Le HuffPost Tunisie s'associe à Aswat Nissa afin de promouvoir l'engagement des femmes tunisiennes en politique à travers une série de portraits de jeunes femmes tunisiennes qui ont fait le choix de s'engager.
À 34 ans, Karima Taggaz, participante à l’Académie politique des femmes (promotion 2016) d'Aswat Nissa, est le nouveau visage qui succède à Sayida Ounissi au poste de députée.
La politique, une histoire de famille
La politique et le militantisme sont une histoire de famille chez les Taggaz. En effet, Karima est la fille d’un exilé politique qui a fui la Tunisie en 1981 pour pouvoir se réfugier de l’autre côté de la Méditerranée, en France.
Cet exil loin du pays de ses parents poussa Karima à s’intéresser de plus prés aux associations pour les droits des exilés et ce depuis son plus jeune âge. Et suivant les valeurs inculquées par ses parents, elle se lance dans le militantisme. À 16 ans, alors que d’autres préféraient passer leur temps à s’amuser, elle veut libérer la Tunisie de son dictateur à savoir le président déchu Ben Ali: "Il n’y a pas d'action qui concerne la Tunisie ou les droits de l’Homme auxquels je n’ai pas participé", affirme-t-elle.
Et puis vint la révolution du 14 janvier, et les choses se sont très vite enchaînés pour Karima qui, appuyée par des membres du parti politique islamiste tunisien, Ennahdha, décide de se présenter aux élections de l'Assemblée Nationale Constituante de 2011 sur la liste France Nord. Elle n'y sera pas élue finissant quatrième du scrutin, les deux premiers seulement siègent à l'ANC.
Récemment, Karima Taggaz a fait partie de la promotion de 2016 de l’Académie des femmes, un programme organisé par l’organisation tunisienne Aswat Nissa, qui lui a permis d’entrer en contact avec d’autres femmes politiques issues de différents partis et ce tout en ayant l’opportunité d’approfondir ses connaissances. De là, les choses s'accélèrent.
La députée d'Ennahdha Sayida Ounissa étant nommée au poste de secrétaire d'État à l'initiative privée, elle récupère la place de cette dernière à l'ARP, elle qui avait fini troisième du scrutin de 2014 dans la première circonscription de France.
"Ce que j’apprécie vraiment, c’est que même si nous venons d’horizon différents, l’association Aswat Nissa nous offre un cadre dans le lequel nous pouvons débattre, un cadre à la fois académique et pacifique."
Depuis le 16 septembre 2016, Karima Taggaz, qui a été pendant trois ans membre du bureau central de la communication et de l'information d'Ennahdha, est membre de la commission de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastructure et de l’environnement, ainsi que de la commission des affaires des Tunisiens à l’étranger au sein de l'ARP.
Les femmes ont leur place au sein du paysage politique tunisien
Karima souhaite représenter le nouveau visage de la scène politique tunisienne qui se veut jeune et qui tend vers le changement.
La députée accorde donc un point d’honneur à souligner et à défendre les capacités de la gente féminine. En effet, d’après elle, la femme est une figure importante de la révolution et c’est donc naturellement qu’elle se doit de figurer sur la scène politique. "Comment voulez-vous qu’elle ne fasse pas partie du paysage politique alors que l’image de la femme tunisienne est celle d’une femme libre et que la Constitution garantit son égalité à l’homme", déclare-t-elle.
Mais Karima déplore et reconnaît que le nombre de femmes actives dans la politique est toujours insatisfaisant à l’heure actuelle. Pour elle, il est temps que les choses changent car les femmes sont capables d’être à la tête d’un parti politique: "Et pourquoi pas à Ennahdha! Oui Ennahdha. Car quand la femme veut, elle peut".
Sa force de caractère et sa ténacité, elle les doit à sa mère qui lui a appris à ne jamais se laisser faire.
L’État se doit donc de venir en aide aux femmes voulant se lancer dans ce domaine dominé par la gente masculine. Pour elle, le principe de parité sur les listes électorales qui est garanti par la Constitution se doit d'être respecté coûte que coûte: "Il incombe de spécifier, dans le Code électoral, des dispositions qui obligent les partis politiques à mettre ces dispositions en œuvre" clame-t-elle.
Mais si une femme est élue cela ne veut pas dire que son engagement portera exclusivement sur "les causes des femmes". En effet, d’après Karima, une femme élue se doit de représenter toute la nation et c’est ce qui attestera de son aptitude à être égale à l’homme: "(...)être engagé dans un terrain autre que celui des causes qui concernent les femmes, c’est aussi promouvoir et montrer que la femme est capable d’apporter dans tous les domaines, que la femme s’engage pour toute la nation, et pour les générations à venir".
Aswat Nissa est une organisation non gouvernementale de droit tunisien. Créée en 2011, elle est indépendante de toute influence politique. Inclusive, elle plaide pour l’intégration de l’approche genre dans les politiques publiques en encourageant les femmes tunisiennes à porter leur voix et à prendre la place qui leur revient dans la vie publique et politique. "Aswat Nissa" se traduit de l’arabe au français par "voix des femmes".
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