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Tunisie-Ghannouchi se livre aux Tunisiens, après BCE, Essid et Ennaceur : Habib Essid n'a pas été choisi par Ennahdha

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POLITIQUE- Après l’interview du président de la République, jeudi dernier, sur la chaîne nationale, le chef du mouvement d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a accordé une grande interview à la chaîne privée Nessma où il est revenu sur le dernier congrès de son mouvement, l’initiative présidentielle de constituer un gouvernement d’union nationale et son rapport avec l’actuel chef du gouvernement, Habib Essid.

Ennahdha et l’islam politique

Interrogé sur le dixième congrès du mouvement d’Ennahdha et ses résultats, Rached Ghannouchi a expliqué qu’islam et démocratie font bon ménage. Et d’ajouter que tous les membres d’Ennahdha rejettent catégoriquement la violence et le terrorisme qui est "une mauvaise interprétation de l’islam".

Rached Ghannouchi a indiqué que l’islam ne peut plus être exclu de la scène politique mondiale, toutefois, il faut choisir entre l’islam de Daech, d’Erdogan ou encore celui d’Ennahdha. Afin de mieux se faire comprendre, le chef d’Ennahdha a cité l’exemple du monde de la mode qui va, selon lui, de plus en plus vers l’habit de l’islam (en référence aux dernières marques mondiales qui ont lancé des modèles de vêtements comprenant le voile pour les femmes) et l’exemple du monde financier où les banques à vocation islamique ne cessent de connaître un franc succès.


Pour lui, l’islam est une religion de toute époque ce qui veut dire qu’il peut apporter une solution à tous les types de problématiques. Profitant de cet axe, Ghannouchi a rendu un hommage au boxeur Med Ali Clay en expliquant que ce dernier avait beaucoup apporté à l’islam.

"Ennahdha a dépassé la question de l’identité. Nous nous battions pour l’identité à l’époque de la dictature. Aujourd’hui, nous n’avons pas changé, mais nous avons évolué. Ennahdha est plus ouvert et milite, aujourd’hui, pour l’instauration d’un Etat moderne et développé", a-t-il affirmé.


Politique étrangère

Rached Ghannouchi a été interrogé sur les relations de son mouvement avec le Qatar et la Turquie. A cette réponse, le leader d’Ennahdha a profité pour inviter tous les partis politiques tunisiens à suivre l’exemple de son parti en soumettant les liens amicaux au profit du pays.

Toutefois, Ghannouchi a catégoriquement nié toute consultation externe, pour le changement de la vocation du mouvement, avec n’importe quelle partie étrangère. Il a assuré que seuls les adeptes d’Ennahdha sont décideurs des changements pour le mouvement.


Le gouvernement d’union nationale

L’animateur est revenu ensuite sur l’initiative lancée par le chef de l’Etat et qui se résume en la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Il a rappelé la déclaration du dirigeant d’Ennahdha Ajmi Lourimi, qui avait indiqué que le mouvement n’était pas au courant de l’initiative de Béji Caïd Essebsi – et a demandé à son invité s’il a changé d’avis dans ce cadre. Rached Ghannouchi a affirmé qu’Ennahdha a soutenu l’initiative en question dès qu’elle a été annoncée en expliquant que le mouvement a toujours appelé à une telle formation.

"Cette initiative est la suite logique de la politique de l’union et du consensus. Avant que le gouvernement actuel ne soit constitué, nous avions tout fait pour qu’il soit un gouvernement d’union nationale regroupant le maximum de tendances. Cette initiative survient dans un moment opportun ; alors qu’Ennahdha accaparait la scène politique suite à notre congrès, l’interview du chef de l’Etat est venu rééquilibrer toute la scène".


Pour le chef d’Ennahdha, le discours de Beji Caïd Essebsi constitue une sorte de choc psychologique qui a tiré la sonnette d’alarme sur tout ce qui ne fonctionne pas correctement dans le pays. Rached Ghannouchi a en effet expliqué qu’actuellement, plusieurs dossiers sont à l’arrêt, ce qui risque d’augmenter la crise.

Revenant sur l’invitation lancée à l’UTICA et l’UGTT pour se joindre au futur gouvernement, Rached Ghannouchi a indiqué que tout le monde est appelé à assumer ses responsabilités tout en s’entre-aidant. Quant à Ennahdha, Ghannouchi a expliqué que ses responsabilités sont proportionnelles à son taux de participation au gouvernement. Voulant prouver qu’Ennahdha ne veut pas fuir ses responsabilités, son chef a rappelé "son sacrifice" quand le mouvement a cédé le pouvoir en 2013.

Habib Essid n’a pas été choisi par Ennahdha

Par rapport à l’éventuel départ de Habib Essid de son poste de chef du gouvernement, Rached Ghannouchi a adopté une manière diplomatique pour répondre à la question. Le chef d’Ennahdha a indiqué qu’Essid n’a pas été désigné par Ennahdha mais par Nidaa Tounes.

De ce fait, Ennahdha continuera à le soutenir s’il continue, de son côté, à bénéficier de la confiance de Béji Caïd Essebsi et de celle de Nidaa Tounes. Ghannouchi a clôturé le dossier en rappelant qu’Essid et Caïd Essebsi se rencontrent tous les lundis et qu’il faudrait attendre demain afin d’avoir plus de détails sur la question.


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