dans la fonction publique et à supprimer la séance unique, à rendre plus opérationnelles les procédures de sanction des employés, déduire les excès d’absences du congé annuel payé et à mettre en place de vraies brigades de contrôle de la bonne marche des administrations avec un contrôle strict du volume de travail réel et des présences avec une évaluation quotidienne. Rigidité, répression et rigueur sont les maîtres-mots.

Réduction de l’effectif de la fonction publique

La réforme de l’administration publique s’inscrit également dans le cadre de la lutte contre la corruption.

L’assainissement de la fonction publique serait l’objectif ultime recherché par les chefs d’entreprises qui sollicitent davantage de transparence, la réduction progressive de l'effectif de la fonction publique pour atteindre les normes internationales et la lutte contre les conflits d’intérêts.

La réduction de l’effectif de la fonction publique se présente en effet pour les entreprises tunisiennes et pour les signataires de l’accord de Carthage comme une priorité absolue et un outil de lutte contre la corruption, une composante de la réforme administrative mais aussi un moyen privilégié pour contenir le déficit budgétaire et assurer l’équilibre budgétaire, cinquième priorité ou axe d’intervention pour le gouvernement d’union nationale.

LIRE AUSSI:L'explosion du nombre des fonctionnaires sous la Troïka remise à l'ordre du jour par une étude de l'INS (TABLEAUX COMPARATIFS)


Le rééchelonnement de la dette publique et l’audit régulier des finances publiques font partie des suggestions proposées par les détenteurs de capitaux. La lutte contre l’évasion fiscale par la réforme de l’administration et du système fiscal est la première action à entreprendre pour endiguer les pressions qui pèsent sur le budget de l’Etat outre la reprise du rythme de production du phosphate.

In fine, le développement régional est le sixième et dernier axe prioritaire pour le gouvernement et pour les opérateurs économiques.

Rappelons que la réduction des disparités régionales est l’une des revendications de la "révolution". Cinq ans après, ces disparités persistent et les régions défavorisées sont toujours en quête de développement, d’équité sociale et économique.

Pour pallier à cette situation qui reste à l’origine des explosions sociales observées dans de nombreuses régions frontalières, les chefs d’entreprises privées appellent à orienter les investissements publics prioritaires vers les régions intérieures, à accorder plus d’autonomie aux municipalités, à favoriser la notion de discrimination positive et à diviser le territoire tunisien horizontalement en 6 entités autonomes qui disposent chacune de toute l'infrastructure nécessaire: ports, aéroports, voies ferrées, pour desservir les villes, et autoroutes qui relient l'est à l'ouest.

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