"Souvent je pense à ces enfants adoptés qui restent reconnaissants toute leur vie aux parents adoptifs. Moi, je n’ai pas été adopté par des gens, mais par un pays, si proche et si lointain au même temps que mon pays natal. J’ai été adopté par le pays de Ali Riahi, Youssef Ettemimi, Hédi Jouini, Saliha ou encore le pays qui a donné naissance à la Professeure Aïcha Hafsia ou à la Docteure Tawhida Ben Cheikh ou bien à Tahar Haddad. Un pays riche d’une histoire millénaire, situé au centre de cet espace qu’on considère le nombril du monde : la Méditerranée". C'est en ces termes que commence la lettre ouverte de cet italien installé en Tunisie à l'intention de Béji Caid Essebsi
Sa lettre ouverte au président de la République, fait le tour des réseaux sociaux. Lui, c'est Alfonso Campisi, universitaire, écrivain et philosophe italien installé depuis 20 ans en Tunisie et qui se bat pour obtenir la nationalité tunisienne.
“Je demande donc d'être perçu comme un intellectuel tunisien, un écrivain tunisien, un universitaire tunisien et c'est pour cela que je demande à Monsieur le Président de la République Caïd Essebsi de m'octroyer la nationalité tunisienne” a-t-il affirmé au HuffPost Tunisie.
“Comment pourrait-on ne pas être reconnaissant à une personne ou à un pays qui t’a adopté et ouvert ses bras?” écrit-il dans sa lettre ouverte
Contacté par le Huffpost Tunisie, Alfonso a confié que l’idée d’avoir une nationalité tunisienne a germé depuis quelques temps dans sa tête. Il a indiqué “qu’après une longue réflexion et surtout suite à l’intégration totale dans le pays et avec les Tunisiens, mais aussi suite à la révolution de 2011, j'ai décidé de demander la nationalité”.
Vivant depuis environs 20 ans en Tunisie, Alfonso affirme dans sa lettre: “Je crois à la Tunisie, je crois aux Tunisiens”. “Mais à ce sicilien qui enseigne, écrit, publie en Tunisie et pour le compte de la Tunisie, (...), à ce sicilien de Tunisie, manque la voix, cette voix qui se manifeste à travers l’obtention de la nationalité du pays dans lequel il vit et pour lequel il travaille” a-t-il noté.
Conscient de la difficulté et la complexité juridique pour l’octroi de la nationalité tunisienne, Alfonso croit en la Tunisie. “Je me sens Tunisien”a-t-il souligné au HuffPost Tunisie.
“J'adore ce pays auquel croyez moi, je suis fort reconnaissant pour tout ce qu'il m'a donné, pour les gens que j'ai rencontré, pour l'élite intellectuelle qui est plus ouverte parfois par rapport à celle de l'Europe du sud voire de la France. je nourris un grand amour pour ce pays et à chaque fois que je me déplace aux USA, au Canada, en France en Italie, je me sens honoré de représenter la Tunisie et je lutte contre toute forme de préjugés liés au monde maghrébin” a-t-il lancé.
Interrogé sur les raisons derrière cette grande histoire d’amour envers la Tunisie, Alfonso a expliqué qu’il est arrivé en 1997 comme expatrié. Il est venu en Tunisie dans le cadre d’un contrat de seulement deux ans avant de décider de s'y installer. “J'ai décidé de rester en Tunisie, et de devenir fonctionnaire de l'Etat tunisien avec un contrat de coopérant avec un salaire d'universitaire tunisien” a-t-il ajouté. “J'ai misé sur le capital humain et croyez moi, je ne l'ai jamais regretté,” a-t-il renchéri.
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