Grâce à son ouvrage, “Carthage. Histoire d’une métropole méditerranéenne” publié aux éditions Perrin en 2016, l'historien tunisien Khaled Melliti a été récompensé par le prix de la Fondation Stéphane Bern pour l'Histoire 2016.
Né à Montreuil, dans la région parisienne, Khaled Melliti rentre en Tunisie à l'âge de 10 ans, où il poursuit sa scolarité avant de repartir pour la France. En 2006, il obtient son doctorat en Histoire ancienne sous la direction du Professeur Laronde à l'Université Paris IV-Sorbonne sous le thème: "Recherches sur la place de l'hellénisme dans l'évolution socio-culturelle et politique de Carthage punique (fin Ve-146 av.JC)".
Chercheur associé à l'UMR 8167 Mondes sémitiques à Paris depuis, il publie en son ouvrage sur la place qu'occupait Carthage en 2016.
Contacté par le HuffPost Tunisie, Khaled explique que ce choix de l'Histoire s'est fait de lui même: "A vrai dire, j'avais commencé par une prépa d'écoles d'ingénieurs à Sfax à l'ENIS mais la passion a vite repris le dessus".
"Ma passion pour Carthage, plus précisément pour Hannibal, est apparue très vite après mon retour à la Marsa. De temps en temps, je faisais le mur du Lycée Cailloux pour m'évader au milieu des ruines de la prestigieuse cité antique et de là, j'ai approfondi mes connaissances sur la question" affirme t-il.
Carthage a su s'adapter
Dans son ouvrage, Khaled Melliti revient sur l'impact de la Grèce sur l'évolution de Carthage. Si cela s'est traduit dans de nombreux domaines, c'est "dans le domaine militaire" que l'impact a été ressenti "mais pas que".
"Confrontée à des menaces émanant des puissances grecques d'abord puis romaines, et puis ayant décidé d'assumer, enfin, son hégémonie en Méditerranée occidentale, Carthage se donnera les moyens de son ambition" affirme Khaled.
Pour ce faire, elle tirera son influence de ce qui se passe ailleurs: "La sphère Gréco-macédonienne constituait à bien des égards un modèle dans le domaine et Carthage leur a beaucoup emprunté. Mais elle ne l'a pas fait de manière passive, puisqu'elle a adapté ces emprunts aux réalités militaires de son armée" rappelle-t-il avant d'ajouter: "Il revient au génie des Barcides (Amilcar et surtout son fils Hannibal) d'avoir apporté les remaniements décisifs qui ont permis à Carthage de vaincre sur les champs de bataille".
Ces adaptions oeuvres d'Amilcar puis d'Hannibal firent la gloire de Carthage: "Ces remaniements ont mené à un résultat original qui fait que les tactiques militaires puniques n'avaient plus rien à voir avec les grecques. D'ailleurs les Romains vont grandement s'en inspirer, ce qui va leur permettre de renverser le cours de la 2eme guerre punique" rappelle Khaled.
La Tunisie d'aujourd'hui et Carthage d'antan, des points communs?
Que reste-t-il de la splendeur de Carthage dans la Tunisie d'aujourd'hui? "L'engouement pour tout ce qui vient de l'art 'occidental'" affirme Khaled Melliti.
"La Tunisie comme Carthage ont adhéré avec enthousiasme aux modèles artistiques 'occidentaux' (Grecs pour l'antiquité, puisque l'Europe de réclame de l'héritage grec) à la différence que Carthage avait cette capacité d'adapter les apports et les emprunts aux réalités culturelles de sa société" indique Khaled.
Pour lui, Carthage agissait "comme un véritable logiciel d'adaptation et de réinterprétation, ce qui fait qu'à partir d'un emprunt, on obtenait au final un produit ou une attitude originale, ce qui n'est pas malheureusement le cas de la société tunisienne d'aujourd'hui qui superpose ces emprunts au support culturel originel sans avoir cette capacité à catalyser les potentiels locaux comme pouvait le réaliser la société punique".
"Les études puniques ont connu un formidable développement"
Si l'Histoire a de tout temps été instrumentalisée par le politique, Khaled garde bon espoir que l'Histoire de la Tunisie continue à se diffuser, et celle de Carthage particulièrement qui "intéresse de plus en plus de gens en Tunisie": "Les études puniques ont connu un formidable développement depuis que le Professeur Fantar a créé le département des études puniques dans ce qui est aujourd'hui l'Institut National du Patrimoine, et depuis, les oeuvres de vulgarisation n'ont cessé de se multiplier et de se diffuser" conclut-il.
