SEXUALITÉ- Confiné dans le souterrain, tabou, le sexe dans le cadre du mariage ou en dehors est pourtant très présent dans la vie des Tunisiens et on en parle en contournant les interdits. Ceux qui le font sont sujets à des blâmes et des réprobations, tout en accueillant de l'audience quand le sujet est médiatiquement traité, d'où la manifestation du paradoxe. C'est l'interdit, tant appréhendé et désiré.
La preuve, les audiences des émissions audio-visuelles ou des articles sur le sexe. Entre ceux qui surfent sur le sensationnel ou ceux qui tendent à informer, le traitement en public de ce sujet est différent.
Toutefois si les Tunisiens osent briser le tabou publiquement, il le font souvent anonymement, ceci permet d'en parler plus à l'aise, l'intimité du sujet et la peur du regard de la société demeure patent.
En témoigne, le récit d'une jeune femme qui a parlé de sa sexualité avec son fiancé sur la radio Med et qui a été beaucoup relayé par les internautes.
Profitant de son anonymat, la jeune femme évoque en des termes crus ses relations sexuels poussées avec son partenaire mais aussi de son souci de préserver sa virginité en même temps. Elle ignore également que des rapports sexuels sans pénétration peuvent engendrer une grossesse.
Si ce témoignage a suscité l'ironie de certains, la colère d'autres, il reflète néanmoins le manque d'éducation sexuelle et lève le voile sur une sexualité réprimée mais réelle et diversifiée.
Le web, une bouffée d'oxygène
Outre les médias, certains Tunisiens préfèrent s'exprimer via les réseaux sociaux en sollicitant de l'aide ou des conseils en la matière. Sous couvert d'anonymat l'administrateur de la page Facebook "Tunisiens : Parlons Peu Parlons Sexe" raconte au HuffPost Tunisie qu'il a voulu parler de la sexualité, "non seulement en tant qu'acte charnel mais aussi comme une pensée, un corps et une science" et ce "en dehors des querelles idéologiques ou religieuses".
D'autres pages comme par exemple "Tunisie : Parlons sexualité" publie régulièrement des témoignages et se présente comme une page éducative." Ici nous brisons les tabous qui n'ont pas raison d'être. Nous voulons parler de sexualité en toute liberté et dans le respect mutuel. Nous voulons dialoguer, ouvrir nos esprits sur cette science qui nous a été trop longtemps cachée, ou interdite dans nos sociétés arabo-musulmanes. Parce que l'éducation nationale ne nous a pas donné les connaissances suffisantes, par pudeur ou par tradition, il est temps de briser la glace et aborder le sujet dans la sphère publique", lit-on sur la page.
Alors entre infidélité conjugale, inceste, homosexualité, les Tunisiens se livrent librement. Toutefois, entre ceux qui conseillent gentiment, ceux qui s'improvisent sexologues ou psychologues et ceux qui prolifèrent des propos haineux, les commentaires des internautes sont variés et les administrateurs de la page sont amenés à chaque fois à les encadrer.
Les ravages de l'ignorance en matière de sexualité
Alors que les parents n’osent pas parler de sexualité à leurs enfants, les établissements éducatifs tunisiens ne remplissent pas non plus ce rôle.
Hind Elloumi, psychiatre et sexologue, explique au HuffPost Tunisie, les conséquences de la désinformation concernant la sexualité: "De la chasteté inculquée et prônée avant le mariage à la répression des pulsions sexuelles, la femme se trouve du jour au lendemain amenée à avoir une vie sexuelle sans être armée de suffisamment d’informations en la matière, si ce n’est des anecdotes racontées par les amies et les cousines" et d'ajouter que pour les hommes, c’est la peur de ne pas être à la hauteur qui les hanterait: "La pornographie exacerbe cette peur car on érige comme modèle un homme toujours performant, où le coït dure longtemps".
Pour Hinde Maghnouji, psychologue qui a travaillé auprès des mères célibataires, "Ne pas parler de la sexualité aux filles, considérer ceci comme un tabou avant le mariage n’empêchera pas ces jeunes femmes d'avoir des envies, une sexualité cachée mais réelle."
Le déni de cette réalité engendre, selon elle, un frein à la prévention. Conséquence: des femmes qui ignorent les méthodes de contraception ou confrontées à une grossesse hors du cadre du mariage avec son cortège de difficultés liées au regard stigmatisant de la société. Il est à noter que 15 mille femmes ont avorté en 2015, selon l'office national de la famille et de la population.
