La diffusion en avant-première d'un film iranien retraçant la vie du prophète Mohamed, le 21 septembre prochain au cinéma le Colisée à Tunis exacerbe déjà les tensions.
Devant être diffusé, mercredi prochain, le film "Muhammad, le messager de Dieu" du réalisateur iranien Majid Majidi, qui devrait être présent avec son équipe, attire déjà toutes les attentions.
Non pas pour sa réalisation, son jeu d'acteurs ou encore le volet historique du film, mais pour la supposée représentation du prophète faite dans ce film.
L'Égypte et l'Arabie Saoudite dénoncent une atteinte au sacré
Retraçant l'enfance du Prophète Mohamed, cette superproduction iranienne -financée en partie par l'État iranien- n'a pas plus à la Mosquée Cairote d'Al Azhar qui a demandé à l'Iran d'interdire le film car en représentant le prophète, on "porterait atteinte au caractère sacré du prophète"
Même son de cloche en Arabie Saoudite, où le grand Mufti cheikh Abdel Aziz al-Cheikh a estimé que ce film était "hostile à l'islam".
Le hic dans l'histoire, c'est que dans le film de Majid Majidi, le visage de Mohamed enfant n'apparaît jamais, seulement sa silhouette et, par des effets spéciaux, sa vision du monde qui l'entoure rapporte le HuffPost Algérie.
Une levée de boucliers en Tunisie?
Le parti "Courant de l'amour" a indiqué via un communiqué être contre la diffusion du film iranien en Tunisie à cause "de la représentation du prophète que fait ce film" appelant à une manifestation devant la Maison du Cinéma à Tunis le jour de sa diffusion.
La décision de diffuser ce film "ne prend pas en compte les conséquences graves qu'il peut générer" affirme le communiqué appelant le Mufti de la République à prendre une décision pour interdire la diffusion de ce film "dans quelque lieu que ce soit". Il s'agit d' "une provocation aux sentiments des musulmans" indique le parti.
En outre, le "Courant de l'Amour" a appelé le ministère de la Culture à retirer l'autorisation accordée à la salle de Cinéma de diffuser ce film "pour des raisons de sécurité", craignant "pour l'unité spirituelle et politique" du pays.
De son côté, la directrice des arts audiovisuels auprès du ministère de la Culture, Mounira Ben Halima, a démenti à la radio Mosaïque FM la projection du film iranien au Cinéma le Colisée: "Ce film n'a pas reçu d'autorisation de diffusion".
Selon elle, "ce film n'est pas un film comme les autres vu qu'il représente les compagnons du prophète ou le prophète lui même".
"Même si nous savons que la création et l'art n'ont pas de limites, il n'empêche que ce genre de films, qui causent des problèmes -et cela peut se comprendre-...n'a pas obtenu d'autorisation" renchérit Mounira Ben Halima.
Selon la directrice des arts audiovisuels auprès du ministère de la Culture, la procédure administrative n'a pas été suivie par la direction de la salle quant à la diffusion du film: "il existe une procédure administrative à suivre -qui n'a pas été suivie-...aucun propriétaire d’une salle de cinéma ne peut projeter le film sans l’aval du ministère de la Culture" affirme t-elle.
Parmi ces démarches, un dossier à remplir et une diffusion au sein du ministère qui accordera en conséquence une autorisation ou non: "Je ne pense pas qu'il pourra obtenir une autorisation, car il faudra que le film soit vu (au ministère), qu'un dossier complet soit déposé, or tout ça n'a pas été fait".
Indépendamment de cette procédure, Mounira Bel Halima conclut: "au vu du sujet et de la représentation du prophète, le ministère de la Culture tunisienne ne pense pas que l'on pourrait donner une autorisation dans le contexte actuel, et même dans un autre contexte, à la diffusion de ce genre de films".
Un retour à la censure?
Contacté par le HuffPost Tunisie, le distributeur du film, Lassaad Goubantini a affirmé que "le film ne sera finalement pas diffusé".
