Un dossier a été déposé au nom du poète tunisien Mnaouer Smadah à l’Instance Vérité et Dignité le 15 juin.
"En déposant ce dossier, je ne demande ni procès populaire, ni compensation matérielle, encore moins vengeance et humiliation des tortionnaires de mon oncle. L’établissement de la vérité et la réhabilitation du citoyen, du poète et de son œuvre poétique sont mes souhaits", explique son neveu Hamza Marzouk à l’origine de cette démarche.
Né en 1931, Mnaouer Smadah a à son actif plusieurs recueils de poésie. Il avait collaboré avec nombre journaux et revues littéraires en Tunisie avant de décider de partir vers l’Algérie pour s’y installer pendant deux ans.
C’est en 1967 que le poète commence à subir les premières pressions exercées par le pouvoir. Marqué par ses différents interrogatoires, Mnaouer Smadah a sombré dans des dépressions répétées qui ont abouti à des crises de démence.
"La marginalisation de l’homme s’est poursuivie pendant la période novembriste (NDLR sous Ben Ali), son oeuvre poétique a été marginalisée comme si le poète avait été un inconnu à la production littéraire tunisienne, lui qui avait épaté les critiques d’Occident et d’Orient", lit-on dans le dossier déposé à l’IVD.
"J’ai déposé le dossier de Mnaouar Smadah parce que c’est un devoir à plus d’un titre: d’abord envers la culture étant donné que le poète est l’un des plus grands poètes de la Tunisie contemporaine et que la tragédie qu’il a vécue illustre parfaitement une violente confrontation entre l’artiste et le régime dictatorial", ajoute Hamza Marzouk.
"C’est un devoir envers les générations futures. Oui, les prochaines générations ont le droit de connaître le poète Mnaouar Smadah et la vérité, rien que la vérité ", conclut-il.
"En déposant ce dossier, je ne demande ni procès populaire, ni compensation matérielle, encore moins vengeance et humiliation des tortionnaires de mon oncle. L’établissement de la vérité et la réhabilitation du citoyen, du poète et de son œuvre poétique sont mes souhaits", explique son neveu Hamza Marzouk à l’origine de cette démarche.
Né en 1931, Mnaouer Smadah a à son actif plusieurs recueils de poésie. Il avait collaboré avec nombre journaux et revues littéraires en Tunisie avant de décider de partir vers l’Algérie pour s’y installer pendant deux ans.
C’est en 1967 que le poète commence à subir les premières pressions exercées par le pouvoir. Marqué par ses différents interrogatoires, Mnaouer Smadah a sombré dans des dépressions répétées qui ont abouti à des crises de démence.
"La marginalisation de l’homme s’est poursuivie pendant la période novembriste (NDLR sous Ben Ali), son oeuvre poétique a été marginalisée comme si le poète avait été un inconnu à la production littéraire tunisienne, lui qui avait épaté les critiques d’Occident et d’Orient", lit-on dans le dossier déposé à l’IVD.
"J’ai déposé le dossier de Mnaouar Smadah parce que c’est un devoir à plus d’un titre: d’abord envers la culture étant donné que le poète est l’un des plus grands poètes de la Tunisie contemporaine et que la tragédie qu’il a vécue illustre parfaitement une violente confrontation entre l’artiste et le régime dictatorial", ajoute Hamza Marzouk.
"C’est un devoir envers les générations futures. Oui, les prochaines générations ont le droit de connaître le poète Mnaouar Smadah et la vérité, rien que la vérité ", conclut-il.
Le HuffPost Tunisie vous propose une traduction de son poème "Kalimat":
Paroles
Petit, je rampais sur les paroles
Enfant qui jouait du verbe et des paroles
Voix sans sens, j’étais, derrière les paroles
Et j’ai dépassé ces années trébuchantes, sur le chemin des paroles
De rêves et d’illusions, ma course derrière les paroles
Et derrière ce temps qui fuit j’ai couru pour les paroles
Je sais que j’ai été injuste envers les paroles
Et j’ai écouté les gens entendre la voix des paroles
J’ai parlé mais sans rendre service aux paroles
Ni sérieux ni ignorant celui qui plonge dans les paroles
J’ai souffert des blessures des paroles
J’ai pleuré la vie, chaudes larmes versées des yeux des paroles
Et je suis mort tant de fois pour les paroles
Ils les ont crucifiées puis les ont héritées les paroles
Car les cœurs des gens sont des tombes pour les paroles
Ils s’y réfugient pour s’en protéger et s’y perdent les paroles
Ce qu’ils ont de sens est mort et ils en sont morts pour les paroles
Marionnettes muettes ignorant la mesure des paroles
C’est un chant humain scandé par les paroles
Un chant au rythme de l’inspiration priant les paroles
Et des visions ivres se jetant sur les vallées des paroles
Elles sont l’âme de la vie chargées des flots des paroles
Rêves éveillés visibles à travers les paroles
Dis à celui qui a peur pour les hommes et qui a peur des paroles
Tu es des lèvres sèches désireuses des paroles
Et un appel inquiet à la voix enrouée de paroles
Le silence te prend alors dis, de grâce, des paroles
Crains-tu les gens alors que le droit est prisonnier pour les paroles
Crains-tu les gens alors que le droit est otage des paroles
Tu es un animal sans raison si ce ne sont les paroles
Végétal ou objet tu es sans les paroles
Qu’espères-tu de la vie sinon des paroles
Tu es un homme, pour les hommes, messager des paroles
Alors parle, souffre et meurs dans les paroles
Et si tu ne vis pas en elle sois toi-même les paroles
Témoin à charge pour eux et pour toi ta charge est paroles
Il disparaît le poète parmi les gens et vivent les paroles
Sans mémoire, ils meurent tous et demeurent les paroles
Traduction réalisée par Inès Oueslati
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