Le manque d'éducation sexuelle est aussi un obstacle à la prévention contre les maladies sexuellement transmissibles comme le déplore l'Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida ( ATL MST/Sida).
La preuve, les audiences des émissions audio-visuelles ou des articles sur le sexe. Entre ceux qui surfent sur le sensationnel ou ceux qui tendent à informer, le traitement en public de ce sujet est différent.
Toutefois si les Tunisiens osent briser le tabou publiquement, il le font souvent anonymement, ceci permet d'en parler plus à l'aise, l'intimité du sujet et la peur du regard de la société demeure patent.
En témoigne, le récit d'une jeune femme qui a parlé de sa sexualité avec son fiancé sur la radio Med et qui a été beaucoup relayé par les internautes.
Profitant de son anonymat, la jeune femme évoque en des termes crus ses relations sexuels poussées avec son partenaire mais aussi de son souci de préserver sa virginité en même temps. Elle ignore également que des rapports sexuels sans pénétration peuvent engendrer une grossesse.
LIRE AUSSI: La virginité en Tunisie, sacralisée... mais contournée
Si ce témoignage a suscité l'ironie de certains, la colère d'autres, il reflète néanmoins le manque d'éducation sexuelle et lève le voile sur une sexualité réprimée mais réelle et diversifiée.
Le web, une bouffée d'oxygène
Outre les médias, certains Tunisiens préfèrent s'exprimer via les réseaux sociaux en sollicitant de l'aide ou des conseils en la matière. Sous couvert d'anonymat l'administrateur de la page Facebook "Tunisiens : Parlons Peu Parlons Sexe" raconte au HuffPost Tunisie qu'il a voulu parler de la sexualité, "non seulement en tant qu'acte charnel mais aussi comme une pensée, un corps et une science" et ce "en dehors des querelles idéologiques ou religieuses".
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D'autres pages comme par exemple "Tunisie : Parlons sexualité" publie régulièrement des témoignages et se présente comme une page éducative." Ici nous brisons les tabous qui n'ont pas raison d'être. Nous voulons parler de sexualité en toute liberté et dans le respect mutuel. Nous voulons dialoguer, ouvrir nos esprits sur cette science qui nous a été trop longtemps cachée, ou interdite dans nos sociétés arabo-musulmanes. Parce que l'éducation nationale ne nous a pas donné les connaissances suffisantes, par pudeur ou par tradition, il est temps de briser la glace et aborder le sujet dans la sphère publique", lit-on sur la page.
Alors entre infidélité conjugale, inceste, homosexualité, les Tunisiens se livrent librement. Toutefois, entre ceux qui conseillent gentiment, ceux qui s'improvisent sexologues ou psychologues et ceux qui prolifèrent des propos haineux, les commentaires des internautes sont variés et les administrateurs de la page sont amenés à chaque fois à les encadrer.
LIRE AUSSI: Tunisie: En l'absence d'éducation sexuelle, les jeunes tunisiens doivent se débrouiller seuls
Les ravages de l'ignorance en matière de sexualité
Alors que les parents n’osent pas parler de sexualité à leurs enfants, les établissements éducatifs tunisiens ne remplissent pas non plus ce rôle.
Hind Elloumi, psychiatre et sexologue, explique au HuffPost Tunisie, les conséquences de la désinformation concernant la sexualité: "De la chasteté inculquée et prônée avant le mariage à la répression des pulsions sexuelles, la femme se trouve du jour au lendemain amenée à avoir une vie sexuelle sans être armée de suffisamment d’informations en la matière, si ce n’est des anecdotes racontées par les amies et les cousines" et d'ajouter que pour les hommes, c’est la peur de ne pas être à la hauteur qui les hanterait: "La pornographie exacerbe cette peur car on érige comme modèle un homme toujours performant, où le coït dure longtemps".
Pour Hinde Maghnouji, psychologue qui a travaillé auprès des mères célibataires, "Ne pas parler de la sexualité aux filles, considérer ceci comme un tabou avant le mariage n’empêchera pas ces jeunes femmes d'avoir des envies, une sexualité cachée mais réelle."
Le déni de cette réalité engendre, selon elle, un frein à la prévention. Conséquence: des femmes qui ignorent les méthodes de contraception ou confrontées à une grossesse hors du cadre du mariage avec son cortège de difficultés liées au regard stigmatisant de la société. Il est à noter que 15 mille femmes ont avorté en 2015, selon l'office national de la famille et de la population.
Le manque d'éducation sexuelle est aussi un obstacle à la prévention contre les maladies sexuellement transmissibles comme le déplore l'Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida ( ATL MST/Sida).
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