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Pourquoi l'accord "historique" de l'Opep ne risque pas de faire grimper le prix de l'essence

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CARBURANT - Quand l'Opep ferme les vannes de la production pétrolière, comme elle l'a annoncé le 28 septembre, le prix flambe à la pompe, non? Eh bien, plus vraiment. Si l'Organisation des pays exportateurs de pétrole faisait la pluie et le beau temps par le passé, les temps ont bien changé.

Perte de leadership, dissensions internes, demande mondiale toujours en berne... Que les automobilistes et propriétaires de chaudières au mazout se rassurent, les ingrédients pour assister à une nouvelle flambée des prix ne sont pas réunis. Le prix du baril devrait rester coincé à son nouveau actuel, entre 40 et 50 dollars, loin des records près de 110 dollars en 2014, pour un moment encore.

La réaction positive initiale des marchés tiendrait plus de l'effet de surprise qu'autre chose. "C"est une réaction épidermique. La plupart des membres de l'Opep pompe à un niveau maximal, il n'y a pas de changement de dynamique mondiale... Cet accord, de mon point de vue, ce sont beaucoup de paroles", estime Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.

L'Opep minée par sa perte d'influence...


Elles sont loin les années 70 où le Moyen-Orient détenaient toutes les clés de la production pétrolière mondiale. Depuis le début des années 2000, l'émergence de nouveaux géants est venue contester l'autorité du cartel.

Entre 2005 et 2015, la production des Etats-Unis est passée 6,9 millions de barils par jour à 12,7, notamment grâce au développement du pétrole de schistes bitumineux. Idem au Canada, où la production est passée de 3 à 4,2 millions de barils par jour.

Dans le même temps, l'Arabie saoudite (13% de la production mondiale) n'a augmenté que de 2 millions de barils par jour. L'Opep n'a plus le monopole du pétrole, et de loin.



... et la rivalité entre l'Arabie Saoudite et l'Iran


C'est d'autant plus vrai que l'Opep est minée en interne par la rivalité entre l'Arabie saoudite. L'accord du 28 septembre a été , contre toute attente, parce que l'Arabie Saoudite, membre dominant de l'Opep, a accepté que toute limitation soit épargnée à l'Iran.

En effet, l'Iran (4,2% de la production mondiale) cherche avant tout à retrouver ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire. Une précédente tentative du cartel pour stabiliser le marché avait tourné court en avril, Téhéran ayant refusé de participer.

"C'est clairement l'Arabie saoudite qui a baissé le regard la première, permettant à l'Iran, son principal rival, d'augmenter sa production", a déclaré Jeffrey Halley, analyste chez OANDA. Ryad, qui dépend à 73% des recettes pétrolières, a enregistré en 2015 un déficit budgétaire record, qui l'a conduit à des mesures d'austérité.

"Nous ne devons pas sous-estimer ce changement majeur de la part de l'Arabie. Ces deux là ne sont d'accord sur rien, c'est une concession majeure de l'Arabie destinée à 'lubrifier' le processus". L'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite sont les poids lourds du Moyen-Orient et s'opposent sur toute une série de sujets, comme dans les guerres au Yémen et en Syrie.

La croissance mondiale est toujours aussi atone
(et donc la consommation d'énergie)


L'inconvénient quand on augmente ses prix, c'est que l'on risque de faire baisser la demande. Or, de ce côté là, la croissance mondiale n'annonce rien de bon. Le 28 septembre, la patronne du FMI Christine Lagarde l'a jugée "trop faible", trop inégalitaire, et menacée par un retour au protectionnisme, une "recette économique du passé" qui a déjà échoué.

Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump, au coude à coude avec sa rivale démocrate Hillary Clinton, appelle à rétablir des barrières douanières tandis que le vote britannique en faveur du Brexit a réveillé les craintes d'un repli sur soi économique généralisé.

"Si nous tournons le dos au commerce maintenant, nous étoufferions un des principaux moteurs de la croissance au moment même où l'économie mondiale a besoin de chaque nouvelle positive", a assuré Christine Lagarde depuis Chicago.

En France, les prévisions de croissance restent plafonnées à 1,5% pour 2017, et c'est encore trop optimiste pour beaucoup. En août, le chômage a enregistré sa plus forte hausse mensuelle depuis trois ans.

Bref, ça ne va pas mieux. D'après les analystes de Natixis Research, il n'y a tout simplement pas eu de reprise économique dans la zone euro à partir de 2014. On ne devrait le regain de croissance qu'à l'effet de la baisse du pétrole sur la demande des ménages.

Un retour du baril de pétrole autour de 100 dollars signerait à coup sûr le retour d'une récession. L'Opep est toujours sûre de vouloir faire remonter les prix?

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