A la fin de l'année 2016, une exposition inédite aura lieu en Tunisie.
Plusieurs oeuvres et objets de la période 1837-1881 seront exposés pendant 3 mois au Palais "Q'sar Es-Saïd".
A l'initiative de la fondation Rambourg Tunisie pour la promotion de la culture et de l'éducation et en partenariat avec l'Institut National du Patrimoine, l'exposition intitulée "L'éveil d'une nation: L'art à l'aube de la Tunisie moderne (1837-1881)" se veut être une oeuvre de mémoire qui renoue avec l'histoire et qui mettra en lumière ce qui fut une période charnière et fondatrice de l’histoire tunisienne: celle des grandes réformes du XIXe siècle conduites sous les derniers beys de la Tunisie ottomane et qui engagea le pays sur la voie de la modernité.
Pour Ridha Moumni, historien d’art et commissaire de l'exposition, "le but de cette exposition est de parler de l'Histoire de la Tunisie, à travers l’art. Il s'agit de mettre en avant la modernité du pays à travers la démocratisation du patrimoine", affirme t-il au HuffPost Tunisie.
Car oui, une majorité des oeuvres qui seront exposées appartiennent à l'État tunisien et sont confinées, depuis des décennies, au palais "Q’sar Es -Saïd" du Bardo.
Le Palais Q’sar Es Saïd
Ancien palais beylical situé en face du musée du Bardo, le Palais était la résidence de Sadok Bey qui s'y installa en 1869. C'est dans ce Palais que fut signé en 1881, le traité du Bardo mettant la Tunisie sous protectorat français.
En 1951, Lamine Bey en fait un centre hospitalier qui sera délaissé au cours du temps.
Livré à lui même, ce Palais renaitra de ses cendres à l'initiative de la Fondation Rambourg Tunisie, le temps de l'exposition.
Le choix de ce Palais s'inscrit aussi dans "la logique de démocratisation de la Culture" explique Ridha Moumni avant d'ajouter que "C'est un lieu qui a une identité tunisienne très forte".
Le faire connaitre, lui redonner son âme et en faire un musée, tels sont les objectifs de la fondation.
Crédit photo: Fondation Rambourg Tunisie ©
1837-1881: Une ère de modernité
Le choix de mettre en avant cette période de l'histoire est un choix assumé selon Ridha Moumni: "La Tunisie est moderne et avant-gardiste depuis des siècles. La modernité fait partie de notre identité".
Le lieu comme la période choisie représentent une "vue, un panorama de la société tunisienne. Toutes les communautés étaient présentes et rassemblées à toutes les échelles de la société", affirme Ridha Moumni.
Le bon moment
Le timing de cette exposition a du répondre à plusieurs impératifs. "Tout d'abord nous fêtons le 60eme anniversaire de l'indépendance et le 5eme anniversaire de la révolution cette année", dit le commissaire de l’exposition, "de plus, l'Histoire doit se digérer, cela prend du temps. Et aujourd'hui, on peut parler d'Histoire sans autocensure. On a les mains libres pour en parler" indique t-il.
Une liberté qui se ressent dans l'engouement suscité par le projet: "On sent que les différents acteurs culturels ne veulent plus être spectateurs mais veulent intervenir, être acteurs et même être dans le mécénat", confie Ridha Moumni.
Si les acteurs privés s'intéressent de plus en plus à la culture et au patrimoine, l'État, à travers l'Institut National du Patrimoine en prend aussi conscience. En effet, la Fondation Rambourg Tunisie, se chargera de restaurer une partie du Palais "Q’sar Es Saïd" mais aussi et surtout les oeuvres laissées à l'abandon, souvent dans un piètre état.
11 à 12 restaurateurs, tunisiens et étrangers, travaillent nuit et jour afin de redonner vie à ces oeuvres, parfois écornées, parfois partiellement effacées.
Crédit photo: Fondation Rambourg Tunisie ©
"C'est la première fois que l'on obtient une autorisation de l'Institut National du Patrimoine (INP)", affirme fièrement Ridha Moumni avant d'ajouter "Il y a cette volonté commune de partager, avec le plus grand nombre de personnes, notre Histoire. L'INP nous facilite les choses".
Se réconcilier avec l'Histoire
L'objectif de cette exposition est de sensibiliser le plus grand monde à l'Histoire de son pays: "On vise tout le monde, mais les écoliers de l'ensemble du territoire sont privilégiés afin de leur faire connaitre leur Histoire, une histoire non politisée et basée sur des faits historiques", déclare Ridha Moumni.
