ENVIRONNEMENT- Jadis une ville riche par sa mer où on pêchait toutes sortes de poissons et faisait prospérer les marins et toute une ville. À l'époque, la baie de Gabès comptait 270 espèces marines, aujourd’hui, on y compte 70 seulement, rapporte une enquête de Amnesty international sur place, publiée le 9 novembre. Victime de pollution, la mer qui était source de foisonnement de la ville est devenue son poison.
Alors que le monde s'apprête à entamer le COP 22 sur l'environnement à Marrakech, Amnesty International dresse un état des lieux alarmant de la ville de Gabès. L'enjeu: sauver une ville qui tue ses habitants.
Un mer désertée et polluée
Pour vivre, les marins de Gabès s'éloignent à des centaines de kilomètres de la ville vers Sfax ou Zarzis sinon ils reviendraient bredouilles car la faune a quasiment disparu. Le coupable: Le Groupe chimique tunisien (GCT), spécialisé dans la transformation de phosphates en engrais chimiques, destinés à l’agriculture intensive, rapporte Amnesty.
On y révèle que 13.000 tonnes sont jetés à la mer à l'époque de Ben Ali, ils sont désormais 6 000 tonnes. Mais pas de quoi faire respirer la mer, ni les habitants de la ville, asphyxiés par les cheminées des usines, qui fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, faisant propager de ammoniac, dioxyde de soufre ou encore oxyde d’azote, en quantité jusqu’à huit fois supérieure aux normes internationales, reconnait le GCT, déplore-t-on.
"Une catastrophe sanitaire"
On décèle que "sur les 662 personnes interrogées, 272 étaient atteintes de maladies respiratoires et 41 de fluorose osseuse, une grave pathologie qui altère la structure des os et conduit à terme à une déficience musculaire".
Une économie défaillante
Il n'y a pas que les Hommes et la mer qui souffrent, toute la structure de la société en est touchée à commencer par l'agriculture. Cité dans l'enquête, Salem Chairat raconte son calvaire, plantant du tabac, il estime qu'il a perdu entre 60 à 80 % de sa récolte. En cause, l’eau des nappes phréatiques se fait de plus en plus rare, pompée en masse par le GCT et la cimenterie de Gabès.
L'agriculteur annonce qu'il porterait plainte contre le GCT, espérant une compensation.
Le GCT barricadé
Forte de sa main d'oeuvre, la société GCT est devenue un pilier de l'économie de la ville, faisant travailler beaucoup de jeunes et a de beaux jours devant elle. "Avec ses 3 700 emplois directs et les centaines d’autres chez ses sous-traitants, l’entreprise publique est la locomotive de l’économie locale. Un ouvrier y gagne 700 dinars par mois, plus du double du salaire minimum tunisien, actuellement de 320 dinars. Un argument de poids pour attirer de nouvelles recrues, comme Majdi, le neveu de Salem. Le trentenaire s’apprête à passer le concours pour devenir opérateur. Quand on lui demande si cela ne lui pose pas problème de travailler pour l’entreprise à l’origine des malheurs de son oncle, il répond calme et résigné :'Tu n’as pas le choix ici'", rapporte Amnesty.
Tout en avouant leur responsabilité dans la pollution de la ville, le CGT via son porte-parole, Abderrahman Hadjbelgacem, récuse l'impact sanitaire en s'abritant sur l'absence d'études en la matière. Le groupe propose des solutions comme la construction d’un centre de stockage de boues pour arrêter les rejets de phosphogypses en mer, la mise en service d’une unité de dessalement de l’eau de mer, etc.
Quant à l'Etat, il argue aussi ne pas avoir les moyens pour vérifier l'impact sanitaire. Tarek Ben Salem, représentant du ministre de l’Environnement au gouvernorat de Gabès, cité par Amnesty explique: "On ne possède pas d’instruments de mesure pour évaluer la pollution, déplore-t-il. C’est un problème d’argent : qui doit faire les installations de contrôles, les industriels ou l’État ? Comment je peux savoir que c’est cette usine qui est responsable de la pollution si je n’ai pas les instruments pour mesurer cette pollution ?"
Alors que le monde s'apprête à entamer le COP 22 sur l'environnement à Marrakech, Amnesty International dresse un état des lieux alarmant de la ville de Gabès. L'enjeu: sauver une ville qui tue ses habitants.
