Le HuffPost Tunisie soulignait déjà son humour, notamment pour aborder des sujets politiques et sociétaux, à travers le dessin ou la vidéo. Son exposition "Mémoire de Tunisie", à New York, en mars dernier était une occasion pour découvrir un de ses multiples talents. Aujourd’hui le HuffPost Tunisie retrouve Sarroura, plus intimement, à la galerie Musk and Amber où elle expose ses œuvres hautes en couleur, jusqu’au 3 mars. L’artiste vous guide dans cette exposition intitulée"Mémoire de Tunisie en Pop Art" et retrace pour vous son parcours.
HuffPost Tunisie: Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette exposition ?
Sarroura Libre : Lamia (NDLR: Lamia Bousnina Ben Ayed, fondatrice de la Galerie Musk and Amber) a adapté la galerie à mes œuvres. Elle investit énormément que ce soit au niveau du matériel ou du temps, pour mettre les œuvres des artistes en valeur. Un tel résultat n’aurait jamais été possible en exposant ailleurs !
Je voulais en faire un hommage à la Tunisie, une déclaration d’amour à mon pays, que ce soit coloré, gai et fun, que ça me ressemble aussi !
Quel est votre parcours ?
J’ai été formée aux Beaux-arts de Tunis. J’étais dessinatrice de bâtiments, en France, j’ai monté une société de dessin et conception, d’aide et conseil à la décoration. J’ai toujours travaillé avec des décorateurs et architectes pour des plans d’aménagement. Ma pratique de l’art s’est toujours faite en parallèle car je dessine depuis mon plus jeune âge. Je réalise des tableaux sur commande, pour des hôtels notamment.
J’ai toujours été amoureuse du mouvement orientaliste, j’aimais beaucoup les femmes, les danseuses orientales, les drapés, les tapis… je ne faisais que ça ! Et quelques temps plus tard, je me suis dit que je voulais faire une chose à laquelle je me consacre vraiment. Ma mère m’a toujours dit : "Tu fais un peu de tout, il faut que tu te consacres à quelque chose de précis !". Mais je ne pouvais pas rentrer dans un style particulier, choisir un domaine. Le pop est une étape, mes réalisations ont été plus académiques, très sages.
Cela fait donc quelques années que je suis passée à cette étape, plus audacieuse, dans l’humour et la caricature. J’ai évolué et je suis vraiment satisfaite de cette évolution ! Cette exposition est un peu une consécration. C’est un mélange de ma vie, de tout ce que j’aime, qui me représente, que j’ai appris (la technique manuelle, la technique de l’impression).
Justement, pouvez-vous nous parler un peu de cette technique ?
Dessins, sketch vidéo, court-métrage : comment êtes-vous passée d’un médium à l’autre ?
Je considère le dessin, la peinture comme un acquis, une évidence car j’en fais depuis toute petite. La comédie me passionne et me donne un autre plaisir. C’est venu spontanément en 2011, après la révolution, je voulais m’exprimer car j’étais à l’étranger, sortir cette frustration et passer un message optimiste. Je ne m’attendais pas à autant de succès ! J’ai fait la deuxième, la troisième vidéo etc... Les fans restent j’en suis ravie !
J’ai une chaîne Youtube depuis la révolution, dont les visites ont explosé depuis mon imitation de Leïla Ben Ali. J’ai poursuivi avec Suzanne Moubarak, après avec Sheikha Moza. Les femmes de dictateurs ont fait mon succès ! J’ai aussi l’avantage de maîtriser les différents dialectes arabes que j’utilise dans mes vidéos (rire).
Certains sujets me paraissent plus facile à exprimer en œuvres d’art, d’autres en vidéos. C’est vrai qu’il y a aussi un travail artistique derrière mes vidéos : J’aime beaucoup me déguiser, porter des perruques, je me sens plus à l’aise !
L’humour semble être le fil conducteur de votre travail. Le Pop Art utilise justement l’humour et la couleur, pour dénoncer certains faits sociétaux, comme le capitalisme et la surconsommation chez Warhol. Est-ce votre cas ? Le message passe-t-il mieux avec la couleur ?
Tout à fait, il faut que ce soit fun ! Mes personnages ne sont pas caricaturés, ils sont plutôt représentés comme des hommages. D’autres œuvres comme Hannibal ou L’Histoire après révolution, présentent ma touche d’humour politique, ce qui est important, mais le fil conducteur reste la Tunisie. Tout ce que je fais est pour mon pays !
Quel que soit le médium artistique que j’utilise, sketch, peinture… l’essentiel est que j’arrive à faire passer le message. J’ai fait passer certains messages avec humour et les gens se sont régalés. Je pensais sincèrement que certaines œuvres allaient être retirées comme Jouha et les singes, qui caricature une actualité tunisienne, le moment où des extrémistes sont montés sur l’horloge de l’avenue Habib Bourguiba.