Cette exposition est aussi,selon lui, propice à ouvrir un débat sur cette période de modernité: "Le but est de dépassionner le débat par rapport à cette période. C'est un pan très important de l'Histoire et de notre identité. Cette période doit être enseignée à l'école. Il ne faut plus cloisonner certaines périodes" indique t-il.
Briser les tabous de l'Histoire, faire tomber les chaines, voilà l'autre leitmotiv de cette exposition: "Il faut se réconcilier avec notre Histoire, et pour cela rien de mieux que de se la réapproprier" déclare Ridha Moumni .
"La gestion du patrimoine doit également relever du collectif. Celui-ci est national, il appartient à tout le monde. La collection qui sera exposée était cachée depuis des décennies, ça montre le contrôle de l'État sur le patrimoine" dit-il.
Un travail de titans
Remettre en état les oeuvres aura pris 6 mois. 6 mois de travail de fourmi "pour faire de cette exposition un rendez-vous avec l'histoire" affirme Ridha Moumni.
"Les toiles étaient dégradées. Elles ont passé des dizaines d’années dans la réserve du Palais. Il fallait les présenter dans la meilleure apparence possible" indique t-il. "C'est un moyen de sensibiliser les gens à l'art dans l'espace public mais aussi et surtout à la conservation de notre patrimoine".
Crédit photo: Fondation Rambourg Tunisie ©
Pour préparer cette exposition, qui s'étalera sur 3 mois, il a fallu un travail d'un an et trois mois de préparation, pour un résultat qui se veut unique avec près d'une centaine de pièces présentées au grand public.
"Il s'agit du plus gros projet de la fondation que ce soit en terme de budget, de communication, d'impact... L'objectif est vraiment d'en faire une vitrine du patrimoine historique et culturel tunisien" indique t-il.
Pour que l'exposition soit un succès tant visuel que culturel et historique, tout sera mis en place pour que l'oeuvre présentée soit sublimée: "On a créé une synergie autour de ce projet et surtout autour de ces oeuvres. Ainsi un comité scientifique de professeurs étrangers s'occupera des propos attachés aux toiles et une scénographie sera établie", conclut M. Moumni.
Plusieurs oeuvres et objets de la période 1837-1881 seront exposés pendant 3 mois au Palais "Q'sar Es-Saïd".
A l'initiative de la fondation Rambourg Tunisie pour la promotion de la culture et de l'éducation et en partenariat avec l'Institut National du Patrimoine, l'exposition intitulée "L'éveil d'une nation: L'art à l'aube de la Tunisie moderne (1837-1881)" se veut être une oeuvre de mémoire qui renoue avec l'histoire et qui mettra en lumière ce qui fut une période charnière et fondatrice de l’histoire tunisienne: celle des grandes réformes du XIXe siècle conduites sous les derniers beys de la Tunisie ottomane et qui engagea le pays sur la voie de la modernité.
Pour Ridha Moumni, historien d’art et commissaire de l'exposition, "le but de cette exposition est de parler de l'Histoire de la Tunisie, à travers l’art. Il s'agit de mettre en avant la modernité du pays à travers la démocratisation du patrimoine", affirme t-il au HuffPost Tunisie.
Car oui, une majorité des oeuvres qui seront exposées appartiennent à l'État tunisien et sont confinées, depuis des décennies, au palais "Q’sar Es -Saïd" du Bardo.
Le Palais Q’sar Es Saïd
Ancien palais beylical situé en face du musée du Bardo, le Palais était la résidence de Sadok Bey qui s'y installa en 1869. C'est dans ce Palais que fut signé en 1881, le traité du Bardo mettant la Tunisie sous protectorat français.
En 1951, Lamine Bey en fait un centre hospitalier qui sera délaissé au cours du temps.
Livré à lui même, ce Palais renaitra de ses cendres à l'initiative de la Fondation Rambourg Tunisie, le temps de l'exposition.
Le choix de ce Palais s'inscrit aussi dans "la logique de démocratisation de la Culture" explique Ridha Moumni avant d'ajouter que "C'est un lieu qui a une identité tunisienne très forte".
Le faire connaitre, lui redonner son âme et en faire un musée, tels sont les objectifs de la fondation.
