Entre la France et la Tunisie, des liens forts et complexes ont été tissés par un héritage historique, culturel, économique et politique. Une assise solide qui forge la spécificité des relations entre les deux États et au-delà entre les deux peuples qui perdure via la présence forte de Tunisiens en France et d'une communauté importante d'expatriés français en Tunisie ainsi que d'enjeux communs. Toutefois, les enjeux changent comme les intérêts et ce, à l'aune des changements géopolitiques. Les ambassadeurs changent aussi et marquent de leurs empreintes ces évolutions aussi bien sur le fond que sur la forme.
L'ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre D'Arvor, livre au HuffPost Tunisie sa vision de la stratégie de son pays en Tunisie, ses soubassements et ses visées.
Le HuffPost Tunisie: Comment décrivez-vous la politique stratégique de la France en Tunisie, notamment après le 14 janvier 2011?
Olivier Poivre D'Arvor: La France n'a pas toujours été au rendez-vous avec l'Histoire, elle a mis du temps avant de comprendre les changements opérés en 2011, nous étions moins efficaces que les Allemands par exemple. Mais nous avons fini par intégrer tout cela et à accompagner le mouvement historique qui touche l'ensemble de cette région, un mouvement inédit depuis la fin de l'apartheid en Afrique de Sud et la chute du mur de Berlin.
Stratégiquement, la France a en commun avec la Tunisie, un bout de l'Histoire, aussi complexe soit-il, des communautés vivant entre les deux rives, environ 1300 entreprises françaises installées en Tunisie, on est le premier partenaire, fournisseur et client de la Tunisie.
On a une langue française partagée depuis le plus jeune âge par les Tunisiens, environ les trois quart des étudiants tunisiens qui poursuivent leurs études à l'étranger, choisissent la France, sans omettre, l'échange culturel important.
La Tunisie est stratégique aussi de part son emplacement, un pays voisin d'un État en chaos qui est la Libye et partageant des frontières avec l'Algérie, avec en arrière plan les enjeux de la circulation des armes, du terrorisme, la problématique de la migration d'où la nécessité de voir la Tunisie stable et prospère.
Dans chaque politique mise en place, on fixe des priorités, quelles sont les vôtres en ce moment en ce qui concerne la Tunisie?
Contrairement à d'autres pays où l'échange avec la France est plutôt d'ordre militaire, basé sur la vente d'armes, comme l'Égypte ou l'Arabie Saoudite, et où se pose fortement l'enjeu économique, notre stratégie en Tunisie est avant tout culturelle, ni politique, ni économique.
Elle est fondé sur des valeurs en communs qui se nourrissent dans un cadre qui échappe parfois à la France, qui est la francophonie. Représentant 220 millions de personnes actuellement (1 million au nord et 120 au sud), les prévisions prédisent qu'elle évoluera encore en 2050 avec un plus grand nombre dans le sud. La francophonie est un espace important économiquement et culturellement. D'ailleurs, en 2020, la Tunisie, pays arabo-musulman qui se situe dans un espace francophone, accueillera le sommet de la francophonie, soucieuse de préserver ses intérêts avec son voisinage qui partage cet enjeu.
Nous avons aussi beaucoup à apprendre de la Tunisie, d'un islam qui évolue dans un espace démocratique, une question qui se pose aussi en France d'où l'importance d'un transfert d'exemples riche.
Nous suivons de près aussi la société civile tunisienne, désenchantée après 6 ans mais déterminée et active, notamment les jeunes, qui veulent changer l'image d'une Tunisie ternie et victime du terrorisme et qui tentent de la redresser.
Certains accusent toujours la France d'une politique néo-colonialiste, qu'en pensez-vous?
La France n'a ni les moyens, ni l'envie de dominer aucun pays. Nous nous attachons à la souveraineté politique des États. La France n'est pas en conséquence un faiseur d'élections ni après le 14 janvier, ni avant, à l'époque de Ben Ali. Chaque pays a dans un moment donné de son histoire exercé une certaine influence sur d'autres pays. L'Égypte l'était par exemple à travers sa domination culturelle sur le monde arabe à une époque à travers ses films, ses acteurs, etc.
Pour conclure, les pays du Maghreb en général sont vigilants quant à la question de l'ingérence donc cette problématique n'est plus d'actualité.
Vous avez longuement parlé des liens solides qui unissent les deux pays, mais certains déplorent que ces liens ne se traduisent pas par l'échange humain car l'accès au visa demeure difficile, que répondez-vous?
Seulement 6% de Tunisiens se voient refuser un visa pour de bonnes raisons liées à la légalité ou à l'absence de papiers. Ceci ne touche pas les jeunes qui veulent étudier ou travailler. La politique de visa est dictée aussi par le système Schengen. Je suis persuadé que dans l'avenir on arrivera à construire un espace pareil d'échange entre le nord et le sud.
Vous êtes présent médiatiquement, souvent sur le terrain. Une stratégie de communication qui déroge de vos prédécesseurs et de ce qui règne généralement dans le monde des diplomates, comment vous entretenez ce style?
