Homme providentiel pour une partie de la Turquie, despote en devenir pour l'autre, le président Recep Tayyip Erdogan a remporté de peu ce dimanche 16 avril un référendum constitutionnel destiné à asseoir son pouvoir, neuf mois après avoir échappé à un putsch.
En quête d'un plébiscite, le "Reïs" ("Chef"), comme ses partisans le surnomment, avait jeté toutes ses forces dans la bataille, galvanisant les foules aux quatre coins de la Turquie. Mais la courte victoire obtenue dimanche et que l'opposition conteste montre à quel point la Turquie est coupée en deux. Si une moitié adule le président turc, l'autre moitié l'abhorre.
Le projet de révision de la loi fondamentale validé par une majorité de Turcs octroie au président des prérogatives considérablement élargies, qu'aucun dirigeant n'a eues depuis le fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk. Une figure régulièrement invoquée par Erdogan alors qu'elle est pourtant un symbole... pour ses opposants.
"Atatürk l'avait fait"
Toute remise en cause de l'héritage d'Atatürk étant considérée comme un crime de lèse-majesté en Turquie, Erdogan n'a pas hésité à invoquer l'ancien président tout au long de sa campagne pour mieux rejeter les critiques.
A l'opposition qui avance que le maintien des liens entre le président et son parti, prévu par la révision constitutionnelle, compromet son impartialité, il a ainsi rétorqué qu'Atatürk lui-même cumulait les fonctions de chef de l'Etat et du parti, en l'occurrence le Parti républicain du peuple (CHP).
Lors de l'acerbe crise diplomatique de mars entre l'Europe et la Turquie après l'interdiction de plusieurs meetings en faveur du référendum, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, le quotidien allemand Bild avait titré: "Si Atatürk avait été là, il aurait dit non" au renforcement des pouvoirs d'Erdogan. "Ce que nous voulons faire, Atatürk l'avait fait", avait encore répliqué Erdogan.
Directions opposées
Si les deux hommes ont en commun de s'être donné pour mission de fonder une Turquie nouvelle, à l'image de leurs ambitions, ils sont pourtant on ne peut plus opposés sur le plan politique. Avec son projet de révision constitutionnelle qui renforcerait considérablement les prérogatives du président, Erdogan inquiète ses détracteurs qui redoutent qu'il instaure un pouvoir monopolisé par un seul homme.
Certains craignent même que cette quête de pouvoir ne sonne le glas de la république république parlementaire laïque fondée par Mustafa Kemal au début du 20e siècle sur les cendres de l'Empire ottoman car Erdogan porte, lui, un projet islamo-conservateur et aime invoquer la gloire passée des sultans.
En autorisant le port du voile dans les institutions publiques et les universités, en encourageant l'ouverture d'un nombre croissant d'écoles "imam hatip", qui mêlent éducation religieuse et généraliste, Recep Tayyip Erdogan tente, selon ses critiques, d'islamiser la société alors que le Président de la Turquie de 1923 à 1938 avait tournée vers l'Occident.
"Erdogan ne rivalise qu'avec Atatürk"
"Tout comme Atatürk a façonné le paysage sociopolitique de la Turquie, Erdogan aussi veut transformer la Turquie, pour en faire une société profondément musulmane", estime Söner Cagaptay, auteur de "The New Sultan", selon lequel "Erdogan est la personne la plus puissante en Turquie depuis presqu'un siècle, et ne rivalise qu'avec Atatürk".
Erdogan semble en effet déterminé à laisser une trace profonde dans l'histoire de son pays. "Un homme meurt, son oeuvre lui survit", répète souvent le chef de l'Etat, multipliant les références aux sultans. Ses gigantesques projets d'infrastructures ont d'ores et déjà transformé le visage de la Turquie, et en particulier d'Istanbul, où un troisième pont enjambe désormais le Bosphore, également traversé par plusieurs tunnels.
