Le documentaire tunisien "Upon the shadow", présenté cette semaine au festival international de Thessalonique (Grèce), a l'ex Femen Amina Sboui pour héroïne mais dresse surtout le tableau triste et touchant du rejet persistant des homosexuels en Tunisie, notamment par leurs familles.
Amina Sboui, 22 ans, a scandalisé en Tunisie en 2013 en s'affichant seins nus sur un réseau social, torse barré du slogan "mon corps m'appartient et n'est source d'honneur pour personne".
Dans la foulée, elle est emprisonnée plus de deux mois pour avoir tagué sur un mur de cimetière le mot "Femen", puis rompt avec ce mouvement qu'elle juge "islamophobe".
Depuis, toujours féministe, régulièrement molestée, elle a passé le bac à Paris, y a été condamnée pour avoir inventé une agression par des salafistes, a été classée parmi les 100 femmes les plus influentes du monde par la BBC, et en est à son troisième livre.
"Elle m'a toujours intriguée, je l'ai contactée sur Facebook, il y a eu un déclic", explique à l'AFP la réalisatrice Nada Mezni Hafaiedh, auteur en 2011 de "Histoires tunisiennes".
Ce printemps 2016, Amina vit dans une maison louée par son éditeur à Sidi Bou Saïd, au bord de la mer, où "la municipalité la protège bien", explique Nada.
La réalisatrice commence à tourner. "Mais au bout du deuxième jour, on a tout jeté".
Car Nada découvre les amis gays ou travestis, en rupture de famille, qu'héberge Amina, et décide de faire témoigner l'ensemble de la maisonnée.
Le grand amour de Sandra, le travesti, avait honte de leur relation. "L'amour est une malédiction", soupire-t-elle. Le père d'Ayoub l'a mis dehors, la mère de Ramy l'a traité de "salope". Atef, battu et brûlé par son père, sanglote en pensant qu'il a dû décevoir sa mère, seule à le soutenir, en ne terminant pas ses études.
Le jeune homme tente de se suicider à la fin du film, après avoir été raillé devant la caméra par un restaurateur pour son travestissement.
Une mère accepte de témoigner: elle soutient son fils, tout en espérant qu'un jour, "il va revenir sur le bon chemin".
'Un exemple aussi pour les LGBT'
L'article 230 du code pénal tunisien punit de trois ans de prison les relations homosexuelles.
La situation n'est pas meilleure chez les voisins, "mais, comme nous sommes le seul pays du monde arabe où la femme a les mêmes droits que l'homme, il faut que la Tunisie soit un exemple aussi pour la reconnaissance de la communauté LGBT" (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), estime Slim Hafaiedh, mari de la réalisatrice et producteur du film.
Celui-ci saisit au vol les accès de rires et de larmes des jeunes gens, les poignets régulièrement tailladés d'Amina, la trentaine de tatouages qui couvrent son corps, les rencontres d'Amina avec Dalila, sa "coach de vie", ou avec les représentantes de l'Association tunisienne des femmes démocrates.
Celles-ci, et notamment l'avocate et députée Bochra Belhaj Hmida, la soutiennent depuis le début.
La fragilité d'Amina, sous une apparence bourrue, saute aux yeux. Mais Nada souligne aussi qu'elle "est très intelligente, lit beaucoup, s'informe énormément" : "Je crois beaucoup en elle, je la verrais bien avocate".
La réalisatrice, fille de diplomate, a vécu en Arabie Saoudite, à New York et à Montréal avant de choisir la Tunisie. Elle est "très fière d'être à l'origine du premier film tunisien LGBT".
A Thessalonique, "Upon the Shadow" a été approché par des distributeurs français et néerlandais.
Mais il n'est pas prévu de le montrer en Tunisie. "Ni le gouvernement ni la société ne sont prêts, on risque des problèmes", soutient Nada. Elle aurait pourtant aimé que des parents tunisiens d'enfants homosexuels "puissent voir ce message".
Slim espère cependant que des leaders d'opinion tunisiens soutiendront le film, et que le gouvernement "protègera" finalement celui-ci.
Depuis le tournage, trois protagonistes ont pu quitter la Tunisie, mais Sandra et Amina Sboui y résident toujours.