Je me suis servie ici d’une couverture de l’histoire de Jouha – un livre pour enfant –, que j’ai travaillée à la sauce humour. J’ai eu peur que ça ne plaise pas ou que ça choque, mais grâce à l’humour, tout le monde a trouvé ça sympa et rigolo ! Avec la couleur aussi ça passe très bien (rire) !
Est-ce que l’humour fait aussi partie de votre personnalité ?
Beaucoup de gens pensent que je suis très rigolote dans la vie, ce n’est pas du tout le cas, je suis quelqu'un de très discret. J’ai de la personnalité c’est sûr, mais je suis très réservée ! Je fais de l’humour noir, des piques. J’observe beaucoup, je prends mon temps pour sortir ma réplique.
On imagine que vous avez rencontré des problèmes en abordant certains sujets…
Oui, j’ai toujours des menaces de mort… quand je parle des dictateurs ou des extrémistes ça ne plait pas à certaines personnes. J’ai maintenant l’habitude. Si ça dérange, c’est que j’ai bien visé, que j’ai utilisé les bons mots !
Quels sont vos projets ?
Je souhaiterais faire un partenariat avec un photographe, car je voudrais traiter des photographies de monuments tunisiens. J’ai déjà commencé dans quelques œuvres (le théâtre municipal de l’avenue Habib Bourguiba, le centre ville, Bab El Bhar). Je voudrais transformer des monuments en rajoutant une touche tunisienne.
En Juillet, j’exposerai à l’Arab British Centre de Londres, à l’occasion de son 40e anniversaire. Je représenterai la Tunisie dans le cadre de l’exposition "Pop Art maghrébin" avec cinq autres artistes venus du Maghreb. Je serai alors la seule artiste femme et la seule tunisienne d’ailleurs !
Je continue, bien sûr, mes vidéos en parallèle lorsqu’un sujet me parle : c’est mon oxygène !
HuffPost Tunisie: Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette exposition ?
Sarroura Libre : Lamia (NDLR: Lamia Bousnina Ben Ayed, fondatrice de la Galerie Musk and Amber) a adapté la galerie à mes œuvres. Elle investit énormément que ce soit au niveau du matériel ou du temps, pour mettre les œuvres des artistes en valeur. Un tel résultat n’aurait jamais été possible en exposant ailleurs !
L’exposition "Mémoire de Tunisie" est le fruit de deux ans de recherches : sur l’histoire des personnages et sur les éléments de la pop culture tunisienne que je voulais y rajouter. Je voulais en faire une exposition 100% tunisienne, maghrébine, sans éléments étrangers. Il n’y a pas de représentations de Frida Kahlo ou d’Andy Warhol, même si je m’en inspire bien sûr, car c’est le roi du Pop Art. On retrouve de la monnaie tunisienne, des boissons tunisiennes, des bijoux tunisiens...
LIRE AUSSI: "Mémoire de Tunisie": Des oeuvres Pop-Art de personnalités tunisiennes exposées aux Nations Unies (PHOTOS)
Je voulais en faire un hommage à la Tunisie, une déclaration d’amour à mon pays, que ce soit coloré, gai et fun, que ça me ressemble aussi !
Quel est votre parcours ?
J’ai été formée aux Beaux-arts de Tunis. J’étais dessinatrice de bâtiments, en France, j’ai monté une société de dessin et conception, d’aide et conseil à la décoration. J’ai toujours travaillé avec des décorateurs et architectes pour des plans d’aménagement. Ma pratique de l’art s’est toujours faite en parallèle car je dessine depuis mon plus jeune âge. Je réalise des tableaux sur commande, pour des hôtels notamment.
LIRE AUSSI: Pour dénoncer l'utilisation des sacs plastiques, cette artiste tunisienne utilise l'humour (PHOTOS)
J’ai toujours été amoureuse du mouvement orientaliste, j’aimais beaucoup les femmes, les danseuses orientales, les drapés, les tapis… je ne faisais que ça ! Et quelques temps plus tard, je me suis dit que je voulais faire une chose à laquelle je me consacre vraiment. Ma mère m’a toujours dit : "Tu fais un peu de tout, il faut que tu te consacres à quelque chose de précis !". Mais je ne pouvais pas rentrer dans un style particulier, choisir un domaine. Le pop est une étape, mes réalisations ont été plus académiques, très sages.
Cela fait donc quelques années que je suis passée à cette étape, plus audacieuse, dans l’humour et la caricature. J’ai évolué et je suis vraiment satisfaite de cette évolution ! Cette exposition est un peu une consécration. C’est un mélange de ma vie, de tout ce que j’aime, qui me représente, que j’ai appris (la technique manuelle, la technique de l’impression).
