Dans "On ne naît pas grosse", Gabrielle Deydier donne un visage et une voix aux 16% de Français obèses.
Un pantalon acheté en taille 8 ans. Voilà un moment clé de l'histoire de Gabrielle Deydier. En septembre 1995, à 16 ans, l'adolescente veut s'acheter un jeans pour la rentrée. Le 8 ans est un peu juste alors, elle prend la taille au-dessus. "Ma fille s'habille en 10 ans.. C'est une taille pour obèse ça", lui dira sa mère quand elle lui montre son achat.
Dans les mois suivants, elle essaie de contrôler son corps en suivant les conseils diététiques et d'exercices physiques des magazines féminins. Au printemps, une visite chez un endocrinologue amorce le début des vrais ennuis. Il lui diagnostique une maladie qu'elle n'a pas et un régime draconien pour qu'elle perde du poids. Son rapport à la nourriture se détériore, les crises d'hyperphagie et les phases de régimes se succèdent et se chevauchent. Les critiques à la maison, les moqueries à l'école s'enchaînent.
Vingt deux ans plus tard, Gabrielle Deydier a 38 ans. Elle mesure 5 pieds 2 pour 330 livres et publie ce 15 juin "On ne naît pas grosse", une enquête sur ce qui l'a poussée à atteindre aujourd'hui ce poids. "J'ai décidé d'écrire pour ne plus m'excuser d'exister", écrit-elle. Ce témoignage courageux donne un visage aux 16% de Français obèses, bien souvent invisibles pour ne pas avoir à faire face à une société peu encline à les intégrer.
Un combat contre la grossophobie
"Les réactions de rejets peuvent être super violentes", témoigne-t-elle, interrogée par Le HuffPost, parlant de grossophobie voire de "racisme anti-gros". Au quotidien, cela ressemble à une remarque à la boulangerie pas plus tard que cette semaine, des moqueries à la piscine de son quartier où elle se rend très régulièrement ou des remarques incessantes dans son ancienne salle de sport ou sur son lieu de travail. Elle souligne le paradoxe de ce traitement. "Grossir devient de plus en plus 'facile', mais les obèses sont des pestiférés. Ils rasent les murs - quand ils sortent encore de chez eux".
Et cela est dû à l'ignorance du grand public des mécanismes qui entraînent ce genre de prises de poids. "Être gros, c'est encore vu comme une carence de la volonté", déplore Gabrielle Deydier. "Dans l'esprit des gens, ce n'est qu'une question d'alimentation et d'absence de sport". Cette enquête montre que la prise de poids est plus complexe qu'une succession d'assiettes trop garnies sans occulter la question de l'alimentation, évidemment.
Pression psychologique, conditionnement familial, rejet de la société, incompréhension du monde médical, la liste est longue. D'ailleurs, ce livre aura servi à Gabrielle de thérapie. "En l'écrivant, j'ai perdu du poids. Mais attention, je ne suis pas de régime, je n'ai pas d'objectif, ni d'échéance. Simplement, en réfléchissant à mon rapport à la nourriture, j'ai mieux compris comment éviter les crises, j'ai appris à m'écouter."
Si elle dénonce les discriminations de notre société à l'égard des personnes grosses, Gabrielle Deydier comprend aussi la peur que cela peut engendrer. "C'est normal d'avoir peur d'être touché par ce qui est une pandémie selon les termes de l'OMS. On renvoie l'image de ce que les gens ne veulent pas être, admet-elle sans difficulté. Mais ce n'est pas normal de mettre de côté ces personnes. Il faut lutter contre l'obésité mais pas contre les personnes obèses."
Mais le chemin est long pour arriver à une société plus ouverte et Gabrielle Deydier est fatiguée d'entendre l'argument de la "promotion de l'obésité". Certains craignent en effet, qu'à trop montrer ce type de silhouettes, cela renvoie une image trop positive d'un problème de santé. "Sauf à de très, très rares exceptions, personne ne veut devenir obèse. Ce n'est pas en faire la promotion que de montrer plus de physiques comme cela. Il s'agit de donner des exemples positifs et pas seulement sous la forme de défilés de mode."
Expliquer que faire des régimes ça fait grossir
Pour mieux inclure les personnes obèses, cela pourrait commencer par les vêtements. Gabrielle Deydier aimerait par exemple que Décathlon fasse des vêtements à sa taille pour pouvoir pratiquer tous les sports, que les vêtements "grandes tailles" soient vendus dans le même rayon que les autres et pas "à côté du rayon des femmes enceintes".
"Il devrait aussi y avoir des campagnes de prévention dans les écoles pour expliquer que faire des régimes ça fait grossir et une meilleure formation du personnel soignant. Si vous maltraitez ces personnes, elles n'iront plus chez le docteur", assure Gabrielle Deydier, qui s'est elle-même longtemps éloignée du monde médical.
Gabrielle le sait, lorsqu'elle a consulté pour la première fois un endocrinologue, elle n'avait pas besoin de faire un régime. Elle était très musclée car très sportive. À l'époque, elle rêvait qu'un adulte lui vienne en aide, la rassure. Elle est restée seule. Combien d'adolescents en France sont dans la même détresse? "On n'a pas besoin d'être gros pour se sentir comme ça", rappelle-t-elle. Lutter contre l'obésité commence là.
