"Gros Plans, Paysages urbains de Tunisie" est une exposition de plans, dessins et photographies de Jellal Abdelkafi, architecte-paysagiste, urbaniste qui se déroulera au Palais Kheireddine, du 12 au 31 mai 2017 et fera partie de la programmation de l'évènement Jaou Tunis 2017 organisé du 12 au 17 mai prochain.
Témoignage inédit sur une période fondatrice de la Tunisie contemporaine dans les domaines de l’aménagement du territoire, de la planification urbaine et de la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel, celle-ci se veut être un "vecteur de transmission et de partage des savoirs, des savoir-faire et des expériences accumulés" d'autant plus que cette exposition a permis de faire l’inventaire et la numérisation de ce fonds documentaire personnel dont Jellal Abdelkafi a décidé de faire donation aux Archives Nationales de Tunisie, afin qu’il soit à la disposition des générations à venir.
"Par delà l’évocation d’un parcours individuel, l’exposition est un hommage à toute cette génération de professionnels de divers profils qui ont contribué à l’édification de la Tunisie d’après l’indépendance" affirme Houria Zourgane Abdelkafi au HuffPost Tunisie.
A quelques jours de la première de cette exposition, le HuffPost Tunisie est allé à la rencontre Houria Zourgane Abdelkafi, commissaire de l'exposition. Interview.
HuffPost Tunisie: Tout d'abord, comment est venue l'idée d'une telle exposition?
Houria Zourgane Abdelkafi: Ce n’était pas juste une idée, l’envie d’exposer des travaux personnels. Il y avait, à la base, l’intention, la volonté, la nécessité de transmettre un savoir, de témoigner d’une expérience dans un domaine professionnel à la croisée de plusieurs champs disciplinaires et peu accessible grand public.
Ce travail de transmission, Jellal Abdelkafi a toujours aimé l’exercer, en tant qu’enseignant et surtout encadrant pour les stagiaires et les étudiants en architecture et en urbanisme préparant leur diplôme. Constatant les lacunes dans leur culture générale, les recommandations qu’il leur prodiguait en premier lieu portaient toujours sur les conseils de lectures, les références indispensables à la compréhension du métier. Il s’agissait de combler les déficits de connaissance, de restituer les chaînons manquants dans la transmission des savoirs.
En 50 ans de carrière au service de la collectivité, Jellal Abdelkafi a constitué un fonds documentaire personnel (plans, ouvrages, dessins, cartes, photographies, études, revues professionnelles) exceptionnel par la richesse et la rareté de son contenu et qui mérite d’être valorisé et transmis à la jeune génération. L’exposition et le livre qui l’accompagnent actent cette volonté.
Cette exposition se veut également historique, scientifique, analytique en quelque sorte, quel en est l'objectif? Qu'avez-vous recherché à travers celle-ci?
L’expo a pour objectifs de transmettre et éclairer les faits du passé et de les mettre en perspective pour mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui; il s’agit de rétablir les liens de la mémoire urbaine, cette géographie intime que chacun porte en soi.
Faire découvrir le processus d’évolution de la ville, comment elle se construit, comment elle vit, comment elle peut se détériorer, s’améliorer aussi, faire rêver …Sensibiliser les professionnels, les institutionnels, les élus, les simples citoyens aux enjeux qui déterminent le devenir de l’espace commun.
Enfin, informer, aider à comprendre ce qu’est un plan d’aménagement urbain, pas toujours facile à lire pour le commun des mortels, ce que peuvent signifier des lignes tracées dans le concret, sur le terrain.
La question de l'aménagement du territoire, de l'espace urbain, la planification urbaine sont autant de sujets auxquels seront bientôt confrontés les citoyens à travers les premières élections locales en Tunisie depuis la révolution. L'idée était-elle également de préparer les citoyens à avoir un regard plus pointu sur sa ville?
Oui! Le calendrier fait que l’exposition est en résonance immédiate avec l’actualité politique. Elle intervient au moment décisif où le pays s’engage dans le processus de décentralisation du territoire et de déconcentration des services de l’État, à l’heure de la communalisation de l’ensemble du territoire visant à donner la parole aux citoyens.
