Alors que le droit à l'avortement est remis en cause dans certains pays comme aux Etats-Unis d'Amérique ou en Pologne, suscitant des vagues de contestations, la Tunisie semble épargnée par cette tendance réactionnaire.
Légalisé depuis 1973, l'avortement est présenté comme un acquis. Il existe des centres de planning familial dans toutes les régions, indique Rebeh Chérif, chargée des relations publiques à l'Office National de la Famille et de la Population (ONFP) au HuffPost Tunisie. Le droit à l'avortement n'est pas accessible à toutes les Tunisiennes pourtant, conteste Emna Hsairi, de l'association tunisienne des Femmes Démocrates, qui a mené une enquête de terrain sur le droit à l'avortement en Tunisie.
HuffPost Tunisie: Le droit à l'avortement semble être un acquis inébranlable en Tunisie; l'est-il vraiment?
Emna Hsairi: Quand l'accessibilité, la disponibilité et la gratuité qui constituent l'essence du droit à la santé sont piétinés, on ne peut pas parler d'un droit effectif. Dans des régions comme Gabes, Béjà et Tozeur, les femmes n'ont pas accès à l'avortement, elles sont obligées de se déplacer ou de recourir aux cliniques privées car les structures publiques en la matière sont inexistantes. Même dans les régions où les structures publiques existent, elles sont insuffisantes; il faut savoir qu'une femme qui réside à la ville de Haouria par exemple doit aller jusqu'à l'hôpital régional de Nabeul pour avorter. Sans parler des centres débordés où les femmes doivent attendre pour pouvoir bénéficier de leur droit.
L'offre publique de service d’avortement est en train de baisser à travers une politique publique qui, se justifiant par un manque de moyens financiers, restreint le droit à l’avortement en fermant certains centres de planning familial en Tunisie. La disparité entre les régions concernant l’accès aux moyens contraceptifs est persistante également.
Le plus grand danger émane d'une politique non affichée, pernicieuse qui vise à interdire l'accès à ce droit sous divers prétextes, et qui s'est accentuée depuis la révolution, comme l'encombrement dû au nombre d'accouchement qui seraient prioritaires ou en arguant que la demande n'existe pas. À Gabes par exemple, le délégué régional de l'ONFP appuyé par le personnel médical et couvert par la direction générale, a décidé unilatéralement de ne plus le dispenser en prétendant qu'il n'existe pas de femmes qui le demandent. Une aberration qui passe sous silence.
Sans omettre la prestation de certains du personnel médical qui dissuadent les femmes venues avorter et les font culpabiliser. Ceci passe par les leçons de morale, l'évocation des interdits religieux ou encore l'usage de certains termes pour les horrifier comme bébé pour désigner un foetus, hémorragie pour saignement, etc.
Quant aux mères non mariées, elles sont sujettes à toutes formes de stigmatisons aussi bien par certains membre du personnel médical ou même des assistantes sociales.
Rebeh Chérif, chargée des relations publiques à l'ONFP a reconnu au HuffPost Tunisie l'existence de ces dépassements tout en soulignant qu'ils tendent à les enrayer à travers des formations destinées au personnel médical. Comment vous évaluez cette initiative?
Les formations en question sont encore insuffisantes, il y avait une en 2015 et depuis pas de reprise. Toutefois, quelques médecins se portent volontaires pour assurer de telles formations donc cela reste aléatoire puisque dépendant de la volonté personnelle de quelque-uns.
Vous avez évoqué une politique sournoise qui tend à restreindre le droit à l'avortement, vous voyez comment l'évolution de cette politique, ses acteurs vont-ils remettre en question, un jour, ouvertement ce droit, comme dans certains pays?
Pour le moment, ils optent pour la clandestinité, essayant de diffuser leur propagande à travers quelques médias comme pour remettre en cause la sûreté de la méthode médicamenteuse d'avortement alors que son efficacité est dûment prouvée; elle ne coûte pas cher et elle assure une autonomie de la femme puisque son utilisation est facile. Les anti-avortement négligent une donnée importante, eux, qui prétendent défendre le droit à la vie, c'est que dans les pays où l'avortement est légalisé, il y avait systématiquement une baisse de 10% du taux de mortalité maternelle, observe l'organisation mondiale de la santé.
Ce qui est rassurant cependant en Tunisie, c'est qu'il y a un lobby fort défendant le droit à l'avortement à l'instar d'autres pays où la remise en cause de ce droit n'a pas pu se concrétiser face à la résistance farouche des pro-droit à l'avortement.