Un pantalon acheté en taille 8 ans. Voilà un moment clé de l'histoire de Gabrielle Deydier. En septembre 1995, à 16 ans, l'adolescente veut s'acheter un jeans pour la rentrée. Le 8 ans est un peu juste alors, elle prend la taille au-dessus. "Ma fille s'habille en 10 ans.. C'est une taille pour obèse ça", lui dira sa mère quand elle lui montre son achat.
Dans les mois suivants, elle essaie de contrôler son corps en suivant les conseils diététiques et d'exercices physiques des magazines féminins. Au printemps, une visite chez un endocrinologue amorce le début des vrais ennuis. Il lui diagnostique une maladie qu'elle n'a pas et un régime draconien pour qu'elle perde du poids. Son rapport à la nourriture se détériore, les crises d'hyperphagie et les phases de régimes se succèdent et se chevauchent. Les critiques à la maison, les moqueries à l'école s'enchaînent.
Vingt deux ans plus tard, Gabrielle Deydier a 38 ans. Elle mesure 5 pieds 2 pour 330 livres et publie ce 15 juin "On ne naît pas grosse", une enquête sur ce qui l'a poussée à atteindre aujourd'hui ce poids. "J'ai décidé d'écrire pour ne plus m'excuser d'exister", écrit-elle. Ce témoignage courageux donne un visage aux 16% de Français obèses, bien souvent invisibles pour ne pas avoir à faire face à une société peu encline à les intégrer.
Un combat contre la grossophobie
"Les réactions de rejets peuvent être super violentes", témoigne-t-elle, interrogée par Le HuffPost, parlant de grossophobie voire de "racisme anti-gros". Au quotidien, cela ressemble à une remarque à la boulangerie pas plus tard que cette semaine, des moqueries à la piscine de son quartier où elle se rend très régulièrement ou des remarques incessantes dans son ancienne salle de sport ou sur son lieu de travail. Elle souligne le paradoxe de ce traitement. "Grossir devient de plus en plus 'facile', mais les obèses sont des pestiférés. Ils rasent les murs - quand ils sortent encore de chez eux".
Et cela est dû à l'ignorance du grand public des mécanismes qui entraînent ce genre de prises de poids. "Être gros, c'est encore vu comme une carence de la volonté", déplore Gabrielle Deydier. "Dans l'esprit des gens, ce n'est qu'une question d'alimentation et d'absence de sport". Cette enquête montre que la prise de poids est plus complexe qu'une succession d'assiettes trop garnies sans occulter la question de l'alimentation, évidemment.
Pression psychologique, conditionnement familial, rejet de la société, incompréhension du monde médical, la liste est longue. D'ailleurs, ce livre aura servi à Gabrielle de thérapie. "En l'écrivant, j'ai perdu du poids. Mais attention, je ne suis pas de régime, je n'ai pas d'objectif, ni d'échéance. Simplement, en réfléchissant à mon rapport à la nourriture, j'ai mieux compris comment éviter les crises, j'ai appris à m'écouter."
"On renvoie l'image de ce que les gens ne veulent pas être"
Si elle dénonce les discriminations de notre société à l'égard des personnes grosses, Gabrielle Deydier comprend aussi la peur que cela peut engendrer. "C'est normal d'avoir peur d'être touché par ce qui est une pandémie selon les termes de l'OMS. On renvoie l'image de ce que les gens ne veulent pas être, admet-elle sans difficulté. Mais ce n'est pas normal de mettre de côté ces personnes. Il faut lutter contre l'obésité mais pas contre les personnes obèses."
Mais le chemin est long pour arriver à une société plus ouverte et Gabrielle Deydier est fatiguée d'entendre l'argument de la "promotion de l'obésité". Certains craignent en effet, qu'à trop montrer ce type de silhouettes, cela renvoie une image trop positive d'un problème de santé. "Sauf à de très, très rares exceptions, personne ne veut devenir obèse. Ce n'est pas en faire la promotion que de montrer plus de physiques comme cela. Il s'agit de donner des exemples positifs et pas seulement sous la forme de défilés de mode."
Expliquer que faire des régimes ça fait grossir
Pour mieux inclure les personnes obèses, cela pourrait commencer par les vêtements. Gabrielle Deydier aimerait par exemple que Décathlon fasse des vêtements à sa taille pour pouvoir pratiquer tous les sports, que les vêtements "grandes tailles" soient vendus dans le même rayon que les autres et pas "à côté du rayon des femmes enceintes".
"Il devrait aussi y avoir des campagnes de prévention dans les écoles pour expliquer que faire des régimes ça fait grossir et une meilleure formation du personnel soignant. Si vous maltraitez ces personnes, elles n'iront plus chez le docteur", assure Gabrielle Deydier, qui s'est elle-même longtemps éloignée du monde médical.
Gabrielle le sait, lorsqu'elle a consulté pour la première fois un endocrinologue, elle n'avait pas besoin de faire un régime. Elle était très musclée car très sportive. À l'époque, elle rêvait qu'un adulte lui vienne en aide, la rassure. Elle est restée seule. Combien d'adolescents en France sont dans la même détresse? "On n'a pas besoin d'être gros pour se sentir comme ça", rappelle-t-elle. Lutter contre l'obésité commence là.
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