CULTURE- Un rapport périodique sur la Tunisie, adopté par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies (CESCR) à sa cinquante-neuvième session, rendu public le 10 octobre, pointe du doigt l'Etat tunisien pour son dénigrement de sa propre culture amazighe.
Ce rapport résulte de l'échange qui a eu lieu le 22 et 23 septembre entre experts onusiens et la délégation du gouvernement tunisien, présidée par Mehdi Ben Gharbia, secrétaire d'Etat chargé des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile et des droits de l’Homme, sur les mesures prises pour mettre en œuvre le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. À cette occasion, la problématique amazighe a été abordée.
Interrogé sur la question amazighe, Mehdi Ben Gharbia avait déclaré que "les minorités, notamment Amazighe, jouissent des mêmes droits constitutionnels que le reste de la population mais le problème qui se pose à présent est celui de la reconnaissance des minorités. Aucune étude n’a été conduite à ce sujet." Et d'ajouter: " toutes les minorités sont accueillies en Tunisie. Il y a une identité arabo-musulmane mais la Constitution protège les minorités. Le gouvernement n’a aucun problème avec une communauté quelle qu’elle soit."
Une réponse qui n'a pas convaincu le comité qui a exprimé via ce rapport "sa préoccupation concernant les informations reçues sur la discrimination que subirait la minorité amazighe, en particulier dans l’exercice des droits culturels, et que le manque de données ventilées par appartenance ethnique et culturelle rend impossible d’évaluer la situation réelle des amazighs".
Et d'ajouter: "Le Comité constate que la définition de l'identité arabe et musulmane de l'Etat partie pourrait conduire à des violations des droits linguistiques et culturels de la minorité amazighe, notamment en imposant l'arabe comme langue exclusive dans l'enseignement public. Il constate enfin, pour la regretter, la faiblesse des moyens budgétaires alloués à la culture et la protection du patrimoine culturel de la population amazighe".
Voici les recommandations du CESCR:
Des recommandations qui corroborent avec les revendications des associations
Pour eux l'enjeu dépasse l'aspect culturel ou linguistique pour englober l'aspect identitaire: "L’Amazighité qui est le socle identitaire en Afrique du nord ne saurait être réduite à un élément, parfois qualifié même de "minoritaire", auquel une petite place doit être accordée. Les Amazighs ne sont pas des invités en Afrique du nord et auxquels les Etats devront assurer des droits culturels et linguistiques. Les Amazighs sont chez eux depuis des millénaires et n’ont pas à quémander la reconnaissance de leur identité ; ils n’ont pas à négocier leur existence et leur identité culturelle et politique : une vocation civilisationnelle et souveraine".
Contacté par HuffPost Tunisie, de l'Association tunisienne "Twiza" a considéré que ces recommandations sont un signal fort mais ne peuvent pas à elles seules être efficaces pour faire résigner l'Etat Tunisien "à reconnaître, au moins, qu'on a un 'problème'".
L'association espère néanmoins qu'elles constitueront "un projet de plateforme sur laquelle tout le monde peuvent se baser ces revendications".
Ce rapport résulte de l'échange qui a eu lieu le 22 et 23 septembre entre experts onusiens et la délégation du gouvernement tunisien, présidée par Mehdi Ben Gharbia, secrétaire d'Etat chargé des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile et des droits de l’Homme, sur les mesures prises pour mettre en œuvre le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. À cette occasion, la problématique amazighe a été abordée.
Interrogé sur la question amazighe, Mehdi Ben Gharbia avait déclaré que "les minorités, notamment Amazighe, jouissent des mêmes droits constitutionnels que le reste de la population mais le problème qui se pose à présent est celui de la reconnaissance des minorités. Aucune étude n’a été conduite à ce sujet." Et d'ajouter: " toutes les minorités sont accueillies en Tunisie. Il y a une identité arabo-musulmane mais la Constitution protège les minorités. Le gouvernement n’a aucun problème avec une communauté quelle qu’elle soit."
Une réponse qui n'a pas convaincu le comité qui a exprimé via ce rapport "sa préoccupation concernant les informations reçues sur la discrimination que subirait la minorité amazighe, en particulier dans l’exercice des droits culturels, et que le manque de données ventilées par appartenance ethnique et culturelle rend impossible d’évaluer la situation réelle des amazighs".
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Et d'ajouter: "Le Comité constate que la définition de l'identité arabe et musulmane de l'Etat partie pourrait conduire à des violations des droits linguistiques et culturels de la minorité amazighe, notamment en imposant l'arabe comme langue exclusive dans l'enseignement public. Il constate enfin, pour la regretter, la faiblesse des moyens budgétaires alloués à la culture et la protection du patrimoine culturel de la population amazighe".
Voici les recommandations du CESCR:
Le Comité recommande à l'État partie de reconnaître la langue et la culture du peuple autochtone amazighe et en assurer la protection et la promotion comme l’a demandé le Comité de lutte contre la discrimination raciale en 2009. Par ailleurs, l’Etat partie devrait :
- collecter, à partir de l’auto-identification, des statistiques ventilées par appartenance ethnique et culturelle ;
- prendre des mesures législatives et administratives afin d’assurer l’enseignement de la langue amazighe à tous les niveaux scolaires et encourager la connaissance de l’histoire et de la culture amazighe ;
- Abroger le décret n° 85 du 12/12/1962 et permettre l’enregistrement des prénoms amazighs dans les registres de l'état civil ;
- Faciliter un déroulement des activités culturelles organisées par les associations culturelles amazighes.
Des recommandations qui corroborent avec les revendications des associations
L'inquiétude du Comité est partagée par les associations oeuvrant à la reconnaissance des droits des amazighs dont notamment le réseau "Tamazgha" qui tout en saluant les recommandations du CESCR, on estimait qu'elles constituaient "un strict minimum que le Comité onusien peut exiger de l’Etat tunisien pour que ce dernier garantisse des droits fondamentaux aux Amazighs" et en rappelant que "si les Amazighophones représentent effectivement une minorité en Tunisie, une minorité qui est le résultat d’une politique d’arabisation qui a usé de tous les moyens, le socle identitaire en Tunisie, et en Afrique du nord entière, demeure amazigh.
Pour eux l'enjeu dépasse l'aspect culturel ou linguistique pour englober l'aspect identitaire: "L’Amazighité qui est le socle identitaire en Afrique du nord ne saurait être réduite à un élément, parfois qualifié même de "minoritaire", auquel une petite place doit être accordée. Les Amazighs ne sont pas des invités en Afrique du nord et auxquels les Etats devront assurer des droits culturels et linguistiques. Les Amazighs sont chez eux depuis des millénaires et n’ont pas à quémander la reconnaissance de leur identité ; ils n’ont pas à négocier leur existence et leur identité culturelle et politique : une vocation civilisationnelle et souveraine".
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Contacté par HuffPost Tunisie, de l'Association tunisienne "Twiza" a considéré que ces recommandations sont un signal fort mais ne peuvent pas à elles seules être efficaces pour faire résigner l'Etat Tunisien "à reconnaître, au moins, qu'on a un 'problème'".
L'association espère néanmoins qu'elles constitueront "un projet de plateforme sur laquelle tout le monde peuvent se baser ces revendications".
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