Quand on demande à Ahmed Blaiech, architecte de formation qui est né, a grandi et vit à la Médina, ce qu'il pense de celle-ci, son visage s'irradie, s'illumine.
Les premiers mots qui sortent de sa bouche laissent penser à un paradis: "beauté", "architecture exceptionnelle", "repos"...
Il en parle comme s'il était habité. Il pourrait vous en parler pendant des heures, passant de l'architecture de celle-ci, à l'évolution des souks, en passant par l'Histoire des familles qui y ont habité...une encyclopédie.
En près de 40 ans de vie à la Médina, Ahmed a dû en voir des choses, percevoir une évolution.
Celle-ci s'inscrit surtout au niveau des souks: "J'ai connu le souk quand il était productif. Il y avait beaucoup de boutiques, de 'dokkenas'. On voyait des détritus de cuirs partout à la fin de la journée", affirme Ahmed avant d'ajouter: "Aujourd'hui, tu ne vois plus rien de tout ça. On ne voit que des sachets plastiques".
Dans ses souvenirs de jeunesse, Ahmed se rappelait des tanneurs qui travaillaient le cuir au Souk Eddabaghine, de l'odeur du cuir, des travailleurs têtes baissées occupés à travailler. Il se rappelle également les "Blaghjia" qui faisaient les "balghas", des savates traditionnelles en cuir. Une fourmilière créatrice.
"Ce n'est plus des créateurs aujourd'hui", regrette Ahmed. "Petit à petit, au fil des ans, c'est des commerçants qui se sont installés. Ils viennent vendre et non pas créer", affirme-t-il.
L'effervescence d'un Souk en pleine activité créatrice s'est diluée, au fil du temps
Pour lui, celui dont la notion de filiation, de transmission est importante, il est conscient que son "fils ne connaîtra pas ça" mais est persuadé que cela évoluera: "Peut-être ça évoluera en pire ou peut-être en mieux. Je suis persuadé que ce sera en mieux, parce que la Médina ne laisse pas les gens insensibles".
L'aventure au quotidien
Malgré près de 40 ans passées ici, Ahmed trouve un charme spécial à la Médina: "Il suffit de s'installer un peu dans le quotidien de la Médina, et celui-ci devient vite une aventure".
La vie ici est mouvementée: "Ce n'est pas un quotidien inerte. Parfois les gens ne supportent pas d'être trop sollicités, trop stimulés", indique-t-il. "Même moi qui vis ici, le fait de partir travailler loin d'ici en journée, ne me permet pas de voir la dynamique de la Médina".
Un microcosme qui se reconstitue
Pendant de nombreuses années, la Médina s'est vidée de ses habitants avant de voir ces dernières années, un nouvel afflux vers celle-ci: maisons d'hôtes, nouveaux habitants, restaurations d'anciens Palais par des investisseurs privés... Bref une nouvelle dynamique s'installe.
"Avant c'était les "Tunisois" qui y vivaient, puis ils sont partis. Dans les années 1970, une nouvelle population s'est installée, une population qui ne connaissait pas la valeur matérielle des lieux. Il y en a qui ont su garder les biens, d'autres qui les ont carrément détruits, mais heureusement que l'Association de Sauvegarde de la Médina a su faire un travail de longue haleine pour la protection du patrimoine", affirme-t-il.
"Le microcosme est entrain aujourd'hui de se constituer ou plutôt de se reconstituer d'une autre manière car beaucoup de monde s'installe à nouveau", perçoit Ahmed, en quoi il voit un phénomène international: "Aujourd'hui il y a aussi un phénomène de mode de revenir un peu vers le patrimoine, et c'est le cas partout dans le monde. Ce n'est pas spécifique à la Tunisie (...)".
Pour lui, qui est très proche des traditions, n'a-t-il pas peur de voir la Médina changer du tout au tout, y perdre son cachet? "Les choses se recréent, changent mais ne disparaissent pas complètement".
"Il y a des phénomènes de disparition liés à l'économie comme par exemple les tisserands, les tapissiers...Même la fabrication des balghas se fait rare, parce qu'ils sont écrasés par une marchandise qui vient du Maroc ou de Chine, beaucoup moins cher que la production locale", analyse Ahmed avant d'ajouter: "Du coup plus personnes ne veut le faire manuellement et plus personne ne veut en acheter car ils trouvent ça trop cher. Mais c'est normal, économiquement les choses tendent à évoluer".
Ce qui est certain pour cet enfant de la Médina, c'est qu' "il y a une nouvelle dynamique(...) On ne sait pas comment elle est en train de se mettre en place mais elle est là, je la vois. Elle est autre".
"Ce sont les gens qui s'installent nouvellement ici, et qui le désirent fortement, qui eux permettent de redéfinir les choses et leur donner un nouveau souffle", observe Ahmed.
Pour lui qui est très proche des traditions, n'a-t-il pas peur de voir la Médina changer du tout au tout, y perdre son cachet? "Les choses changent mais ne disparaissent pas complètement".