La révision constitutionnelle qui a été soumise au vote des Turcs dimanche permettra en théorie à Erdogan de rester au pouvoir jusqu'à au moins 2029. Il serait alors âgé de 75 ans et serait resté 15 ans à la tête du pays, exactement comme Atatürk.
En quête d'un plébiscite, le "Reïs" ("Chef"), comme ses partisans le surnomment, avait jeté toutes ses forces dans la bataille, galvanisant les foules aux quatre coins de la Turquie. Mais la courte victoire obtenue dimanche et que l'opposition conteste montre à quel point la Turquie est coupée en deux. Si une moitié adule le président turc, l'autre moitié l'abhorre.
Le projet de révision de la loi fondamentale validé par une majorité de Turcs octroie au président des prérogatives considérablement élargies, qu'aucun dirigeant n'a eues depuis le fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk. Une figure régulièrement invoquée par Erdogan alors qu'elle est pourtant un symbole... pour ses opposants.
"Atatürk l'avait fait"
Toute remise en cause de l'héritage d'Atatürk étant considérée comme un crime de lèse-majesté en Turquie, Erdogan n'a pas hésité à invoquer l'ancien président tout au long de sa campagne pour mieux rejeter les critiques.
A l'opposition qui avance que le maintien des liens entre le président et son parti, prévu par la révision constitutionnelle, compromet son impartialité, il a ainsi rétorqué qu'Atatürk lui-même cumulait les fonctions de chef de l'Etat et du parti, en l'occurrence le Parti républicain du peuple (CHP).
Lors de l'acerbe crise diplomatique de mars entre l'Europe et la Turquie après l'interdiction de plusieurs meetings en faveur du référendum, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, le quotidien allemand Bild avait titré: "Si Atatürk avait été là, il aurait dit non" au renforcement des pouvoirs d'Erdogan. "Ce que nous voulons faire, Atatürk l'avait fait", avait encore répliqué Erdogan.
Directions opposées
Si les deux hommes ont en commun de s'être donné pour mission de fonder une Turquie nouvelle, à l'image de leurs ambitions, ils sont pourtant on ne peut plus opposés sur le plan politique. Avec son projet de révision constitutionnelle qui renforcerait considérablement les prérogatives du président, Erdogan inquiète ses détracteurs qui redoutent qu'il instaure un pouvoir monopolisé par un seul homme.
Certains craignent même que cette quête de pouvoir ne sonne le glas de la république république parlementaire laïque fondée par Mustafa Kemal au début du 20e siècle sur les cendres de l'Empire ottoman car Erdogan porte, lui, un projet islamo-conservateur et aime invoquer la gloire passée des sultans.
En autorisant le port du voile dans les institutions publiques et les universités, en encourageant l'ouverture d'un nombre croissant d'écoles "imam hatip", qui mêlent éducation religieuse et généraliste, Recep Tayyip Erdogan tente, selon ses critiques, d'islamiser la société alors que le Président de la Turquie de 1923 à 1938 avait tournée vers l'Occident.
"Erdogan ne rivalise qu'avec Atatürk"
"Tout comme Atatürk a façonné le paysage sociopolitique de la Turquie, Erdogan aussi veut transformer la Turquie, pour en faire une société profondément musulmane", estime Söner Cagaptay, auteur de "The New Sultan", selon lequel "Erdogan est la personne la plus puissante en Turquie depuis presqu'un siècle, et ne rivalise qu'avec Atatürk".
Erdogan semble en effet déterminé à laisser une trace profonde dans l'histoire de son pays. "Un homme meurt, son oeuvre lui survit", répète souvent le chef de l'Etat, multipliant les références aux sultans. Ses gigantesques projets d'infrastructures ont d'ores et déjà transformé le visage de la Turquie, et en particulier d'Istanbul, où un troisième pont enjambe désormais le Bosphore, également traversé par plusieurs tunnels.
La révision constitutionnelle qui a été soumise au vote des Turcs dimanche permettra en théorie à Erdogan de rester au pouvoir jusqu'à au moins 2029. Il serait alors âgé de 75 ans et serait resté 15 ans à la tête du pays, exactement comme Atatürk.
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