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Mehdi Jomaa lance officiellement son parti: La sémantique de l'entreprise au coeur de la politique

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L'ancien chef du gouvernement des technocrates, Mehdi Jomaa a lancé mercredi officiellement son parti politique "Tunisie Alternative" devant les membres fondateurs de son parti parmi lesquels l'ancien porte-parole de son gouvernement Nidhal Ouerfelli, Lotfi Saibi, Neila Chaabane, ou encore l'ancien ministre des Affaires religieuses Mounir Tlili.

Si le programme détaillé du parti n'est pas encore prêt -des commissions sectorielles se réunissent pour en définir les contours- Mehdi Jomaa en a dressé les grandes lignes:"Nous serons un parti centriste, réaliste, nationaliste, et le plus important démocrate" a-t-il affirmé.

Mais loin du discours "flou" ("فضفاض") selon le journaliste de La Presse Karim Ben Said, l'intervention de Mehdi Jomaa s'est surtout axée autour d'un champ lexical du monde de l'entreprise et des mots "responsabilité" ("مسؤولية"), "Espoir/Désespoir", "vision" ("رؤية"), "succès" ("نجاح") . Par ailleurs 7 "choses importantes" ("حاجة هامة"/"هذا هام") ont été mises en avant.

Le champ lexical de l'entreprise

Issu du monde de l'entreprise et ancien chef du gouvernement des "technocrates", Mehdi Jomaa a usé d'un discours renvoyant beaucoup au monde des affaires.

Ainsi les termes "visions", "stratégies", "leadership" ont été utilisés un grand nombre de fois: "Qu'est ce que la politique?", c'est "la stratégie, la vision, le leadership, la volonté" a-t-il affirmé.

Plus encore, les fondateurs du parti sont appelés les "dépositaires", terme employé dans le monde de l'investissement et qui se définit comme l'activité de conservation. Ces "dépositaires" seront donc en quelques sortes ceux dont l'activité sera de conserver l'âme et les grandes lignes du parti.

Autre renvoi au monde de l'entreprise, l'usage des mots "patente", l'idée de propriété du parti et de sa "valeur".

"Voila les membres dépositaires du parti, parce que la création et l'idée de cette patente (...) Personne n'est propriétaire du parti quelqu'en soit sa valeur" a-t-il affirmé.


"Tout le monde y a sa place. On n'a pas fait de réservations (...) le critère c'est quelle (قداش) a été ton initiative, quel (قداش ) a été ton travail, quelle (قداش) est ta compétence? Et après on ira tous aux élections et chacun aura sa place" a en outre affirmé Mehdi Jomaa.

Il est intéressant de noter qu'il a utilisé ici le terme "قداش' ("combien") pour dire "quel(le)". Or "قداش" est plus souvent utilisé pour des question liées aux chiffres, "قداش" se traduisant textuellement par "Combien". (Exemple: "قداش ربحت ?" = Combien as-tu gagné?)

Un discours, des mots-clés

Plusieurs mots (et leurs variantes) auront eu la part belle lors de ce discours: "responsabilité" ("مسؤولية"), "Espoir/Désespoir", "vision" ("رؤية"), responsabilité ("مسؤولية") ont été mises en avant.

Ainsi durant les 25,26 minutes de son discours (tel que diffusé sur sa page Facebook officielle) les mots ci-dessus ont été prononcé de nombreuses fois:





Ainsi le discours de Mehdi Jomaa a tourné autour de ces mots clés.

Dans les premières minutes de son discours, les mots "espoir" et "désespoir" ont été les plus utilisés. Partant d'un constat de déception des citoyens de la classe politique, il indique que son parti est une alternative. En voici des exemples:

  • "Les gens sont passés en deux ans de l'espoir au désespoir. Ils cherchent de l'espoir, il faut leur redonner de la confiance".


  • "Je pense que nous sommes capables de rendre l'espoir (aux gens) mais avec d'autres personnes, avec des personnes nationalistes"


  • "C'est cette Tunisie que je voudrais, qu'on voudrait qu'elle nous écoute. On voudrait qu'aujourd'hui elle se réveille, que s'enlève la déception et la perte d'espoir et qu'elle croit en l'avenir"


  • "Aux filles et aux garçons de la Tunisie, aujourd'hui il faut qu'on se réveille, il faut qu'on se lève, il faut rendre espoir aux gens (...) il faut croire en l'avenir de ce pays, il faut qu'on se retrousse les manches, il faut qu'on croie en notre avenir"


Puis vient le mot "responsabilité". Ce dernier est souvent associé à un autre mot-clé de son discours dans la même phrase comme par exemple "vision" ou encore "devoir".

  • "La politique c'est avant tout une responsabilité, une vision, une volonté. La politique c'est de l'analyse, de la gouvernance. La politique c'est du management"


  • "J'invite tout Tunisien à se sentir comme s'il était le premier responsable du pays"


  • "Aujourd'hui, c'est du devoir de tout le monde d'y entrer et de prendre ses responsabilités"


  • "Une grande majorité des fondateurs du parti n'ont jamais imaginé un jour en être membre. Aujourd'hui on s'est retrouvé face à une situation (...) où aujourd'hui chaque Tunisien doit prendre ses responsabilités"


Le mot "vision" est quant à lui aussi rattaché au monde aux méthodes de planifications du monde de l'entreprise. Ainsi, il n'est pas étonnant de voir les mots "méthodologie", "réalisation", "projection" y être rattachés.

  • "La vision n'est pas suffisante, il faut également de la méthodologie (...) la réussite c'est comment concrétiser cette vision en réalisation".


  • "C'est pour cela que nous avons bâti ce parti" (...) "C'est une construction bâtie sur une vision claire, des projections claires, des gens capables..."


Cependant si l'on ajoute la conférence de presse qui a suivi le discours de Mehdi Jomaa, ce référentiel se retrouve renforcé par des mots qui restent dans le même ordre d'idées. Ainsi les mots "compétences", "succès"/"réussite" ("نجاح") ou encore "avenir" ont été les plus prononcé lors de celle-ci.

Le mot "succès"/"réussite" ("نجاح") a été le plus utilisé avec 12 mentions au total dont 6 lors des questions des journalistes. L'utilisation du mot est utilisée pour rappeler les succès du gouvernement Jomaa mais aussi appuyer la notion de "compétence" qui sera le deuxième mot le plus utilisé lors de cette conférence de presse. En voici quelques exemples:

  • "On vient avec de nouveaux visages. Vous savez quelle est la chose la plus importante dans le choix (des dépositaires du parti)? On choisi toujours les personnes qui réussissent, qui ont prouvé qu'elles ont réussi"


  • "La plus grande réussite que nous avons fait en matière de lutte contre la corruption, sur laquelle nous n'avons pas communiqué à l'époque (...)


Vient par la suite le mot "compétence" qui vient être un gage de "succès/réussite". Le mot "compétence" a d'ailleurs accompagné le gouvernement qu'il a dirigé entre 2014 et 2015, ce qu'il a rappelé de nombreuses fois.

  • "On accepte, on est fier de cette image de technocrate. Être technocrate pour nous c'est être des compétences, et la Tunisie a aujourd'hui besoin de compétences"


  • "La vision était claire, on savait où on voulait aller, nos objectifs étaient clairs, on les a concrétisés en travaux réalisables et on y a apporté les compétences capables de les réaliser"


  • "Nous avons des projections prêtes bâties par des compétences"




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