SOCIÉTÉ- Dans la rue, dans les transports en commun, au travail...le harcèlement sexuel sévit partout et constitue un fléau. Selon la dernière étude du CREDIF (centre de recherches, d'Études, de Documentation et d'Information sur la femme), 53.5% des femmes interrogées affirment avoir subi une forme de violence dans l'espace public, 78% d'entre elles disent avoir subi une forme de violence morale, 41% une violence physique et 75.4% une violence sexuelle dont 92% dans les transports en commun.
Des chiffres alarmants qui reflètent un phénomène d'une grande ampleur. Mises au banc des accusés, les femmes sont souvent accusées de provoquer cette violence à travers leur façon de s'habiller, de se comporter, etc.
Qu'en est-il alors du harcèlement sexuel qui touche les hommes et même les enfants? Peut-on agiter l'argument de la provocation pour ces deux catégories?
"Le harcèlement sexuel est une agression nourrie par l'impunité et qui touche essentiellement les femmes mais pas que, les enfants et les hommes, notamment ceux qui sont jugés différents à travers leur apparence", affirme Nadia Benzarti, de l'association Waaï.
Son association ainsi que l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Mawjoudin, Chouf, Damj et Shams, en collaboration avec la Coalition pour les droits sexuels et corporels dans les sociétés à majorité musulmane (CSBR) ont lancé une action à l'occasion de la campagne internationale "Un jour...Un combat", le 9 novembre, au sujet de le harcèlement sexuel.
Des hommes en souffrent
Contrairement aux idées reçues, le harcèlement sexuel ne touche pas que les femmes. Des hommes en sont également victimes. S'il n'y a pas d'études en la matière, les récits des hommes en témoignent.
Anis, 19 ans, raconte au HuffPost Tunisie: "J’allais suivre un cours particulier chez mon prof, la rue était presque déserte. Un homme n'a pas arrêté de me suivre, en arrêtant sa voiture à chaque coin de ruelle et en m’appelant pour que je le rejoigne dans sa voiture, j’ai eu très peur… Par la suite, j'ai appris que cette rue était un terrain de chasse pour ce genre de pervers."
Les militants pour les droits des homosexuels en font les frais également, Ahmed Ben Amor a témoigné au HuffPost Tunisie du harcèlement sexuel qu'il subit quasi-quotidienne de la part des gens qui l'ont reconnu dans la rue. Sa mésaventure en route de Mahdia vers Sousse dans un "louage" (taxi collectif) est emblématique.
A proximité de la prison de Mahdia, un barrage de police arrête le véhicule afin de procéder à un contrôle d'identité des passagers.
Ayant été reconnu par les policiers comme étant un militant pour les droits des homosexuels, un des policiers arrive à sa hauteur et lui dit: "Vous n'avez pas besoin de vous présenter M. Shams" (du nom de l'association pour la dépénalisation de l'homosexualité), lui intimant l'ordre de descendre du véhicule: "Ca ne se fait pas que tu viennes chez nous et qu'on ne s'occupe pas de toi" rapporte Ahmed Ben Amor.
Le "louage" reparti, un des policiers dit à ses collègues: "Emmenez-le directement là bas (en référence à la prison à proximité) afin que les prisonniers prennent du bon temps", ce à quoi le vice-président de l'association Shams rétorque: "Si vous avez terminé votre service, laissez-moi rentrer".
C'est alors qu'il se fait bousculer par un des policiers et se retrouve au sol, avant d'être jeté dans la voiture de police où un policier le harcèle sexuellement avec une matraque, puis abandonné en plein campagne, rapporte t-il.
Selon Sami Othman, psychiatre, contacté par le HuffPost Tunisie la violence sexuelle touche les deux sexes "même si on est plus dans le déni quand il s'agit des garçons".
Et d'ajouter que la peur de "ternir son image dans une société qui donne beaucoup d'importance à la masculinité et "les atouts qu'elle confère" motive le plus souvent le silence assourdissant autour de cette question: "Le sujet reste tabou car il touche à la virilité de l'homme et ce malgré la médiatisation de certaines affaires", explique-t-il.
L'impunité des agresseurs
Dans un pays où "le harcèlement est assimilé à un geste de drague anodin, on minimise encore l'ampleur du mal", lance Nadia Benzarti, de l'association Waaï.
La militante tire la sonnette d'alarme: "Ce qu'on considère à tort comme un geste 'bon enfant' a des répercussions désastreuses. Ça commence par un mot, puis des insultes, et peut empirer vers la violence physique et même le viol dans certains cas".
