Dans un bar très fréquenté au centre ville de Tunis, deux jeunes femmes s'affairent, se font remarquer entre leurs collègues hommes. Le HuffPost Tunisie est allé à leur rencontre.
Nadia, une femme blindée
L'air sévère, l'oeil futé, elle est méfiante mais laisse échapper de temps en temps des éclats de rires doux, maternelle des fois envers quelques clients. Cette double facette est une posture que Nadia adopte pour son travail. Elle est agent de sécurité dans ce bar . "Je dois alterner entre sévérité et souplesse pour gérer une clientèle différente", a-t-elle expliqué au HuffPost Tunisie.
Le jeune femme travaille de 6h à 2h du matin, voire plus tard mais elle s'est habituée après sept années comme agent de sécurité où elle a dû travailler dans plusieurs endroits, des locaux d'une télévision, à des usines en passant par les bars.
Nadia est rattachée à une société spécialisée dans la sous-traitance de la sécurité des établissements. "C'est dans cette société que j'ai gravi les échelons, pour passer d'agent spécialisé dans le nettoyage à agent de sécurité après avoir suivi plusieurs sessions de formation en la matière. Cette évolution est gratifiante pour moi. Avec ce boulot, je me plais et je sens que j'existe", a-t-elle renchéri.
La jeune femme, maman d'une fillette, est avide de pouvoir; "à travers ce boulot je l'exerce quelque part". Nadia est chargée des fouilles et du vestiaire. Pas assez pour elle: "Dans un bar, on ménage certaines clientes, on n'est pas amené à procéder à une fouille minutieuse afin de ne pas exaspérer certaines contrairement à ce qui se fait dans une usine par exemple", explique-t-elle presque avec amertume.
Un choix cautionné par la famille de Nadia et son ex-mari, également agent de sécurité. D'ailleurs, le couple ne travaillait jamais ensemble dans le même endroit: "Je fais face parfois au harcèlement lourd de certains clients, si mon mari était là ça aurait dégénéré, c'est pourquoi on ne travaillait jamais ensemble".
Pour faire face aux provocations de certains clients, Nadia opte pour le sang froid, répond avec le sourire et ça marche. "L'autre fois, à un client qui me disait que je suis une pute, j'ai souri sans m'exaspérer, en descendant il s'est excusé, disant qu'il s'est rendu compte qu'il était fautif. Si je réponds agressivement à chaque fois qu'on me malmène verbalement je ne travaillerai plus".
Un amour de son métier et un dévouement qui ne sont pas équitablement récompensés entre elle et ses collègues hommes, payés plus qu'elle, déplore-t-elle souriante.
Marwa, la fille qui se cherche
À 21 ans, avec son petit gabarit et son air fragile, Marwa se démène comme elle peut, passant la soirée à courir dans les escaliers entre les toilettes des femmes en haut et ceux des hommes en bas, jusqu'à 4h du matin, l'heure de la fin de son service. La jeune femme est agent de nettoyage.
Contrairement à Nadia, elle n'est pas rattachée à une société mais avait postulé spontanément. "J'étais vendeuse avant. A la recherche d'un emploi, j'ai postulé ici après avoir entendu qu'on cherchait quelqu'un", explique-t-elle au HuffPost Tunisie.
Comment perçoit-elle ce monde de la nuit où des femmes de son âge en profitent alors qu'elle est amenée à faire cette tâche ingrate? La jeune femme n'a de rancune contre personne, juste contre ses conditions sociales qui l'ont mises dans le pétrin. On la voit rigoler avec certaines clientes, leur raconter des histoires ou vider son coeur face à l'arrogance de certaines. Des affinités se sont tissées avec les habituées dont certaines prennent sa défense lorsqu'une cliente ose l'agresser.
Fatiguée, Marwa espère mieux, un autre boulot. Entre-temps, "j'essaye de faire de mon mieux car je ne peux pas me permettre de chômer", conclut-elle fataliste.
Nadia, une femme blindée
L'air sévère, l'oeil futé, elle est méfiante mais laisse échapper de temps en temps des éclats de rires doux, maternelle des fois envers quelques clients. Cette double facette est une posture que Nadia adopte pour son travail. Elle est agent de sécurité dans ce bar . "Je dois alterner entre sévérité et souplesse pour gérer une clientèle différente", a-t-elle expliqué au HuffPost Tunisie.