Un collectif d'associations tunisiennes a déposé en septembre un rapport à l'ONU, demandant la fin des discriminations. Le rapport doit être examiné en mai.
Amina Sboui, 22 ans, a scandalisé en Tunisie en 2013 en s'affichant seins nus sur un réseau social, torse barré du slogan "mon corps m'appartient et n'est source d'honneur pour personne".
Dans la foulée, elle est emprisonnée plus de deux mois pour avoir tagué sur un mur de cimetière le mot "Femen", puis rompt avec ce mouvement qu'elle juge "islamophobe".
Depuis, toujours féministe, régulièrement molestée, elle a passé le bac à Paris, y a été condamnée pour avoir inventé une agression par des salafistes, a été classée parmi les 100 femmes les plus influentes du monde par la BBC, et en est à son troisième livre.
"Elle m'a toujours intriguée, je l'ai contactée sur Facebook, il y a eu un déclic", explique à l'AFP la réalisatrice Nada Mezni Hafaiedh, auteur en 2011 de "Histoires tunisiennes".
Ce printemps 2016, Amina vit dans une maison louée par son éditeur à Sidi Bou Saïd, au bord de la mer, où "la municipalité la protège bien", explique Nada.
La réalisatrice commence à tourner. "Mais au bout du deuxième jour, on a tout jeté".
Car Nada découvre les amis gays ou travestis, en rupture de famille, qu'héberge Amina, et décide de faire témoigner l'ensemble de la maisonnée.
Le grand amour de Sandra, le travesti, avait honte de leur relation. "L'amour est une malédiction", soupire-t-elle. Le père d'Ayoub l'a mis dehors, la mère de Ramy l'a traité de "salope". Atef, battu et brûlé par son père, sanglote en pensant qu'il a dû décevoir sa mère, seule à le soutenir, en ne terminant pas ses études.
Le jeune homme tente de se suicider à la fin du film, après avoir été raillé devant la caméra par un restaurateur pour son travestissement.
Une mère accepte de témoigner: elle soutient son fils, tout en espérant qu'un jour, "il va revenir sur le bon chemin".
'Un exemple aussi pour les LGBT'
L'article 230 du code pénal tunisien punit de trois ans de prison les relations homosexuelles.
La situation n'est pas meilleure chez les voisins, "mais, comme nous sommes le seul pays du monde arabe où la femme a les mêmes droits que l'homme, il faut que la Tunisie soit un exemple aussi pour la reconnaissance de la communauté LGBT" (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), estime Slim Hafaiedh, mari de la réalisatrice et producteur du film.
Celui-ci saisit au vol les accès de rires et de larmes des jeunes gens, les poignets régulièrement tailladés d'Amina, la trentaine de tatouages qui couvrent son corps, les rencontres d'Amina avec Dalila, sa "coach de vie", ou avec les représentantes de l'Association tunisienne des femmes démocrates.
Celles-ci, et notamment l'avocate et députée Bochra Belhaj Hmida, la soutiennent depuis le début.
La fragilité d'Amina, sous une apparence bourrue, saute aux yeux. Mais Nada souligne aussi qu'elle "est très intelligente, lit beaucoup, s'informe énormément" : "Je crois beaucoup en elle, je la verrais bien avocate".
La réalisatrice, fille de diplomate, a vécu en Arabie Saoudite, à New York et à Montréal avant de choisir la Tunisie. Elle est "très fière d'être à l'origine du premier film tunisien LGBT".
A Thessalonique, "Upon the Shadow" a été approché par des distributeurs français et néerlandais.
Mais il n'est pas prévu de le montrer en Tunisie. "Ni le gouvernement ni la société ne sont prêts, on risque des problèmes", soutient Nada. Elle aurait pourtant aimé que des parents tunisiens d'enfants homosexuels "puissent voir ce message".
Slim espère cependant que des leaders d'opinion tunisiens soutiendront le film, et que le gouvernement "protègera" finalement celui-ci.
Depuis le tournage, trois protagonistes ont pu quitter la Tunisie, mais Sandra et Amina Sboui y résident toujours.
Un collectif d'associations tunisiennes a déposé en septembre un rapport à l'ONU, demandant la fin des discriminations. Le rapport doit être examiné en mai.
LIRE AUSSI:
Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.