L’exposition et le livre qui l’accompagne invitent à une réflexion sur les pratiques professionnelles et les politiques de l’aménagement du territoire, de la planification urbaine, du développement régional; sujets qui se trouvent au cœur du débat politique actuel.
Les questions sont nombreuses: Comment vont être gérées les nouvelles communes? Dans quel cadre de cohérence juridique et technique? Avec quelles ressources financières et humaines? A-t-on pensé à la formation des divers profils professionnels qui auront en charge la gouvernance de ces collectivités?
Pour tenter d’apporter une contribution à ce débat national de la plus haute importance, un séminaire et un colloque réuniront des professionnels, des institutionnels et des citoyens autour des problématiques de la professionnalisation des personnels des collectivités locales, de l’aménagement du territoire, de la planification urbaine, et de la conservation des paysages naturels et culturels.
Préparer le citoyen à ce nouveau contexte qui va se mettre en place, c’est, en lui donnant quelques clés élémentaires de lecture de ces enjeux, l’inciter à s’investir pleinement dans la gestion des affaires de la cité en tant qu’acteur à part entière, de l’avenir de son territoire, de la construction d’un cadre de vie collectif plus agréable, plus humain, engager les premiers pas vers cette démocratie participative que le citoyen appelle de ses vœux.
Le thème de l'urbanisme peut paraitre assez abstrait pour une partie de tunisiens. Qu'avez-vous à leur dire pour les encourager à venir découvrir cette exposition?
Le sujet est assurément ardu! C’est pourquoi la préoccupation majeure de l’équipe a été de présenter un rendu aussi clair et accessible que possible, de trouver des solutions graphiques et scénographiques pour le rendre attrayant, d’essayer, en tout cas, d’accrocher le regard et l’intérêt du visiteur, pour qu’au moins, il s’interroge sur ce qui lui est présenté.
Un gros effort de pédagogie a été nécessaire: des photos, des textes, des repères historiques aident à la compréhension; mais ce qui est sûr, et c’est le métier d’urbaniste qui le veut, l’exposition exige aussi du visiteur un effort d’attention et une implication. Mais comme elle est là pour trois semaines, il y a le temps qu’il faut pour y revenir!
Témoignage inédit sur une période fondatrice de la Tunisie contemporaine dans les domaines de l’aménagement du territoire, de la planification urbaine et de la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel, celle-ci se veut être un "vecteur de transmission et de partage des savoirs, des savoir-faire et des expériences accumulés" d'autant plus que cette exposition a permis de faire l’inventaire et la numérisation de ce fonds documentaire personnel dont Jellal Abdelkafi a décidé de faire donation aux Archives Nationales de Tunisie, afin qu’il soit à la disposition des générations à venir.
"Par delà l’évocation d’un parcours individuel, l’exposition est un hommage à toute cette génération de professionnels de divers profils qui ont contribué à l’édification de la Tunisie d’après l’indépendance" affirme Houria Zourgane Abdelkafi au HuffPost Tunisie.
A quelques jours de la première de cette exposition, le HuffPost Tunisie est allé à la rencontre Houria Zourgane Abdelkafi, commissaire de l'exposition. Interview.
HuffPost Tunisie: Tout d'abord, comment est venue l'idée d'une telle exposition?
Houria Zourgane Abdelkafi: Ce n’était pas juste une idée, l’envie d’exposer des travaux personnels. Il y avait, à la base, l’intention, la volonté, la nécessité de transmettre un savoir, de témoigner d’une expérience dans un domaine professionnel à la croisée de plusieurs champs disciplinaires et peu accessible grand public.
Ce travail de transmission, Jellal Abdelkafi a toujours aimé l’exercer, en tant qu’enseignant et surtout encadrant pour les stagiaires et les étudiants en architecture et en urbanisme préparant leur diplôme. Constatant les lacunes dans leur culture générale, les recommandations qu’il leur prodiguait en premier lieu portaient toujours sur les conseils de lectures, les références indispensables à la compréhension du métier. Il s’agissait de combler les déficits de connaissance, de restituer les chaînons manquants dans la transmission des savoirs.