Justement, pouvez-vous nous parler un peu de cette technique ?
Ici, je pars d’une photo et je travaille suivant le personnage que je représente. C’est un travail digital, le résultat sort sur un fichier numérique. Les photos sont numérisées puis je les retravaille sur un logiciel. Je rajoute du dessin, des éléments de collages, suivant le message que je veux faire passer. Il faut qu’au final, l’œuvre résume tout le parcours, toute l’histoire de la personne. Les couleurs et les détails ne sont pas choisis par hasard. Je passe énormément de temps à la recherche, je fouille dans les livres, sur la Tunisie, le Maghreb, le monde arabe…
Dessins, sketch vidéo, court-métrage : comment êtes-vous passée d’un médium à l’autre ?
Je considère le dessin, la peinture comme un acquis, une évidence car j’en fais depuis toute petite. La comédie me passionne et me donne un autre plaisir. C’est venu spontanément en 2011, après la révolution, je voulais m’exprimer car j’étais à l’étranger, sortir cette frustration et passer un message optimiste. Je ne m’attendais pas à autant de succès ! J’ai fait la deuxième, la troisième vidéo etc... Les fans restent j’en suis ravie !
J’ai une chaîne Youtube depuis la révolution, dont les visites ont explosé depuis mon imitation de Leïla Ben Ali. J’ai poursuivi avec Suzanne Moubarak, après avec Sheikha Moza. Les femmes de dictateurs ont fait mon succès ! J’ai aussi l’avantage de maîtriser les différents dialectes arabes que j’utilise dans mes vidéos (rire).
Certains sujets me paraissent plus facile à exprimer en œuvres d’art, d’autres en vidéos. C’est vrai qu’il y a aussi un travail artistique derrière mes vidéos : J’aime beaucoup me déguiser, porter des perruques, je me sens plus à l’aise !
L’humour semble être le fil conducteur de votre travail. Le Pop Art utilise justement l’humour et la couleur, pour dénoncer certains faits sociétaux, comme le capitalisme et la surconsommation chez Warhol. Est-ce votre cas ? Le message passe-t-il mieux avec la couleur ?
Tout à fait, il faut que ce soit fun ! Mes personnages ne sont pas caricaturés, ils sont plutôt représentés comme des hommages. D’autres œuvres comme Hannibal ou L’Histoire après révolution, présentent ma touche d’humour politique, ce qui est important, mais le fil conducteur reste la Tunisie. Tout ce que je fais est pour mon pays !
Quel que soit le médium artistique que j’utilise, sketch, peinture… l’essentiel est que j’arrive à faire passer le message. J’ai fait passer certains messages avec humour et les gens se sont régalés. Je pensais sincèrement que certaines œuvres allaient être retirées comme Jouha et les singes, qui caricature une actualité tunisienne, le moment où des extrémistes sont montés sur l’horloge de l’avenue Habib Bourguiba.
Je me suis servie ici d’une couverture de l’histoire de Jouha – un livre pour enfant –, que j’ai travaillée à la sauce humour. J’ai eu peur que ça ne plaise pas ou que ça choque, mais grâce à l’humour, tout le monde a trouvé ça sympa et rigolo ! Avec la couleur aussi ça passe très bien (rire) !
Est-ce que l’humour fait aussi partie de votre personnalité ?
Beaucoup de gens pensent que je suis très rigolote dans la vie, ce n’est pas du tout le cas, je suis quelqu'un de très discret. J’ai de la personnalité c’est sûr, mais je suis très réservée ! Je fais de l’humour noir, des piques. J’observe beaucoup, je prends mon temps pour sortir ma réplique.
On imagine que vous avez rencontré des problèmes en abordant certains sujets…
Oui, j’ai toujours des menaces de mort… quand je parle des dictateurs ou des extrémistes ça ne plait pas à certaines personnes. J’ai maintenant l’habitude. Si ça dérange, c’est que j’ai bien visé, que j’ai utilisé les bons mots !
Quels sont vos projets ?
Je souhaiterais faire un partenariat avec un photographe, car je voudrais traiter des photographies de monuments tunisiens. J’ai déjà commencé dans quelques œuvres (le théâtre municipal de l’avenue Habib Bourguiba, le centre ville, Bab El Bhar). Je voudrais transformer des monuments en rajoutant une touche tunisienne.
En Juillet, j’exposerai à l’Arab British Centre de Londres, à l’occasion de son 40e anniversaire. Je représenterai la Tunisie dans le cadre de l’exposition "Pop Art maghrébin" avec cinq autres artistes venus du Maghreb. Je serai alors la seule artiste femme et la seule tunisienne d’ailleurs !
Je continue, bien sûr, mes vidéos en parallèle lorsqu’un sujet me parle : c’est mon oxygène !
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