Le même jour, Donald Trump a pourtant confirmé un sérieux tour de vis en matière d'immigration et de réfugiés: les autorités américaines vont interdire pendant trois mois l'arrivée de ressortissants de sept pays musulmans: Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.
Washington va aussi arrêter pendant quatre mois le programme fédéral d'admission et de réinstallation de réfugiés de pays en guerre, toutes nationalités confondues. Un programme humanitaire ambitieux créé en 1980 et qui n'a été suspendu qu'une seule fois: durant trois mois après le 11-Septembre. Très peu pour la "l'amour" et la "tolérance".
Un décret anti-immigration qui ne passe pas
Quant aux réfugiés syriens, qui ont fui par millions le conflit dans leur pays, mais dont seulement 18.000 ont été acceptés aux Etats-Unis depuis 2011, ils seront définitivement interdits d'entrée, jusqu'à nouvel ordre. "C'est du lourd", s'est exclamé le 45e président des Etats-Unis devant des hiérarques militaires réunis au Pentagone.
Dans une déclaration commune à Genève, l'Organisation internationale pour les migrations et le Haut-Commissariat aux réfugiés (qui dépendent de l'ONU) ont appelé les Etats-Unis à poursuivre leur tradition d'accueil des réfugiés. "Les places de réinsertion offertes par chaque pays sont vitales. L'OIM et le HCR espèrent que les Etats-Unis vont continuer à jouer leur rôle important de leader et poursuivre leur longue tradition de protection de ceux qui fuient les conflits et les persécutions".
Les démocrates vent debout
De son côté, la jeune Pakistanaise Malala, prix Nobel de la paix en 2014, a déclaré dans un communiqué avoir "le cœur brisé de voir le président Trump fermer aujourd'hui la porte à des enfants, des mères et des pères qui fuient la violence et la guerre (...) J'ai le cœur brisé de voir l'Amérique tourner le dos à son fier passé d'accueil de réfugiés et de migrants."
La comédienne iranienne Taraneh Alidoosti a décidé de ne pas se rendre à la cérémonie des Oscars, le 26 février prochain, pour protester contre le "racisme" de la mesure de Donald Trump. Elle est pourtant à l'affiche du film "Le Client" de son compatriote Asghar Farhadi, nommé dans la catégorie du meilleur film étranger.
Trump's visa ban for Iranians is racist. Whether this will include a cultural event or not,I won't attend the #AcademyAwards 2017 in protest pic.twitter.com/CW3EF6mupo
— Taraneh Alidoosti (@t_alidoosti) 26 janvier 2017
Ce texte a surtout également provoqué une levée de boucliers chez les démocrates. "Le décret cruel du président Trump sur les réfugiés sape nos valeurs fondamentales et nos traditions", a ainsi regretté Ben Cardin, membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat. De nombreux responsables démocrates se sont indignés sur les réseaux sociaux.
Si certains estiment que signer ce décret, le jour de la mémoire des victimes de l'holocauste est une insulte au peuple juif, beaucoup estiment que Donald Trump bafoue les valeurs des Etats-Unis.
.@realDonaldTrump's order restricting immigrants from Muslim countries & freezing admission of refugees is a betrayal of American values.
— Elizabeth Warren (@SenWarren) 28 janvier 2017
On #HolocaustRemembranceDay @POTUS bans refugees & insults the memories of all the Jews murdered when too few nations would shelter them.
— Mark Takano (@RepMarkTakano) 27 janvier 2017
When the Trump regime goes extreme, those of us in the main stream must fight to redeem. #FreefromExtremes
— Rep. Emanuel Cleaver (@repcleaver) 27 janvier 2017
For our entire history,America served as refuge for those facing persecution.Suspending imm from Muslim nations is contrary to our values.
— Rep. Frank Pallone (@FrankPallone) 27 janvier 2017
Même dans son propre camp
Même chez les républicains, le décret ne semble pas faire l'unanimité. Paul Ryan, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, a soutenu à demi-mot seulement l'initiative de Donald Trump: "Nous sommes une nation compatissante et je soutiens le programme de réinstallation des réfugiés, mais il est temps de réévaluer et de renforcer le processus de vérification des visas", a-t-il déclaré.
Mike Pence, le vice-président, lui-même, semble ne pas être totalement en phase avec Donald Trump sur ce coup là.
En 2015, celui qui était alors gouverneur de l'Indiana expliquait dans un tweet: "Les appels à interdire aux musulmans d'entrer aux États-Unis sont offensants et inconstitutionnels." Evidemment, depuis quelques jours, les internautes se font un malin plaisir à ressortir ce vieux message pour rappeler à Mike Pence ses anciennes valeurs.
Calls to ban Muslims from entering the U.S. are offensive and unconstitutional.
— Governor Mike Pence (@GovPenceIN) 8 décembre 2015
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