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L'endettement extérieur atteindrait les 71,4% en 2017

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ENDETTEMENT - La Tunisie vient de conclure deux accords de crédit avec les institutions de Bretton Woods: le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM).

Le 17 mai, le Conseil des administrateurs du groupe de la Banque Mondiale a approuvé un portefeuille de prêt en faveur de la Tunisie pouvant aller jusqu’à 5 milliards de dollars au cours du prochain quinquennat.

Trois jours après, le Conseil d’administration du FMI a approuvé un accord élargi avec la Tunisie au titre du mécanisme élargi de crédit portant sur 2,9 milliards de dollars.

Le total des engagements de la Tunisie envers ces deux institutions financières internationales s’élèveraient à 7,9 milliards de dollars, soit 16,48 milliards de dinars ce qui correspond à 62% du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2016.

Malgré la fragilité de l’économie nationale et la dégradation de la note souveraine du pays par les différentes agences de notation dont Fitch rating, Standard & Poor’s et Moody’s, les institutions de Bretton Woods croient encore en leur bonne élève, à l’élève "prodige" qui n’est autre que la Tunisie.

Un soutien financier de 640 millions de dollars du FMI à la Tunisie en 2016

Les services du FMI ont publié hier la Lettre d’intention, le Mémorandum de politique économique et financière, et Protocole d’accord technique conclu avec le gouvernement tunisien.

Le programme du FMI vise entre autres d’accompagner les réformes économiques entreprises en Tunisie dont la réforme des institutions financières, l’amélioration du climat des affaires et la promotion de l’intermédiation financière.

La réalisation d’une croissance inclusive, la contraction du déficit budgétaire et la restructuration des institutions publiques sont les principaux objectifs du programme.

D’ailleurs et dans une vidéo conférence donnée hier depuis le siège du FMI à Washington, Amine Mati, chef de la mission du FMI pour la Tunisie, a affirmé que "le Fonds débloquera durant l’année en cours une première enveloppe de 640 millions de dollars (1340,97 millions de dinars) sur les 2,9 millions de dollars prévus sur une échéance de quatre ans", rapporte l’agence TAP.

S’agissant du programme de financement de la Banque Mondiale, il s’articule autour de trois axes à savoir: soutenir la création d’emplois et l’innovation, réduire les disparités régionales et le soutien des segments les plus vulnérables de la société.

Financer les augmentations salariales?

Bien que les deux accords de partenariat soient inévitables pour colmater les brèches et combler le trou budgétaire qui avoisinerait selon les estimations les 7 milliards de dollars, ils continuent de semer la zizanie.

Les risques de surendettement et l’utilisation de ces fonds mobilisés de l’extérieur pour financer le budget de fonctionnement dont principalement les charges salariales, sont les principaux remords exprimés non seulement par les altermondialistes mais aussi par certains économistes et observateurs nationaux.

Les charges salariales représentent 14% du PIB et 70% du total des dépenses de gestion (de fonctionnement).

Selon le budget de l’Etat 2016, ces dépenses ont augmenté de 11,8% entre 2015 et 2016, soit 1369 MD pour atteindre la barre de 13.000 MD.

D’ailleurs et selon les résultats préliminaires de l’exécution du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2016, au mois de mars de la même année la réalisation des dépenses de gestion a atteint la barre des 82,9% contre 17,1% pour les dépenses de développement ou d’investissement.

Les dépenses sociales s’accaparent 55% des dépenses. Selon la même source, les dépenses salariales ont atteint au mois de mars 2016 les 3684.0MD contre 988.8 MD pour les dépenses d’investissement.

Le taux d’endettement extérieur atteindrait les 71,4% du PIB en 2017

Hormis les doutes quant à l’inefficience des fonds mobilisés de l’extérieur, le risque de surendettement plane toujours.

Selon les prévisions du FMI, la dette extérieure atteindrait en 2017 les 30,7 milliards de dollars contre 29,3 milliards de dollars cette année, soit respectivement 71,4% et 69%.

Des ratios très élevés surtout si l’on prend en considération d’autres indicateurs économiques dont l’épargne nationale brute (14,1% du PIB), l’investissement brut(21,8% du PIB) et les recettes totales hors dons (23,9MD) estimés au titre de l’exercice 2016.

Comment faire baisser la pente de l’endettement?

Pour Ezzedine Ben Hamida, économiste "il faut doubler les recettes fiscales pour tomber à des niveaux d’endettement acceptables".

Interrogé par le HuffPost Tunisie il affirme: "Si les emprunts contractés ne justifient pas un investissement rentable à moyen et long terme le risque d’une situation de surendettement est réel, dans le cas tunisien. En effet, la Tunisie se trouve exposée à l’opinion des agences de notation et les emprunteurs exigent des primes de risque plus élevées".

Selon lui, la dette publique est l'une des principales causes de ce phénomène: "Fin 2015 (voir graphique ci-après), la dette publique et privée représente environ 54 % du produit intérieur brut (PIB) contre 40,7 % en 2010. La dette publique concentre à elle seule 85% de la dette globale; rapportée au PIB, le taux d’endettement baisse pour atteindre seulement 46 %" affirme Ezzedine Ben Hamida.

Mais pour l'économiste un autre indicateur est encore plus inquiétant: "En revanche, le ratio exprimant le rapport du volume de la dette aux recettes fiscales s’avère inquiétant; en effet, il est de l’ordre de 182%." déclare t-il avant d'ajouter: "Autrement dit, il faut doubler les recettes fiscales pour tomber à des niveaux d’endettement acceptables. D’où l’urgence d’une véritable réforme du système fiscal, particulièrement les régimes forfaitaires (avocats, médecins,…) et la lutte contre l’économie informelle. Celle-ci pourrait représenter selon certains rapports du FMI plus de 30 % du PIB ; le manque à gagner pour l’Etat en termes de cotisations sociales et d’impôts directs et indirects avoisine les 12 milliards de dinars, soit près de 40% du budget de l’Etat."

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