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Interview de Lina Lazaar: Les détails sur la participation tunisienne à la Biennale de Venise

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La Tunisie participera à la Biennale de Venise du 13 mai au 30 octobre 2017. Une initiative de la Fondation Kamel Lazaar réalisée avec le parrainage du ministère des Affaires culturelles. La participation tunisienne à cette 57ème exposition internationale d’art contemporain "prendra la forme d'une action symbolique et interactive destinée à servir de tremplin à la thématique des frontières et à mettre en exergue l'esprit même de la Biennale, centré sur l'absence des frontières", expliquent les organisateurs lors d'une conférence de presse en présence de l'ambassadeur de l'Union Européenne en Tunisie Patrice Bergamini, de l'ambassadeur italien Raimondo De Cardona et d'autres invités.

La performance artistique tunisienne portera le nom d'Absence Of Path et aura pour postulat premier, la Tunisie comme terre de migrations. Un visa universel sera délivré aux visiteurs. Ce document fictif à l'allure réelle permettra aux visiteurs d'avoir accès à un monde sans frontières. L'absence de frontières sera également représentée par des Tunisiens ayant tenté ou ayant toujours été tentés par le départ.

Une oeuvre humaine et un voyage onirique et symbolique vers un univers ouvert où la Tunisie représentera artistiquement le rêve d’une nation migrante projet. Le HuffPost Tunisie est allé à la rencontre de Lina Lazaar, vice-présidente de KLF, active sur la scène artistique internationale.

HuffPost Tunisie: La participation tunisienne à la biennale revêt quelles particularités?

Lina Lazaar: Tout d'abord, la Tunisie à la Biennale de Venise est une première ! En effet c’est la première fois depuis 1958 que le pays sera représenté à travers son propre pavillon. Mais ce ne sera pas un pavillon au sens traditionnel, un lieu clos dans lequel des œuvres sont exposées. Cette fois-ci nous proposons une performance, un pavillon dématérialisé, en mouvement, intitulé 'The Absence of Paths'. La performance est un genre artistique qui existe depuis les années 70, c'est une œuvre qui est créée dans un lieu donné, durant un temps limité.

À Venise, cette performance s'appropriera tout l'espace de la biennale qui symbolise un micromonde où chaque pavillon est un pays et où chaque visiteur circule librement sans contraintes, un monde idéal où l’Autre est non seulement atteignable mais où il devient moi . La Tunisie encadrera cet espace à travers trois points focaux où seront distribués des éléments permettant aux visiteurs de passer ces frontières, sans contrainte.

L'art contemporain et le concept d’œuvres vivantes et éphémères est-il toujours compris?

L’art est autant un discours structuré qu'un ressenti, et la communication artistique est souvent plus aboutie quand l'oeuvre relie des questionnements de fond au quotidien de tout un chacun, et c’est le propre de cette participation. Il est intéressant de relier l’art aux questions contemporaines et, quelques fois, la pratique artistique aide à comprendre la société. C’est tout l’enjeu de l’art participatif, surtout celui dans l’espace public qui interpelle sans s'annoncer et qui ne nécessite pas de repères historiques et académiques immédiats pour en favoriser la lecture.

L’important des œuvres vivantes et éphémères est qu'elles soient destinées à l'appropriation du public, et au questionnement du "pourquoi moi", "pourquoi maintenant et ici". Paradoxalement, pour une œuvre vivante conçue sur un fond hautement conceptuel et symbolique, le message en est d'autant plus accessible à un plus grand public.

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Comment percevez-vous l'apport du privé en matière de promotion de l'art tunisien à une échelle plus large que celle locale?

La Tunisie montre, depuis 2011, un foisonnement culturel extraordinaire ; il y a une demande aussi bien des artistes que du public de participer à cet élan. Le secteur privé a un rôle essentiel: soutenir la création artistique à travers le mécénat direct ou encore le soutien philanthropique pour élargir les horizons ainsi que la visibilité de notre diversité culturelle dans notre régions et au delà. Ce n’est qu'à travers des unions nées elles-mêmes d'une union publique-privé que la scène artistique pourra réellement se développer de manière saine et organique.

On parle souvent de collaboration entre le public et le privé. Cela est-il toujours aisé, sachant que les deux machines ne vont pas à vitesse égale?

Les choses avancent dans le bon sens: la loi sur le mécénat culturel, la loi PPP (partenariat public privé) permet de faciliter les choses. L’important c'est de savoir que les deux structures ne sont pas concurrentes. Elles avancent dans le même sens, chacune avec ses outils, dans le but de valoriser, promouvoir et faire circuler la culture et l’art en Tunisie .

L'investissement privé en matière de culture a le vent en poupe. Des collaborations "privé privé" sont -elles envisageables?


C’est en effet très intéressant de voir le développement des initiatives privées et c’est extrêmement stimulant de voir le privé investir de plus en plus dans la promotion et le soutien aux initiatives culturelles. Bien sûr que le partenariat privé privé est envisageable. Nous travaillons tous avec l’idée que l'Art, la Culture et la diffusion du savoir sont les fondements des sociétés qui se questionnent et se renouvellent!

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