RÉCONCILIATION ÉCONOMIQUE - A chaque fois que la question de justice transitionnelle refait surface, la réconciliation économique s’invite au débat.
Réconciliation judiciaire et économique vont-elles de pair? Les avis divergent.
Aujourd’hui, l’on parle de 460 hommes d’affaires interdits de voyage pouvant renflouer la Caisse de l’Etat en injectant une somme approximative de 13 milliards de dinars. Après l’adoption de la loi bancaire, serait-ce le tour de la loi controversée sur la réconciliation économique?
Les deux partis au pouvoir restent sur le même tempo et appellent à une réconciliation globale, au moment où l’opposition et certains acteurs de la société civile dénoncent une volonté politique de favoriser l’impunité et de faire dévier les objectifs de la Révolution. Cette réconciliation globale s'étendra-t-elle au président déchu Zine El Abidine Ben Ali et à ses proches? Pour l'heure, ce projet reste encore flou.
Si l’on sépare le volet politique de l’économique dans la réconciliation peut-on voir l'économie tunisienne redémarrer?
Nabil Abdellatif, président d’honneur de l’Ordre des experts comptables, apporte pour le HuffPost Tunisie des éclaircissements et sa vision du sujet.
"Une première mouture – inefficiente - de la loi"
Sur le plan économique, la réconciliation est très importante et s’avère parmi les seules issues favorables pour faire sortir l’économie nationale du gouffre. La promulgation d’une loi en bonne et due forme permettra de lutter contre la contrebande, les malversations et d’endiguer l’impact de l’explosion de l’économie informelle qui absorbe 50% du PIB national. La première mouture de la loi sur la réconciliation économique a été en deçà des attentes, des dispositions "maigres" qui se limitaient aux cadres administratifs mis en cause dans des affaires de corruption et à quelques infractions de change. Un projet de loi a priori sur mesure qui a, d’ailleurs, été voué à l’échec. Aujourd’hui et après la première initiative de Béji Caïd Essebsi, président de la République, Rached Ghannouchi, le leader du parti Ennahdha appelle à une réconciliation globale.
"10 milliards de dinars sont jouables"
A mon avis, il faut une totale séparation entre la réconciliation économique et la justice transitionnelle. La réconciliation économique n’est pas un mal en soi, à condition qu’elle ne serve pas d’habillage ou de déguisement pour le politique. La Belgique est aujourd’hui à sa 4ème amnistie. Pour le cas tunisien, nous pouvons fixer comme premier objectif, 10 milliards de dinars. C’est jouable, et les techniques sont là. Une réconciliation structurée permettra dans une première étape de faire vaciller 20% de l’économie informelle vers l’économie réelle. La réconciliation englobe l’économie parallèle, l’évasion fiscale, les délits de change et le flux de liquidité en devises ou en dinars qui circulent aujourd’hui dans le noir ou sont "sous les matelas". De fait, il faut accélérer l’ouverture des bureaux de change et mettre en place des zones franches frontalières tout en créant ou en activant le rôle d’un organe médiateur de réconciliation.
"La réconciliation doit être générale et profiter à tout un chacun"
Pour réussir la réconciliation économique, il faut renforcer le contrôle mais aussi généraliser la réconciliation pour concerner tous les acteurs économiques. Hommes d’affaires, personnes morales, personnes physiques, consommateurs….
La réconciliation doit être générale adressée à tout un chacun. Les éléments-clés du succès de la réconciliation sont entre autres: un contrôle plus rigoureux, une justice régionale, un renforcement de la sécurité et la mise en place des garde-fous pour consolider le processus démocratique. Tout le monde doit adhérer au programme. Société civile, professionnels, partis politiques, sont concernés.
Pour réussir la réconciliation, il ne faut pas camoufler la loi et la faire passer en dehors d’un cadre consensuel, mais il faut aussi dissiper toute confusion auprès du grand public, de manière à éviter l’amalgame entre impunité et réconciliation.
Réconciliation judiciaire et économique vont-elles de pair? Les avis divergent.
