Elles sont quatre seulement à emprunter le trajet, celui du chemin de fer, à oser le faire dans toute la Tunisie. Dans ce monde fortement masculin, ces femmes atypiques ont dû affronter l'austérité des hommes, leur machisme ordinaire, trébucher avant de se remettre sur les rails et arriver au bon port, celui de la renaissance de leur compétence dans cet univers, jadis hostile.
Parmi ces quatre femmes, le HuffPost Tunisie a rencontré Afef Mokbli, un des personnages du documentaire de Erige Sehiri "La voie normale" sur les cheminots.
La jeune femme a entamé son voyage en train très tôt à 21 ans. "J'ai tenu à exaucer le voeu de mon père, celui de me voir un jour conductrice de trains, et je l'ai fait", lance-t-elle avec fierté.
Niveau baccalauréat, la jeune femme entend parler d'un concours de cheminots, elle décide de se lancer, épaulée par son père. "J'ai deux frères mais mon père voulait que ce soit moi qui réalise son rêve: il croit en la femme, ses capacités et il veut toujours la rehausser contre vents et marrés".
Paradoxalement, c'était sa maman, la plus réticente, "plus craintive surtout. Elle avait peur de cet univers où je devais côtoyer des hommes, et des hommes qui m'étaient hostiles. Avec le temps, sa peur s'est dissipée en voyant ma détermination".
Car pour percer dans ce monde des cheminots en étant femme, il faut du courage, beaucoup de courage pour faire face aux regards ironiques et méprisants de certains: "Mes collègues me disaient que ce n'est pas un métier pour femmes, que je n'ai rien à faire avec eux, que je ne pouvais pas tenir le rythme de travail épuisant. Moi, j'ai tenu bon. En rentrant fatiguée chez moi, mon père me répétait qu'il fallait abstraction de tous ces signaux décourageants, "fais ton boulot correctement et rentre, ne l'écoute pas", me disait-il souvent".
Une bonne manière de persévérer qui a récolté ses fruits: "Les regards de nos collègues ont beaucoup évolué depuis face à notre opiniâtreté et notre sérieux".
La solidité, Afef l'a acquise aussi sur les routes, quand le train s'arrête brusquement à cause d'un bémol technique, quand elle se retrouve au milieu de nulle part à gérer cela, quand elle doit faire face à l'horreur, à un accident, quand dans ces moments terribles, elle doit tenir debout pour finir les procédures qui suivent chaque accident, d'aller elle-même ainsi relever la plaque d'immatriculation de la voiture percutée par exemple, conformément à la loi, raconte-t-elle.
Le chemin d'un cheminot est semé d'embûches quotidiennes, entre les problèmes du travail en lui-même, les horaires fatigants, etc. "On est amené à prendre le chemin à 4h du matin comme on peut travailler jusqu'à 23h ou lors des jours fériés et pendant les fêtes", explique Afef, qui se félicite toutefois que son mari soit compréhensif, étant lui-même cheminot. "Il m'a soutenu jusqu'au bout, aide conducteur, j'ai voulu ne pas rester à ce quai et aller plus loin, devenir conductrice, un but atteint avec le soutien de mon mari".
La jeune femme, maman d'une petite fille, n'aspire à rien désormais, juste faire son travail correctement, ses objectifs épousent ceux de nombreux cheminots exaspérés par "l'état lamentable des chemins de fer en Tunisie, entre manque de moyens et matériel non entretenu....".
À chaque accident comme celui de Jbel El Jloud, des voix d'élèvent pour dénoncer cela mais le statu quo perdure, dénonce Afef.
"Il faut que les choses s'améliorent, quand quelqu'un critique le cheminot, nous les conducteurs, nous nous sentons blessés parce ça nous touche au plus profond de nous-mêmes, à une part de nous qui est plus qu'un travail, le chemin de fer, c'est mon monde que j'ai choisi par passion, il faut être capable de transmettre cette passion à d'autres, de faire rêver comme jadis", a conclu la jeune femme.
Parmi ces quatre femmes, le HuffPost Tunisie a rencontré Afef Mokbli, un des personnages du documentaire de Erige Sehiri "La voie normale" sur les cheminots.
La jeune femme a entamé son voyage en train très tôt à 21 ans. "J'ai tenu à exaucer le voeu de mon père, celui de me voir un jour conductrice de trains, et je l'ai fait", lance-t-elle avec fierté.
Niveau baccalauréat, la jeune femme entend parler d'un concours de cheminots, elle décide de se lancer, épaulée par son père. "J'ai deux frères mais mon père voulait que ce soit moi qui réalise son rêve: il croit en la femme, ses capacités et il veut toujours la rehausser contre vents et marrés".
Paradoxalement, c'était sa maman, la plus réticente, "plus craintive surtout. Elle avait peur de cet univers où je devais côtoyer des hommes, et des hommes qui m'étaient hostiles. Avec le temps, sa peur s'est dissipée en voyant ma détermination".
Car pour percer dans ce monde des cheminots en étant femme, il faut du courage, beaucoup de courage pour faire face aux regards ironiques et méprisants de certains: "Mes collègues me disaient que ce n'est pas un métier pour femmes, que je n'ai rien à faire avec eux, que je ne pouvais pas tenir le rythme de travail épuisant. Moi, j'ai tenu bon. En rentrant fatiguée chez moi, mon père me répétait qu'il fallait abstraction de tous ces signaux décourageants, "fais ton boulot correctement et rentre, ne l'écoute pas", me disait-il souvent".
Une bonne manière de persévérer qui a récolté ses fruits: "Les regards de nos collègues ont beaucoup évolué depuis face à notre opiniâtreté et notre sérieux".
La solidité, Afef l'a acquise aussi sur les routes, quand le train s'arrête brusquement à cause d'un bémol technique, quand elle se retrouve au milieu de nulle part à gérer cela, quand elle doit faire face à l'horreur, à un accident, quand dans ces moments terribles, elle doit tenir debout pour finir les procédures qui suivent chaque accident, d'aller elle-même ainsi relever la plaque d'immatriculation de la voiture percutée par exemple, conformément à la loi, raconte-t-elle.
Le chemin d'un cheminot est semé d'embûches quotidiennes, entre les problèmes du travail en lui-même, les horaires fatigants, etc. "On est amené à prendre le chemin à 4h du matin comme on peut travailler jusqu'à 23h ou lors des jours fériés et pendant les fêtes", explique Afef, qui se félicite toutefois que son mari soit compréhensif, étant lui-même cheminot. "Il m'a soutenu jusqu'au bout, aide conducteur, j'ai voulu ne pas rester à ce quai et aller plus loin, devenir conductrice, un but atteint avec le soutien de mon mari".
La jeune femme, maman d'une petite fille, n'aspire à rien désormais, juste faire son travail correctement, ses objectifs épousent ceux de nombreux cheminots exaspérés par "l'état lamentable des chemins de fer en Tunisie, entre manque de moyens et matériel non entretenu....".
À chaque accident comme celui de Jbel El Jloud, des voix d'élèvent pour dénoncer cela mais le statu quo perdure, dénonce Afef.
"Il faut que les choses s'améliorent, quand quelqu'un critique le cheminot, nous les conducteurs, nous nous sentons blessés parce ça nous touche au plus profond de nous-mêmes, à une part de nous qui est plus qu'un travail, le chemin de fer, c'est mon monde que j'ai choisi par passion, il faut être capable de transmettre cette passion à d'autres, de faire rêver comme jadis", a conclu la jeune femme.
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