Chemseddine Marzoug est un volontaire au Croissant rouge à Zarzis. Sa mission: enterrer les migrants échoués sur la place et ce depuis dix ans. Dix années où il a pu voir "l'horreur", raconte-il au HuffPost Tunisie.
Cet ancien pêcheur connait bien la mer et ses tourments, elle qui a été pour lui une source de revenu. Toutefois, il lui a fallu de "la solidité du coeur" pour pouvoir faire ce qu'il fait. "Des cadavres engloutis des jours et des semaines au fond de la mer, vous pouvez imaginer leur état".
Un état de décomposition "insoutenable à voir" pour certains, même pour les volontaires humanitaires. Il est le seul avec un ami à "se surpasser" pour offrir un enterrement respectueux à ces infortunés. Chose qui n'est pas aussi évidente comme cela en a l'air.
"Avant, on ramassait les cadavres comme on faisait pour les déchets, avec une pelleteuse et on les jetait tous dans un trou. C'était honteux mais personne ne pouvait faire autrement. Maintenant, qu'on s'est débarrassé de la dictature, il faut pouvoir en parler et ne plus permettre de telles atrocités funestes" raconte-t-il.
Les migrants, dont l'écrasante majorité sont des Africains, ont embarqué des côtes libyennes frontalières espérant rejoindre l'"eldorado européen".
"La religion dit que pour préserver la dignité du défunt il faut l'enterrer vite, Dieu évoque le mort en général, pas que le musulman, alors pourquoi on fait une exception pour ces gens là", s'exclame-t-il.
Chemseddine soupçonne un fondement raciste à la marginalisation nationale et internationale de cette question: "Certains pensent qu'ils sont moins que rien", fustige-t-il.
"Certains ont plus de considération pour des animaux en leur offrant un enterrement digne alors que ces humains n'ont pas le droit à ça". L'humanitaire appelle d'ailleurs les autorités et les donateurs à offrir un autre carré aux migrants car en l'état l'actuel, il n'y a plus que sept places. "Il suffit qu'une tempête éclate pour que le courant rabat sur les plages d'autres cadavres et pour que ce nombre soit atteint".
Chemseddine se bat seul mais espère que sa cause gagne la sympathie de plusieurs personnes: "Ce que je fais n'est pas une fierté mais un devoir humain. Ces migrants, j'ai eu l'occasion de les côtoyer quand j'étais volontaire à Ras Jdir et ailleurs, ce sont des gens qui étaient malheureux dans leur vie; malmenés dans leurs pays d'origine; volés et torturés en Libye puis morts tragiquement en mer. Essayons au moins de leurs rendre un peu de respect en les enterrant dignement", a-t-il conclu.
Cet ancien pêcheur connait bien la mer et ses tourments, elle qui a été pour lui une source de revenu. Toutefois, il lui a fallu de "la solidité du coeur" pour pouvoir faire ce qu'il fait. "Des cadavres engloutis des jours et des semaines au fond de la mer, vous pouvez imaginer leur état".
Un état de décomposition "insoutenable à voir" pour certains, même pour les volontaires humanitaires. Il est le seul avec un ami à "se surpasser" pour offrir un enterrement respectueux à ces infortunés. Chose qui n'est pas aussi évidente comme cela en a l'air.
"Avant, on ramassait les cadavres comme on faisait pour les déchets, avec une pelleteuse et on les jetait tous dans un trou. C'était honteux mais personne ne pouvait faire autrement. Maintenant, qu'on s'est débarrassé de la dictature, il faut pouvoir en parler et ne plus permettre de telles atrocités funestes" raconte-t-il.
Les migrants, dont l'écrasante majorité sont des Africains, ont embarqué des côtes libyennes frontalières espérant rejoindre l'"eldorado européen".
Ils sont désormais enterrés dans un carré qui leur est dédié. Mais avant de se reposer dans leur dernier voyage, les cadavres suivent le chemin semé d'embûches des paperasses administratives, s'indigne Chemseddine: "Entre l'examen du médecin légiste, l'ordre d'enterrement, le va-et-vient pour obtenir les papiers nécessaires des autorités locales et l'exécution lente de la municipalité dont le rôle consiste à ce qu'un agent en pelleteuse vienne creuser la tombe. Les choses traînent. On fait face à la bureaucratie et à la nonchalance de certains qui ne font pas le travail pour lequel ils sont payés", déplore l'homme de 50 ans.
"La religion dit que pour préserver la dignité du défunt il faut l'enterrer vite, Dieu évoque le mort en général, pas que le musulman, alors pourquoi on fait une exception pour ces gens là", s'exclame-t-il.
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Chemseddine soupçonne un fondement raciste à la marginalisation nationale et internationale de cette question: "Certains pensent qu'ils sont moins que rien", fustige-t-il.
"Certains ont plus de considération pour des animaux en leur offrant un enterrement digne alors que ces humains n'ont pas le droit à ça". L'humanitaire appelle d'ailleurs les autorités et les donateurs à offrir un autre carré aux migrants car en l'état l'actuel, il n'y a plus que sept places. "Il suffit qu'une tempête éclate pour que le courant rabat sur les plages d'autres cadavres et pour que ce nombre soit atteint".
Chemseddine se bat seul mais espère que sa cause gagne la sympathie de plusieurs personnes: "Ce que je fais n'est pas une fierté mais un devoir humain. Ces migrants, j'ai eu l'occasion de les côtoyer quand j'étais volontaire à Ras Jdir et ailleurs, ce sont des gens qui étaient malheureux dans leur vie; malmenés dans leurs pays d'origine; volés et torturés en Libye puis morts tragiquement en mer. Essayons au moins de leurs rendre un peu de respect en les enterrant dignement", a-t-il conclu.
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