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Tunisie-Le gouvernement Chahed devant le Parlement: État des lieux et enjeux

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POLITIQUE- Le gouvernement "d'union nationale" voulu par le président Béji Caïd Essebsi doit obtenir vendredi, 26 Août, la confiance du Parlement, avant de pouvoir se pencher en urgence sur les lourds défis socio-économiques et sécuritaires auxquels la Tunisie reste confrontée cinq ans après sa révolution.

Sauf surprise, une majorité des 217 députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) devrait voter en faveur de l'équipe de Youssef Chahed, qui à 40 ans deviendrait le plus jeune Premier ministre de l'histoire moderne du pays et aussi le septième chef de gouvernement en moins de six ans.


Le vote ne devrait pas intervenir avant 21H00.

'Réserves'

Une issue favorable marquerait la fin de près de trois mois d'intenses tractations: le 2 juin, le président Caïd Essebsi avait jeté un pavé dans la mare en se disant favorable à un gouvernement "d'union nationale" face aux critiques persistantes contre le cabinet de Habib Essid, un indépendant.

Issu du parti Nidaa Tounès fondé par le chef de l'Etat, Youssef Chahed a été désigné le 3 août par M. Caïd Essebsi. Après l'annonce samedi dernier des 26 ministres et 14 secrétaire d'Etat de sa future équipe, il a eu un avant-goût des difficultés à venir: ses choix ont fait l'objet de multiples "réserves" jusque dans les rangs de ses alliés.

Dans un premier geste d'autorité, il a toutefois exclu de procéder à des changements de dernière minute. "Il y va et assume sa responsabilité", a dit son entourage à l'AFP.


Outre la soixantaine de parlementaires de Nidaa Tounès, Youssef Chahed, un libéral jusque-là ministre des Affaires locales, devrait pouvoir compter sur les 69 députés du parti islamiste Ennahda, première force à l'ARP.

Malgré sa montée en puissance au sein du nouveau cabinet (trois ministres), le parti de Rached Ghannouchi, qui continue de digérer son exercice chaotique du pouvoir entre 2011 et 2014, est apparu tiraillé sur la marche à suivre.


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Après des heures de débats internes, il a accusé --sans les nommer-- certains nouveaux ministres de sectarisme et de corruption, tout en laissant entendre qu'il voterait malgré tout en faveur du gouvernement d'union.

Cet apport doit garantir la majorité absolue à Youssef Chahed, qui pourra à défaut s'appuyer sur le "soutien conditionné" des 24 députés d'Al-Horra, bloc parlementaire né d'une scission avec Nidaa, et des 10 représentants d'Afek Tounès.


Très remonté malgré ses deux ministres, ce dernier a finalement indiqué qu'il voterait la confiance. "Le pays est dans une situation difficile et ne peut attendre", a fait valoir son président Yassine Brahim, tout en promettant que son parti garderait "une distance critique".


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'Courage'


Plus largement, s'il est rajeuni et féminisé, le gouvernement "d'union nationale" n'élargit que modestement son assise partisane: à l'inverse d'Afek, l'Union patriotique libre (UPL), 4e composante de la coalition sortante, a disparu.


Deux personnalités des partis Al-Joumhouri (centre) et Al-Massar (gauche) entrent, mais à titre individuel.

Le Front populaire (gauche) reste ancré dans l'opposition. "Tout le processus engagé n'a aucun sens", a dit à l'AFP Jilani Hammami, un de ses dirigeants.

L'équipe Chahed intègre en revanche de nouvelles personnalités indépendantes ainsi que deux "ex" du puissant syndicat UGTT.

Cette ouverture permettra-t-elle une forme de paix sociale indispensable à la relance de l'économie?

Le gouvernement l'espère mais ne pourra bénéficier d'aucun état de grâce dans un pays qui a connu en janvier sa pire contestation sociale depuis la révolution, preuve que les maux (pauvreté, chômage, disparités, corruption) à l'origine de la chute du dictateur Zine el Abidine Ben Ali sont toujours là.

"Nous entrons dans une nouvelle étape qui requiert des sacrifices, de l'audace, du courage", a clamé dès sa désignation Youssef Chahed, promettant l'"efficacité".

Son équipe devra en faire preuve sur de nombreux fronts, en confirmant par exemple l'accalmie sécuritaire des derniers mois, après une série d'attaques jihadistes sanglantes. Mais aussi en améliorant le cadre de vie quotidien des Tunisiens, qui s'est sensiblement dégradé depuis cinq ans.


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