Un mer désertée et polluée
Pour vivre, les marins de Gabès s'éloignent à des centaines de kilomètres de la ville vers Sfax ou Zarzis sinon ils reviendraient bredouilles car la faune a quasiment disparu. Le coupable: Le Groupe chimique tunisien (GCT), spécialisé dans la transformation de phosphates en engrais chimiques, destinés à l’agriculture intensive, rapporte Amnesty.
"Chaque jour, 6 000 tonnes de minerai arrivent de Gafsa, 160 km à l’ouest de Gabès. Une fois transformés, 90 % des produits de l’usine sont exportés vers l’étranger. Les résidus de ces activités restent, eux, à Gabès. Ils sont déversés directement dans la mer, sous la forme de boues noirâtres. Appelées 'phosphogypses', ces boues sont chargées en métaux lourds et en fluor. Une matière toxique, qui recouvre plages et fonds marins environnants. Au fil des années, les poissons ont fui, les phosphogypses sont restés", alerte l'ONG.
On y révèle que 13.000 tonnes sont jetés à la mer à l'époque de Ben Ali, ils sont désormais 6 000 tonnes. Mais pas de quoi faire respirer la mer, ni les habitants de la ville, asphyxiés par les cheminées des usines, qui fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, faisant propager de ammoniac, dioxyde de soufre ou encore oxyde d’azote, en quantité jusqu’à huit fois supérieure aux normes internationales, reconnait le GCT, déplore-t-on.
"Une catastrophe sanitaire"
Piégés par la mer impure et l'air irrespirable, les habitants encourent "une catastrophe sanitaire", met en garde Foued Kraiem, président de l'Association tunisienne de l’environnement et de la nature (ATEN). "Le taux de pathologies respiratoires, maladies des os, cancers et allergies est anormalement élevé chez les habitants", avance-t-on. Toutefois, en absence d'enquête épidémiologique sur ce mal longtemps camouflé avant la révolution, ATEN a mené sa propre enquête au porte à porte concernant 16 000 personnes.
On décèle que "sur les 662 personnes interrogées, 272 étaient atteintes de maladies respiratoires et 41 de fluorose osseuse, une grave pathologie qui altère la structure des os et conduit à terme à une déficience musculaire".
LIRE AUSSI: Tunisie: État des lieux de la pollution causée par le Groupe Chimique Tunisien à Gabès
Une économie défaillante
Il n'y a pas que les Hommes et la mer qui souffrent, toute la structure de la société en est touchée à commencer par l'agriculture. Cité dans l'enquête, Salem Chairat raconte son calvaire, plantant du tabac, il estime qu'il a perdu entre 60 à 80 % de sa récolte. En cause, l’eau des nappes phréatiques se fait de plus en plus rare, pompée en masse par le GCT et la cimenterie de Gabès.
L'agriculteur annonce qu'il porterait plainte contre le GCT, espérant une compensation.
Le GCT barricadé
Forte de sa main d'oeuvre, la société GCT est devenue un pilier de l'économie de la ville, faisant travailler beaucoup de jeunes et a de beaux jours devant elle. "Avec ses 3 700 emplois directs et les centaines d’autres chez ses sous-traitants, l’entreprise publique est la locomotive de l’économie locale. Un ouvrier y gagne 700 dinars par mois, plus du double du salaire minimum tunisien, actuellement de 320 dinars. Un argument de poids pour attirer de nouvelles recrues, comme Majdi, le neveu de Salem. Le trentenaire s’apprête à passer le concours pour devenir opérateur. Quand on lui demande si cela ne lui pose pas problème de travailler pour l’entreprise à l’origine des malheurs de son oncle, il répond calme et résigné :'Tu n’as pas le choix ici'", rapporte Amnesty.
Tout en avouant leur responsabilité dans la pollution de la ville, le CGT via son porte-parole, Abderrahman Hadjbelgacem, récuse l'impact sanitaire en s'abritant sur l'absence d'études en la matière. Le groupe propose des solutions comme la construction d’un centre de stockage de boues pour arrêter les rejets de phosphogypses en mer, la mise en service d’une unité de dessalement de l’eau de mer, etc.
Quant à l'Etat, il argue aussi ne pas avoir les moyens pour vérifier l'impact sanitaire. Tarek Ben Salem, représentant du ministre de l’Environnement au gouvernorat de Gabès, cité par Amnesty explique: "On ne possède pas d’instruments de mesure pour évaluer la pollution, déplore-t-il. C’est un problème d’argent : qui doit faire les installations de contrôles, les industriels ou l’État ? Comment je peux savoir que c’est cette usine qui est responsable de la pollution si je n’ai pas les instruments pour mesurer cette pollution ?"
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