Ce n'est pas une stratégie de communication, je suis moi-même, j'ai mon style, ma vision. Je suis breton, chauve et aime communiquer avec les gens notamment la société civile.
L'ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre D'Arvor, livre au HuffPost Tunisie sa vision de la stratégie de son pays en Tunisie, ses soubassements et ses visées.
Le HuffPost Tunisie: Comment décrivez-vous la politique stratégique de la France en Tunisie, notamment après le 14 janvier 2011?
Olivier Poivre D'Arvor: La France n'a pas toujours été au rendez-vous avec l'Histoire, elle a mis du temps avant de comprendre les changements opérés en 2011, nous étions moins efficaces que les Allemands par exemple. Mais nous avons fini par intégrer tout cela et à accompagner le mouvement historique qui touche l'ensemble de cette région, un mouvement inédit depuis la fin de l'apartheid en Afrique de Sud et la chute du mur de Berlin.
Stratégiquement, la France a en commun avec la Tunisie, un bout de l'Histoire, aussi complexe soit-il, des communautés vivant entre les deux rives, environ 1300 entreprises françaises installées en Tunisie, on est le premier partenaire, fournisseur et client de la Tunisie.
On a une langue française partagée depuis le plus jeune âge par les Tunisiens, environ les trois quart des étudiants tunisiens qui poursuivent leurs études à l'étranger, choisissent la France, sans omettre, l'échange culturel important.
La Tunisie est stratégique aussi de part son emplacement, un pays voisin d'un État en chaos qui est la Libye et partageant des frontières avec l'Algérie, avec en arrière plan les enjeux de la circulation des armes, du terrorisme, la problématique de la migration d'où la nécessité de voir la Tunisie stable et prospère.
Dans chaque politique mise en place, on fixe des priorités, quelles sont les vôtres en ce moment en ce qui concerne la Tunisie?
Contrairement à d'autres pays où l'échange avec la France est plutôt d'ordre militaire, basé sur la vente d'armes, comme l'Égypte ou l'Arabie Saoudite, et où se pose fortement l'enjeu économique, notre stratégie en Tunisie est avant tout culturelle, ni politique, ni économique.
Elle est fondé sur des valeurs en communs qui se nourrissent dans un cadre qui échappe parfois à la France, qui est la francophonie. Représentant 220 millions de personnes actuellement (1 million au nord et 120 au sud), les prévisions prédisent qu'elle évoluera encore en 2050 avec un plus grand nombre dans le sud. La francophonie est un espace important économiquement et culturellement. D'ailleurs, en 2020, la Tunisie, pays arabo-musulman qui se situe dans un espace francophone, accueillera le sommet de la francophonie, soucieuse de préserver ses intérêts avec son voisinage qui partage cet enjeu.
Nous avons aussi beaucoup à apprendre de la Tunisie, d'un islam qui évolue dans un espace démocratique, une question qui se pose aussi en France d'où l'importance d'un transfert d'exemples riche.
Nous suivons de près aussi la société civile tunisienne, désenchantée après 6 ans mais déterminée et active, notamment les jeunes, qui veulent changer l'image d'une Tunisie ternie et victime du terrorisme et qui tentent de la redresser.
Certains accusent toujours la France d'une politique néo-colonialiste, qu'en pensez-vous?
La France n'a ni les moyens, ni l'envie de dominer aucun pays. Nous nous attachons à la souveraineté politique des États. La France n'est pas en conséquence un faiseur d'élections ni après le 14 janvier, ni avant, à l'époque de Ben Ali. Chaque pays a dans un moment donné de son histoire exercé une certaine influence sur d'autres pays. L'Égypte l'était par exemple à travers sa domination culturelle sur le monde arabe à une époque à travers ses films, ses acteurs, etc.
Pour conclure, les pays du Maghreb en général sont vigilants quant à la question de l'ingérence donc cette problématique n'est plus d'actualité.
Vous avez longuement parlé des liens solides qui unissent les deux pays, mais certains déplorent que ces liens ne se traduisent pas par l'échange humain car l'accès au visa demeure difficile, que répondez-vous?
Seulement 6% de Tunisiens se voient refuser un visa pour de bonnes raisons liées à la légalité ou à l'absence de papiers. Ceci ne touche pas les jeunes qui veulent étudier ou travailler. La politique de visa est dictée aussi par le système Schengen. Je suis persuadé que dans l'avenir on arrivera à construire un espace pareil d'échange entre le nord et le sud.
Vous êtes présent médiatiquement, souvent sur le terrain. Une stratégie de communication qui déroge de vos prédécesseurs et de ce qui règne généralement dans le monde des diplomates, comment vous entretenez ce style?
Ce n'est pas une stratégie de communication, je suis moi-même, j'ai mon style, ma vision. Je suis breton, chauve et aime communiquer avec les gens notamment la société civile.
LIRE AUSSI: Comment McQueen et Poivre d'Arvor, dépoussièrent la communication diplomatique
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