1837-1881: Une ère de modernité
Le choix de mettre en avant cette période de l'histoire est un choix assumé selon Ridha Moumni: "La Tunisie est moderne et avant-gardiste depuis des siècles. La modernité fait partie de notre identité".
Le lieu comme la période choisie représentent une "vue, un panorama de la société tunisienne. Toutes les communautés étaient présentes et rassemblées à toutes les échelles de la société", affirme Ridha Moumni.
"Le mélange entre le style dit 'arabo-andalou' et les styles européens 'italianisant' était présent tant en politique, que dans l'art en matière d'architecture".
Le bon moment
Le timing de cette exposition a du répondre à plusieurs impératifs. "Tout d'abord nous fêtons le 60eme anniversaire de l'indépendance et le 5eme anniversaire de la révolution cette année", dit le commissaire de l’exposition, "de plus, l'Histoire doit se digérer, cela prend du temps. Et aujourd'hui, on peut parler d'Histoire sans autocensure. On a les mains libres pour en parler" indique t-il.
Une liberté qui se ressent dans l'engouement suscité par le projet: "On sent que les différents acteurs culturels ne veulent plus être spectateurs mais veulent intervenir, être acteurs et même être dans le mécénat", confie Ridha Moumni.
Si les acteurs privés s'intéressent de plus en plus à la culture et au patrimoine, l'État, à travers l'Institut National du Patrimoine en prend aussi conscience. En effet, la Fondation Rambourg Tunisie, se chargera de restaurer une partie du Palais "Q’sar Es Saïd" mais aussi et surtout les oeuvres laissées à l'abandon, souvent dans un piètre état.
11 à 12 restaurateurs, tunisiens et étrangers, travaillent nuit et jour afin de redonner vie à ces oeuvres, parfois écornées, parfois partiellement effacées.
"C'est la première fois que l'on obtient une autorisation de l'Institut National du Patrimoine (INP)", affirme fièrement Ridha Moumni avant d'ajouter "Il y a cette volonté commune de partager, avec le plus grand nombre de personnes, notre Histoire. L'INP nous facilite les choses".
Se réconcilier avec l'Histoire
L'objectif de cette exposition est de sensibiliser le plus grand monde à l'Histoire de son pays: "On vise tout le monde, mais les écoliers de l'ensemble du territoire sont privilégiés afin de leur faire connaitre leur Histoire, une histoire non politisée et basée sur des faits historiques", déclare Ridha Moumni.
Cette exposition est aussi,selon lui, propice à ouvrir un débat sur cette période de modernité: "Le but est de dépassionner le débat par rapport à cette période. C'est un pan très important de l'Histoire et de notre identité. Cette période doit être enseignée à l'école. Il ne faut plus cloisonner certaines périodes" indique t-il.
Briser les tabous de l'Histoire, faire tomber les chaines, voilà l'autre leitmotiv de cette exposition: "Il faut se réconcilier avec notre Histoire, et pour cela rien de mieux que de se la réapproprier" déclare Ridha Moumni .
"La gestion du patrimoine doit également relever du collectif. Celui-ci est national, il appartient à tout le monde. La collection qui sera exposée était cachée depuis des décennies, ça montre le contrôle de l'État sur le patrimoine" dit-il.
Un travail de titans
Remettre en état les oeuvres aura pris 6 mois. 6 mois de travail de fourmi "pour faire de cette exposition un rendez-vous avec l'histoire" affirme Ridha Moumni.
"Les toiles étaient dégradées. Elles ont passé des dizaines d’années dans la réserve du Palais. Il fallait les présenter dans la meilleure apparence possible" indique t-il. "C'est un moyen de sensibiliser les gens à l'art dans l'espace public mais aussi et surtout à la conservation de notre patrimoine".
Pour préparer cette exposition, qui s'étalera sur 3 mois, il a fallu un travail d'un an et trois mois de préparation, pour un résultat qui se veut unique avec près d'une centaine de pièces présentées au grand public.
"Il s'agit du plus gros projet de la fondation que ce soit en terme de budget, de communication, d'impact... L'objectif est vraiment d'en faire une vitrine du patrimoine historique et culturel tunisien" indique t-il.
Pour que l'exposition soit un succès tant visuel que culturel et historique, tout sera mis en place pour que l'oeuvre présentée soit sublimée: "On a créé une synergie autour de ce projet et surtout autour de ces oeuvres. Ainsi un comité scientifique de professeurs étrangers s'occupera des propos attachés aux toiles et une scénographie sera établie", conclut M. Moumni.
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