Le jeune femme travaille de 6h à 2h du matin, voire plus tard mais elle s'est habituée après sept années comme agent de sécurité où elle a dû travailler dans plusieurs endroits, des locaux d'une télévision, à des usines en passant par les bars.
Nadia est rattachée à une société spécialisée dans la sous-traitance de la sécurité des établissements. "C'est dans cette société que j'ai gravi les échelons, pour passer d'agent spécialisé dans le nettoyage à agent de sécurité après avoir suivi plusieurs sessions de formation en la matière. Cette évolution est gratifiante pour moi. Avec ce boulot, je me plais et je sens que j'existe", a-t-elle renchéri.
La jeune femme, maman d'une fillette, est avide de pouvoir; "à travers ce boulot je l'exerce quelque part". Nadia est chargée des fouilles et du vestiaire. Pas assez pour elle: "Dans un bar, on ménage certaines clientes, on n'est pas amené à procéder à une fouille minutieuse afin de ne pas exaspérer certaines contrairement à ce qui se fait dans une usine par exemple", explique-t-elle presque avec amertume.
Et la jeune femme doit s'armer de patience face à certains clients mais elle se dit prête pour tout, même le pire: "Quand on choisit ce métier, on sait à quoi on est exposé. C'est fatiguant, c'est jonché de risques mais c'est mon choix".
Un choix cautionné par la famille de Nadia et son ex-mari, également agent de sécurité. D'ailleurs, le couple ne travaillait jamais ensemble dans le même endroit: "Je fais face parfois au harcèlement lourd de certains clients, si mon mari était là ça aurait dégénéré, c'est pourquoi on ne travaillait jamais ensemble".
Pour faire face aux provocations de certains clients, Nadia opte pour le sang froid, répond avec le sourire et ça marche. "L'autre fois, à un client qui me disait que je suis une pute, j'ai souri sans m'exaspérer, en descendant il s'est excusé, disant qu'il s'est rendu compte qu'il était fautif. Si je réponds agressivement à chaque fois qu'on me malmène verbalement je ne travaillerai plus".
La jeune femme se dit blindée, toujours sur le qui-vive pour intervenir en cas d'enlisement. "Dans un bar, on sait que certains peuvent être bourrés, agressifs, on doit composer avec, c'est l'essence de notre métier sinon pas la peine de le choisir". Nadia explique que beaucoup de femmes agents de sécurité ont renoncé à leur métier parce qu'elles n'ont pas pu résister à ces aléas.
Un amour de son métier et un dévouement qui ne sont pas équitablement récompensés entre elle et ses collègues hommes, payés plus qu'elle, déplore-t-elle souriante.
Marwa, la fille qui se cherche
À 21 ans, avec son petit gabarit et son air fragile, Marwa se démène comme elle peut, passant la soirée à courir dans les escaliers entre les toilettes des femmes en haut et ceux des hommes en bas, jusqu'à 4h du matin, l'heure de la fin de son service. La jeune femme est agent de nettoyage.
Contrairement à Nadia, elle n'est pas rattachée à une société mais avait postulé spontanément. "J'étais vendeuse avant. A la recherche d'un emploi, j'ai postulé ici après avoir entendu qu'on cherchait quelqu'un", explique-t-elle au HuffPost Tunisie.
Le nettoyage, Marwa ne l'a jamais fait mais elle se remue pour le bien faire et ce n'est pas toujours évident. Outre la difficulté inhérente au métier où elle doit faire face à la saleté et l'attitude de certains clients, elle doit également prendre son mal en patience face l'agressivité de certains: "Je n'ai pas le choix", déplore-t-elle.
Comment perçoit-elle ce monde de la nuit où des femmes de son âge en profitent alors qu'elle est amenée à faire cette tâche ingrate? La jeune femme n'a de rancune contre personne, juste contre ses conditions sociales qui l'ont mises dans le pétrin. On la voit rigoler avec certaines clientes, leur raconter des histoires ou vider son coeur face à l'arrogance de certaines. Des affinités se sont tissées avec les habituées dont certaines prennent sa défense lorsqu'une cliente ose l'agresser.
Fatiguée, Marwa espère mieux, un autre boulot. Entre-temps, "j'essaye de faire de mon mieux car je ne peux pas me permettre de chômer", conclut-elle fataliste.
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