"Il y a un renouveau et c'est tant mieux" conclut-il.
Les premiers mots qui sortent de sa bouche laissent penser à un paradis: "beauté", "architecture exceptionnelle", "repos"...
Il en parle comme s'il était habité. Il pourrait vous en parler pendant des heures, passant de l'architecture de celle-ci, à l'évolution des souks, en passant par l'Histoire des familles qui y ont habité...une encyclopédie.
En près de 40 ans de vie à la Médina, Ahmed a dû en voir des choses, percevoir une évolution.
Celle-ci s'inscrit surtout au niveau des souks: "J'ai connu le souk quand il était productif. Il y avait beaucoup de boutiques, de 'dokkenas'. On voyait des détritus de cuirs partout à la fin de la journée", affirme Ahmed avant d'ajouter: "Aujourd'hui, tu ne vois plus rien de tout ça. On ne voit que des sachets plastiques".
Dans ses souvenirs de jeunesse, Ahmed se rappelait des tanneurs qui travaillaient le cuir au Souk Eddabaghine, de l'odeur du cuir, des travailleurs têtes baissées occupés à travailler. Il se rappelle également les "Blaghjia" qui faisaient les "balghas", des savates traditionnelles en cuir. Une fourmilière créatrice.
"Ce n'est plus des créateurs aujourd'hui", regrette Ahmed. "Petit à petit, au fil des ans, c'est des commerçants qui se sont installés. Ils viennent vendre et non pas créer", affirme-t-il.
L'effervescence d'un Souk en pleine activité créatrice s'est diluée, au fil du temps
Pour lui, celui dont la notion de filiation, de transmission est importante, il est conscient que son "fils ne connaîtra pas ça" mais est persuadé que cela évoluera: "Peut-être ça évoluera en pire ou peut-être en mieux. Je suis persuadé que ce sera en mieux, parce que la Médina ne laisse pas les gens insensibles".
L'aventure au quotidien
Malgré près de 40 ans passées ici, Ahmed trouve un charme spécial à la Médina: "Il suffit de s'installer un peu dans le quotidien de la Médina, et celui-ci devient vite une aventure".
La vie ici est mouvementée: "Ce n'est pas un quotidien inerte. Parfois les gens ne supportent pas d'être trop sollicités, trop stimulés", indique-t-il. "Même moi qui vis ici, le fait de partir travailler loin d'ici en journée, ne me permet pas de voir la dynamique de la Médina".
Un microcosme qui se reconstitue
Pendant de nombreuses années, la Médina s'est vidée de ses habitants avant de voir ces dernières années, un nouvel afflux vers celle-ci: maisons d'hôtes, nouveaux habitants, restaurations d'anciens Palais par des investisseurs privés... Bref une nouvelle dynamique s'installe.
"Avant c'était les "Tunisois" qui y vivaient, puis ils sont partis. Dans les années 1970, une nouvelle population s'est installée, une population qui ne connaissait pas la valeur matérielle des lieux. Il y en a qui ont su garder les biens, d'autres qui les ont carrément détruits, mais heureusement que l'Association de Sauvegarde de la Médina a su faire un travail de longue haleine pour la protection du patrimoine", affirme-t-il.
"Le microcosme est entrain aujourd'hui de se constituer ou plutôt de se reconstituer d'une autre manière car beaucoup de monde s'installe à nouveau", perçoit Ahmed, en quoi il voit un phénomène international: "Aujourd'hui il y a aussi un phénomène de mode de revenir un peu vers le patrimoine, et c'est le cas partout dans le monde. Ce n'est pas spécifique à la Tunisie (...)".
Pour lui, qui est très proche des traditions, n'a-t-il pas peur de voir la Médina changer du tout au tout, y perdre son cachet? "Les choses se recréent, changent mais ne disparaissent pas complètement".
"Il y a des phénomènes de disparition liés à l'économie comme par exemple les tisserands, les tapissiers...Même la fabrication des balghas se fait rare, parce qu'ils sont écrasés par une marchandise qui vient du Maroc ou de Chine, beaucoup moins cher que la production locale", analyse Ahmed avant d'ajouter: "Du coup plus personnes ne veut le faire manuellement et plus personne ne veut en acheter car ils trouvent ça trop cher. Mais c'est normal, économiquement les choses tendent à évoluer".
Ce qui est certain pour cet enfant de la Médina, c'est qu' "il y a une nouvelle dynamique(...) On ne sait pas comment elle est en train de se mettre en place mais elle est là, je la vois. Elle est autre".
"Ce sont les gens qui s'installent nouvellement ici, et qui le désirent fortement, qui eux permettent de redéfinir les choses et leur donner un nouveau souffle", observe Ahmed.
Pour lui qui est très proche des traditions, n'a-t-il pas peur de voir la Médina changer du tout au tout, y perdre son cachet? "Les choses changent mais ne disparaissent pas complètement".
"Il y a un renouveau et c'est tant mieux" conclut-il.
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