Des chiffres alarmants qui reflètent un phénomène d'une grande ampleur. Mises au banc des accusés, les femmes sont souvent accusées de provoquer cette violence à travers leur façon de s'habiller, de se comporter, etc.
Qu'en est-il alors du harcèlement sexuel qui touche les hommes et même les enfants? Peut-on agiter l'argument de la provocation pour ces deux catégories?
"Le harcèlement sexuel est une agression nourrie par l'impunité et qui touche essentiellement les femmes mais pas que, les enfants et les hommes, notamment ceux qui sont jugés différents à travers leur apparence", affirme Nadia Benzarti, de l'association Waaï.
Son association ainsi que l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Mawjoudin, Chouf, Damj et Shams, en collaboration avec la Coalition pour les droits sexuels et corporels dans les sociétés à majorité musulmane (CSBR) ont lancé une action à l'occasion de la campagne internationale "Un jour...Un combat", le 9 novembre, au sujet de le harcèlement sexuel.
Des hommes en souffrent
Contrairement aux idées reçues, le harcèlement sexuel ne touche pas que les femmes. Des hommes en sont également victimes. S'il n'y a pas d'études en la matière, les récits des hommes en témoignent.
Anis, 19 ans, raconte au HuffPost Tunisie: "J’allais suivre un cours particulier chez mon prof, la rue était presque déserte. Un homme n'a pas arrêté de me suivre, en arrêtant sa voiture à chaque coin de ruelle et en m’appelant pour que je le rejoigne dans sa voiture, j’ai eu très peur… Par la suite, j'ai appris que cette rue était un terrain de chasse pour ce genre de pervers."
LIRE AUSSI: Oui, le harcèlement de rue est aussi l'affaire des hommes
Les militants pour les droits des homosexuels en font les frais également, Ahmed Ben Amor a témoigné au HuffPost Tunisie du harcèlement sexuel qu'il subit quasi-quotidienne de la part des gens qui l'ont reconnu dans la rue. Sa mésaventure en route de Mahdia vers Sousse dans un "louage" (taxi collectif) est emblématique.
A proximité de la prison de Mahdia, un barrage de police arrête le véhicule afin de procéder à un contrôle d'identité des passagers.
Ayant été reconnu par les policiers comme étant un militant pour les droits des homosexuels, un des policiers arrive à sa hauteur et lui dit: "Vous n'avez pas besoin de vous présenter M. Shams" (du nom de l'association pour la dépénalisation de l'homosexualité), lui intimant l'ordre de descendre du véhicule: "Ca ne se fait pas que tu viennes chez nous et qu'on ne s'occupe pas de toi" rapporte Ahmed Ben Amor.
Le "louage" reparti, un des policiers dit à ses collègues: "Emmenez-le directement là bas (en référence à la prison à proximité) afin que les prisonniers prennent du bon temps", ce à quoi le vice-président de l'association Shams rétorque: "Si vous avez terminé votre service, laissez-moi rentrer".
C'est alors qu'il se fait bousculer par un des policiers et se retrouve au sol, avant d'être jeté dans la voiture de police où un policier le harcèle sexuellement avec une matraque, puis abandonné en plein campagne, rapporte t-il.
Selon Sami Othman, psychiatre, contacté par le HuffPost Tunisie la violence sexuelle touche les deux sexes "même si on est plus dans le déni quand il s'agit des garçons".
Et d'ajouter que la peur de "ternir son image dans une société qui donne beaucoup d'importance à la masculinité et "les atouts qu'elle confère" motive le plus souvent le silence assourdissant autour de cette question: "Le sujet reste tabou car il touche à la virilité de l'homme et ce malgré la médiatisation de certaines affaires", explique-t-il.
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L'impunité des agresseurs
Le slogan de la campagne: "Je ne baisse pas la tête, je dénonce". En effet, selon ladite étude du CREDIF, 62% des femmes interrogées ne réagissent pas après avoir subie une violence morale, 95% ne portent pas plainte, 40 % ne réagissent pas à une agression physique, 23% d'entre elles disent que leur seule réaction est de pleurer et s'enfuir et 82% ne poursuivent pas en justice leur agresseurs. Quant à la violence sexuelle, 66% des victimes ne régissent pas et 97% ne portent pas plaintes.
Dans un pays où "le harcèlement est assimilé à un geste de drague anodin, on minimise encore l'ampleur du mal", lance Nadia Benzarti, de l'association Waaï.
La militante tire la sonnette d'alarme: "Ce qu'on considère à tort comme un geste 'bon enfant' a des répercussions désastreuses. Ça commence par un mot, puis des insultes, et peut empirer vers la violence physique et même le viol dans certains cas".
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