En 50 ans de carrière au service de la collectivité, Jellal Abdelkafi a constitué un fonds documentaire personnel (plans, ouvrages, dessins, cartes, photographies, études, revues professionnelles) exceptionnel par la richesse et la rareté de son contenu et qui mérite d’être valorisé et transmis à la jeune génération. L’exposition et le livre qui l’accompagnent actent cette volonté.
Cette exposition se veut également historique, scientifique, analytique en quelque sorte, quel en est l'objectif? Qu'avez-vous recherché à travers celle-ci?
L’expo a pour objectifs de transmettre et éclairer les faits du passé et de les mettre en perspective pour mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui; il s’agit de rétablir les liens de la mémoire urbaine, cette géographie intime que chacun porte en soi.
Faire découvrir le processus d’évolution de la ville, comment elle se construit, comment elle vit, comment elle peut se détériorer, s’améliorer aussi, faire rêver …Sensibiliser les professionnels, les institutionnels, les élus, les simples citoyens aux enjeux qui déterminent le devenir de l’espace commun.
Enfin, informer, aider à comprendre ce qu’est un plan d’aménagement urbain, pas toujours facile à lire pour le commun des mortels, ce que peuvent signifier des lignes tracées dans le concret, sur le terrain.
La question de l'aménagement du territoire, de l'espace urbain, la planification urbaine sont autant de sujets auxquels seront bientôt confrontés les citoyens à travers les premières élections locales en Tunisie depuis la révolution. L'idée était-elle également de préparer les citoyens à avoir un regard plus pointu sur sa ville?
Oui! Le calendrier fait que l’exposition est en résonance immédiate avec l’actualité politique. Elle intervient au moment décisif où le pays s’engage dans le processus de décentralisation du territoire et de déconcentration des services de l’État, à l’heure de la communalisation de l’ensemble du territoire visant à donner la parole aux citoyens.
L’exposition et le livre qui l’accompagne invitent à une réflexion sur les pratiques professionnelles et les politiques de l’aménagement du territoire, de la planification urbaine, du développement régional; sujets qui se trouvent au cœur du débat politique actuel.
Les questions sont nombreuses: Comment vont être gérées les nouvelles communes? Dans quel cadre de cohérence juridique et technique? Avec quelles ressources financières et humaines? A-t-on pensé à la formation des divers profils professionnels qui auront en charge la gouvernance de ces collectivités?
Pour tenter d’apporter une contribution à ce débat national de la plus haute importance, un séminaire et un colloque réuniront des professionnels, des institutionnels et des citoyens autour des problématiques de la professionnalisation des personnels des collectivités locales, de l’aménagement du territoire, de la planification urbaine, et de la conservation des paysages naturels et culturels.
Préparer le citoyen à ce nouveau contexte qui va se mettre en place, c’est, en lui donnant quelques clés élémentaires de lecture de ces enjeux, l’inciter à s’investir pleinement dans la gestion des affaires de la cité en tant qu’acteur à part entière, de l’avenir de son territoire, de la construction d’un cadre de vie collectif plus agréable, plus humain, engager les premiers pas vers cette démocratie participative que le citoyen appelle de ses vœux.
Le thème de l'urbanisme peut paraitre assez abstrait pour une partie de tunisiens. Qu'avez-vous à leur dire pour les encourager à venir découvrir cette exposition?
Le sujet est assurément ardu! C’est pourquoi la préoccupation majeure de l’équipe a été de présenter un rendu aussi clair et accessible que possible, de trouver des solutions graphiques et scénographiques pour le rendre attrayant, d’essayer, en tout cas, d’accrocher le regard et l’intérêt du visiteur, pour qu’au moins, il s’interroge sur ce qui lui est présenté.
Un gros effort de pédagogie a été nécessaire: des photos, des textes, des repères historiques aident à la compréhension; mais ce qui est sûr, et c’est le métier d’urbaniste qui le veut, l’exposition exige aussi du visiteur un effort d’attention et une implication. Mais comme elle est là pour trois semaines, il y a le temps qu’il faut pour y revenir!
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