Aujourd’hui, l’on parle de 460 hommes d’affaires interdits de voyage pouvant renflouer la Caisse de l’Etat en injectant une somme approximative de 13 milliards de dinars. Après l’adoption de la loi bancaire, serait-ce le tour de la loi controversée sur la réconciliation économique?
Les deux partis au pouvoir restent sur le même tempo et appellent à une réconciliation globale, au moment où l’opposition et certains acteurs de la société civile dénoncent une volonté politique de favoriser l’impunité et de faire dévier les objectifs de la Révolution. Cette réconciliation globale s'étendra-t-elle au président déchu Zine El Abidine Ben Ali et à ses proches? Pour l'heure, ce projet reste encore flou.
Si l’on sépare le volet politique de l’économique dans la réconciliation peut-on voir l'économie tunisienne redémarrer?
Nabil Abdellatif, président d’honneur de l’Ordre des experts comptables, apporte pour le HuffPost Tunisie des éclaircissements et sa vision du sujet.
"La réconciliation l’une des solutions idoines pour faire sortir l’économie du gouffre, mais (...) en Tunisie l’intérêt politique l’emporte sur l’économique. Après le Nobel de la Paix, nous avons raté l’organisation d’un dialogue national économique consensuel regroupant toutes les parties prenantes et mettant l’esquisse et le socle des réformes économiques prioritaires pour le pays. La question de réconciliation prête souvent à équivoque et suscite la confusion. En effet, il y a une confusion entre réconciliation politique, réconciliation économique et justice transitionnelle."
"Une première mouture – inefficiente - de la loi"
Sur le plan économique, la réconciliation est très importante et s’avère parmi les seules issues favorables pour faire sortir l’économie nationale du gouffre. La promulgation d’une loi en bonne et due forme permettra de lutter contre la contrebande, les malversations et d’endiguer l’impact de l’explosion de l’économie informelle qui absorbe 50% du PIB national. La première mouture de la loi sur la réconciliation économique a été en deçà des attentes, des dispositions "maigres" qui se limitaient aux cadres administratifs mis en cause dans des affaires de corruption et à quelques infractions de change. Un projet de loi a priori sur mesure qui a, d’ailleurs, été voué à l’échec. Aujourd’hui et après la première initiative de Béji Caïd Essebsi, président de la République, Rached Ghannouchi, le leader du parti Ennahdha appelle à une réconciliation globale.
"10 milliards de dinars sont jouables"
A mon avis, il faut une totale séparation entre la réconciliation économique et la justice transitionnelle. La réconciliation économique n’est pas un mal en soi, à condition qu’elle ne serve pas d’habillage ou de déguisement pour le politique. La Belgique est aujourd’hui à sa 4ème amnistie. Pour le cas tunisien, nous pouvons fixer comme premier objectif, 10 milliards de dinars. C’est jouable, et les techniques sont là. Une réconciliation structurée permettra dans une première étape de faire vaciller 20% de l’économie informelle vers l’économie réelle. La réconciliation englobe l’économie parallèle, l’évasion fiscale, les délits de change et le flux de liquidité en devises ou en dinars qui circulent aujourd’hui dans le noir ou sont "sous les matelas". De fait, il faut accélérer l’ouverture des bureaux de change et mettre en place des zones franches frontalières tout en créant ou en activant le rôle d’un organe médiateur de réconciliation.
"La réconciliation doit être générale et profiter à tout un chacun"
Pour réussir la réconciliation économique, il faut renforcer le contrôle mais aussi généraliser la réconciliation pour concerner tous les acteurs économiques. Hommes d’affaires, personnes morales, personnes physiques, consommateurs….
La réconciliation doit être générale adressée à tout un chacun. Les éléments-clés du succès de la réconciliation sont entre autres: un contrôle plus rigoureux, une justice régionale, un renforcement de la sécurité et la mise en place des garde-fous pour consolider le processus démocratique. Tout le monde doit adhérer au programme. Société civile, professionnels, partis politiques, sont concernés.
Pour réussir la réconciliation, il ne faut pas camoufler la loi et la faire passer en dehors d’un cadre consensuel, mais il faut aussi dissiper toute confusion auprès du grand public, de manière à éviter l’amalgame entre impunité et réconciliation.
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