"Il y a une fausse polémique qui s'est créée autour du film. Nous avons pris la décision de ne pas le diffuser. On ne veut pas rentrer dans ce genre de polémiques" a-t-il affirmé expliquant les nombreux débats suscités sur les réseaux sociaux.
"Dans les métiers de la culture, on est contre l'autocensure, mais on a préféré faire preuve de sagesse et éviter toute polémique inutile".
Des précédents
L'ampleur que prend l'affaire du film iranien "Muhammad, le messager de Dieu" n'est pas sans rappeler quelques précédents qui ont eu lieu en Tunisie juste après la révolution.
Tel est le cas du film "Ni Allah, ni maître" sorti en 2011 qui illustre selon sa réalisatrice Nadia El Fani l'hypocrisie sociale en Tunisie durant le mois de ramadan et en rapport avec les non jeuneurs qui ont besoin de se cacher du regard de la société. A l'époque, ce film avait suscité une polémique disproportionnée particulièrement pour le choix du titre jugé offensant et blasphématoire. Face à la contestation, "Ni Allah, ni Maitre" est devenu "Laïcité, inchallah".
Le débat autour de la séparation entre la loi et la politique d'un côté et la religion de l'autre était déjà lancé sur la place publique, causant parfois des dérapages plus ou moins violents comme ici lors de l'attaque de la salle de cinéma "Africa" dans le centre-ville de Tunis.
Une année plus tard, c'est la diffusion du film d'animation Persépolis par la chaine Nessma Tv qui avait créé de nombreux remous.
Sa diffusion en Tunisie par la chaine de télévision privée Nessma TV sera suivie par de nombreuses manifestations soutenues par des salafistes, islamistes et autres groupes conservateurs. Le principal problème? Une scène où l'héroïne dialogue avec un vieil homme barbu sur un nuage, présenté comme étant Dieu.
Des poursuites seront engagées contre le directeur de la chaine par plus d'une centaine d'avocats qui ont condamné la représentation visuelle de Dieu. Un débat houleux prendra place entre les défenseurs de la liberté d'expression et les fervents défenseurs du sacré.
Devant être diffusé, mercredi prochain, le film "Muhammad, le messager de Dieu" du réalisateur iranien Majid Majidi, qui devrait être présent avec son équipe, attire déjà toutes les attentions.
Non pas pour sa réalisation, son jeu d'acteurs ou encore le volet historique du film, mais pour la supposée représentation du prophète faite dans ce film.
L'Égypte et l'Arabie Saoudite dénoncent une atteinte au sacré
Retraçant l'enfance du Prophète Mohamed, cette superproduction iranienne -financée en partie par l'État iranien- n'a pas plus à la Mosquée Cairote d'Al Azhar qui a demandé à l'Iran d'interdire le film car en représentant le prophète, on "porterait atteinte au caractère sacré du prophète"
Même son de cloche en Arabie Saoudite, où le grand Mufti cheikh Abdel Aziz al-Cheikh a estimé que ce film était "hostile à l'islam".
Le hic dans l'histoire, c'est que dans le film de Majid Majidi, le visage de Mohamed enfant n'apparaît jamais, seulement sa silhouette et, par des effets spéciaux, sa vision du monde qui l'entoure rapporte le HuffPost Algérie.
Une levée de boucliers en Tunisie?
Le parti "Courant de l'amour" a indiqué via un communiqué être contre la diffusion du film iranien en Tunisie à cause "de la représentation du prophète que fait ce film" appelant à une manifestation devant la Maison du Cinéma à Tunis le jour de sa diffusion.
La décision de diffuser ce film "ne prend pas en compte les conséquences graves qu'il peut générer" affirme le communiqué appelant le Mufti de la République à prendre une décision pour interdire la diffusion de ce film "dans quelque lieu que ce soit". Il s'agit d' "une provocation aux sentiments des musulmans" indique le parti.
En outre, le "Courant de l'Amour" a appelé le ministère de la Culture à retirer l'autorisation accordée à la salle de Cinéma de diffuser ce film "pour des raisons de sécurité", craignant "pour l'unité spirituelle et politique" du pays.