Né à Montreuil, dans la région parisienne, Khaled Melliti rentre en Tunisie à l'âge de 10 ans, où il poursuit sa scolarité avant de repartir pour la France. En 2006, il obtient son doctorat en Histoire ancienne sous la direction du Professeur Laronde à l'Université Paris IV-Sorbonne sous le thème: "Recherches sur la place de l'hellénisme dans l'évolution socio-culturelle et politique de Carthage punique (fin Ve-146 av.JC)".
Chercheur associé à l'UMR 8167 Mondes sémitiques à Paris depuis, il publie en son ouvrage sur la place qu'occupait Carthage en 2016.
Contacté par le HuffPost Tunisie, Khaled explique que ce choix de l'Histoire s'est fait de lui même: "A vrai dire, j'avais commencé par une prépa d'écoles d'ingénieurs à Sfax à l'ENIS mais la passion a vite repris le dessus".
"Ma passion pour Carthage, plus précisément pour Hannibal, est apparue très vite après mon retour à la Marsa. De temps en temps, je faisais le mur du Lycée Cailloux pour m'évader au milieu des ruines de la prestigieuse cité antique et de là, j'ai approfondi mes connaissances sur la question" affirme t-il.
Carthage a su s'adapter
Dans son ouvrage, Khaled Melliti revient sur l'impact de la Grèce sur l'évolution de Carthage. Si cela s'est traduit dans de nombreux domaines, c'est "dans le domaine militaire" que l'impact a été ressenti "mais pas que".
"Confrontée à des menaces émanant des puissances grecques d'abord puis romaines, et puis ayant décidé d'assumer, enfin, son hégémonie en Méditerranée occidentale, Carthage se donnera les moyens de son ambition" affirme Khaled.
Pour ce faire, elle tirera son influence de ce qui se passe ailleurs: "La sphère Gréco-macédonienne constituait à bien des égards un modèle dans le domaine et Carthage leur a beaucoup emprunté. Mais elle ne l'a pas fait de manière passive, puisqu'elle a adapté ces emprunts aux réalités militaires de son armée" rappelle-t-il avant d'ajouter: "Il revient au génie des Barcides (Amilcar et surtout son fils Hannibal) d'avoir apporté les remaniements décisifs qui ont permis à Carthage de vaincre sur les champs de bataille".
Ces adaptions oeuvres d'Amilcar puis d'Hannibal firent la gloire de Carthage: "Ces remaniements ont mené à un résultat original qui fait que les tactiques militaires puniques n'avaient plus rien à voir avec les grecques. D'ailleurs les Romains vont grandement s'en inspirer, ce qui va leur permettre de renverser le cours de la 2eme guerre punique" rappelle Khaled.
La Tunisie d'aujourd'hui et Carthage d'antan, des points communs?
Que reste-t-il de la splendeur de Carthage dans la Tunisie d'aujourd'hui? "L'engouement pour tout ce qui vient de l'art 'occidental'" affirme Khaled Melliti.
"La Tunisie comme Carthage ont adhéré avec enthousiasme aux modèles artistiques 'occidentaux' (Grecs pour l'antiquité, puisque l'Europe de réclame de l'héritage grec) à la différence que Carthage avait cette capacité d'adapter les apports et les emprunts aux réalités culturelles de sa société" indique Khaled.
Pour lui, Carthage agissait "comme un véritable logiciel d'adaptation et de réinterprétation, ce qui fait qu'à partir d'un emprunt, on obtenait au final un produit ou une attitude originale, ce qui n'est pas malheureusement le cas de la société tunisienne d'aujourd'hui qui superpose ces emprunts au support culturel originel sans avoir cette capacité à catalyser les potentiels locaux comme pouvait le réaliser la société punique".
"Les études puniques ont connu un formidable développement"
Si l'Histoire a de tout temps été instrumentalisée par le politique, Khaled garde bon espoir que l'Histoire de la Tunisie continue à se diffuser, et celle de Carthage particulièrement qui "intéresse de plus en plus de gens en Tunisie": "Les études puniques ont connu un formidable développement depuis que le Professeur Fantar a créé le département des études puniques dans ce qui est aujourd'hui l'Institut National du Patrimoine, et depuis, les oeuvres de vulgarisation n'ont cessé de se multiplier et de se diffuser" conclut-il.
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