Légalisé depuis 1973, l'avortement est présenté comme un acquis. Il existe des centres de planning familial dans toutes les régions, indique Rebeh Chérif, chargée des relations publiques à l'Office National de la Famille et de la Population (ONFP) au HuffPost Tunisie. Le droit à l'avortement n'est pas accessible à toutes les Tunisiennes pourtant, conteste Emna Hsairi, de l'association tunisienne des Femmes Démocrates, qui a mené une enquête de terrain sur le droit à l'avortement en Tunisie.
HuffPost Tunisie: Le droit à l'avortement semble être un acquis inébranlable en Tunisie; l'est-il vraiment?
Emna Hsairi: Quand l'accessibilité, la disponibilité et la gratuité qui constituent l'essence du droit à la santé sont piétinés, on ne peut pas parler d'un droit effectif. Dans des régions comme Gabes, Béjà et Tozeur, les femmes n'ont pas accès à l'avortement, elles sont obligées de se déplacer ou de recourir aux cliniques privées car les structures publiques en la matière sont inexistantes. Même dans les régions où les structures publiques existent, elles sont insuffisantes; il faut savoir qu'une femme qui réside à la ville de Haouria par exemple doit aller jusqu'à l'hôpital régional de Nabeul pour avorter. Sans parler des centres débordés où les femmes doivent attendre pour pouvoir bénéficier de leur droit.
L'offre publique de service d’avortement est en train de baisser à travers une politique publique qui, se justifiant par un manque de moyens financiers, restreint le droit à l’avortement en fermant certains centres de planning familial en Tunisie. La disparité entre les régions concernant l’accès aux moyens contraceptifs est persistante également.
Le plus grand danger émane d'une politique non affichée, pernicieuse qui vise à interdire l'accès à ce droit sous divers prétextes, et qui s'est accentuée depuis la révolution, comme l'encombrement dû au nombre d'accouchement qui seraient prioritaires ou en arguant que la demande n'existe pas. À Gabes par exemple, le délégué régional de l'ONFP appuyé par le personnel médical et couvert par la direction générale, a décidé unilatéralement de ne plus le dispenser en prétendant qu'il n'existe pas de femmes qui le demandent. Une aberration qui passe sous silence.
Sans omettre la prestation de certains du personnel médical qui dissuadent les femmes venues avorter et les font culpabiliser. Ceci passe par les leçons de morale, l'évocation des interdits religieux ou encore l'usage de certains termes pour les horrifier comme bébé pour désigner un foetus, hémorragie pour saignement, etc.
Quant aux mères non mariées, elles sont sujettes à toutes formes de stigmatisons aussi bien par certains membre du personnel médical ou même des assistantes sociales.
Rebeh Chérif, chargée des relations publiques à l'ONFP a reconnu au HuffPost Tunisie l'existence de ces dépassements tout en soulignant qu'ils tendent à les enrayer à travers des formations destinées au personnel médical. Comment vous évaluez cette initiative?
Les formations en question sont encore insuffisantes, il y avait une en 2015 et depuis pas de reprise. Toutefois, quelques médecins se portent volontaires pour assurer de telles formations donc cela reste aléatoire puisque dépendant de la volonté personnelle de quelque-uns.
Vous avez évoqué une politique sournoise qui tend à restreindre le droit à l'avortement, vous voyez comment l'évolution de cette politique, ses acteurs vont-ils remettre en question, un jour, ouvertement ce droit, comme dans certains pays?
Pour le moment, ils optent pour la clandestinité, essayant de diffuser leur propagande à travers quelques médias comme pour remettre en cause la sûreté de la méthode médicamenteuse d'avortement alors que son efficacité est dûment prouvée; elle ne coûte pas cher et elle assure une autonomie de la femme puisque son utilisation est facile. Les anti-avortement négligent une donnée importante, eux, qui prétendent défendre le droit à la vie, c'est que dans les pays où l'avortement est légalisé, il y avait systématiquement une baisse de 10% du taux de mortalité maternelle, observe l'organisation mondiale de la santé.
Ce qui est rassurant cependant en Tunisie, c'est qu'il y a un lobby fort défendant le droit à l'avortement à l'instar d'autres pays où la remise en cause de ce droit n'a pas pu se concrétiser face à la résistance farouche des pro-droit à l'avortement.
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