De son côté, la directrice des arts audiovisuels auprès du ministère de la Culture, Mounira Ben Halima, a démenti à la radio Mosaïque FM la projection du film iranien au Cinéma le Colisée: "Ce film n'a pas reçu d'autorisation de diffusion".
Selon elle, "ce film n'est pas un film comme les autres vu qu'il représente les compagnons du prophète ou le prophète lui même".
"Même si nous savons que la création et l'art n'ont pas de limites, il n'empêche que ce genre de films, qui causent des problèmes -et cela peut se comprendre-...n'a pas obtenu d'autorisation" renchérit Mounira Ben Halima.
Selon la directrice des arts audiovisuels auprès du ministère de la Culture, la procédure administrative n'a pas été suivie par la direction de la salle quant à la diffusion du film: "il existe une procédure administrative à suivre -qui n'a pas été suivie-...aucun propriétaire d’une salle de cinéma ne peut projeter le film sans l’aval du ministère de la Culture" affirme t-elle.
Parmi ces démarches, un dossier à remplir et une diffusion au sein du ministère qui accordera en conséquence une autorisation ou non: "Je ne pense pas qu'il pourra obtenir une autorisation, car il faudra que le film soit vu (au ministère), qu'un dossier complet soit déposé, or tout ça n'a pas été fait".
Indépendamment de cette procédure, Mounira Bel Halima conclut: "au vu du sujet et de la représentation du prophète, le ministère de la Culture tunisienne ne pense pas que l'on pourrait donner une autorisation dans le contexte actuel, et même dans un autre contexte, à la diffusion de ce genre de films".
Un retour à la censure?
Contacté par le HuffPost Tunisie, le distributeur du film, Lassaad Goubantini a affirmé que "le film ne sera finalement pas diffusé".
"Il y a une fausse polémique qui s'est créée autour du film. Nous avons pris la décision de ne pas le diffuser. On ne veut pas rentrer dans ce genre de polémiques" a-t-il affirmé expliquant les nombreux débats suscités sur les réseaux sociaux.
"Dans les métiers de la culture, on est contre l'autocensure, mais on a préféré faire preuve de sagesse et éviter toute polémique inutile".
Des précédents
L'ampleur que prend l'affaire du film iranien "Muhammad, le messager de Dieu" n'est pas sans rappeler quelques précédents qui ont eu lieu en Tunisie juste après la révolution.
Tel est le cas du film "Ni Allah, ni maître" sorti en 2011 qui illustre selon sa réalisatrice Nadia El Fani l'hypocrisie sociale en Tunisie durant le mois de ramadan et en rapport avec les non jeuneurs qui ont besoin de se cacher du regard de la société. A l'époque, ce film avait suscité une polémique disproportionnée particulièrement pour le choix du titre jugé offensant et blasphématoire. Face à la contestation, "Ni Allah, ni Maitre" est devenu "Laïcité, inchallah".
Le débat autour de la séparation entre la loi et la politique d'un côté et la religion de l'autre était déjà lancé sur la place publique, causant parfois des dérapages plus ou moins violents comme ici lors de l'attaque de la salle de cinéma "Africa" dans le centre-ville de Tunis.
Une année plus tard, c'est la diffusion du film d'animation Persépolis par la chaine Nessma Tv qui avait créé de nombreux remous.
Sa diffusion en Tunisie par la chaine de télévision privée Nessma TV sera suivie par de nombreuses manifestations soutenues par des salafistes, islamistes et autres groupes conservateurs. Le principal problème? Une scène où l'héroïne dialogue avec un vieil homme barbu sur un nuage, présenté comme étant Dieu.
Des poursuites seront engagées contre le directeur de la chaine par plus d'une centaine d'avocats qui ont condamné la représentation visuelle de Dieu. Un débat houleux prendra place entre les défenseurs de la liberté d'expression et les fervents défenseurs du sacré.
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