RESEAUX SOCIAUX - Le Huffington Post britannique a constaté que des pages dont Facebook garantit "l'authenticité" ont diffusé des actualités erronées ou trompeuses à des millions d'utilisateurs du réseau social.
Les six pages analysées ont pourtant été officiellement "vérifiées" par le site, témoignant de l'étendue du problème. Facebook est aujourd'hui accusé d'avoir contribué à la stupéfiante victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines, en raison des fausses nouvelles propagées sur son réseau.
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a exprimé ce week-end sa volonté de se débarrasser des "intox" tout en précisant que, dans bien des cas, les contenus "présentent une idée de base véridique, mais en omettant certains détails, ou en donnant des informations erronées", et que "plus de 99% de ce que les gens voient [sur leur fil d'actualité] est authentique".
Une page Facebook "vérifiée" a partagé mardi 15 novembre une fausse nouvelle sur Denzel Washington.
Un problème que confirme l'analyse de pages vérifiées, likées par quelque 14,5 millions d'internautes.
Certains contenus partagés par ces pages, présentés comme authentiques, sont au mieux inexacts et, dans certains cas, entièrement faux, en contradiction des conditions d'utilisation, selon lesquelles:
Pourtant, les six pages qui ont publié ces contenus portaient toutes le badge bleu de vérification accordé par Facebook pour "garantir leur authenticité".
Six exemples d'intox diffusées par des pages Facebook vérifiées:
Avant d'être complètement démentie par le Washington Post, cette histoire été partagée des milliers de fois sur la page American News (cf. ci-dessous).
Cette publication a été supprimée plusieurs heures après que le HuffPost britannique a alerté Facebook de son existence.
Likes et partages de la publication avant sa suppression: 92.625
Barack Obama ne s'est pas directement adressé à Donald Trump, qui avait fait référence à la Première Dame lors de sa campagne. C'est en fait le porte-parole du président qui a dit aux journalistes: "En s'en prenant à la Première Dame des Etats-Unis, Donald Trump a perdu toute crédibilité..."
Obama n'a jamais proféré cette menace.
Likes et partages de la publication: 17 400.
En fait, dans une furieuse tirade publiée sur Twitter plus tôt dans l'année, l'animatrice télé a déclaré: "À TOUS LES PRO-TRUMP BOUCHÉS: JE NE QUITTERAI JAMAIS LES ETATS-UNIS."
Elle n'a jamais confirmé qu'elle quitterait le pays après la victoire de Trump.
Likes et partages de la publication: 31 000.
Selon cet article publié le 11 novembre, l'ex-procureur Trey Gowdy, membre du Congrès, "venait d'annoncer" une enquête sur Hillary Clinton à l'issue du scrutin. Sauf qu'il n'a rien annoncé de tel.
Voici les propos qu'il a en fait tenus le 7 novembre: "Il existe suffisamment de preuves, directes et indirectes, pour permettre à un jury de conclure à une volonté délibérée d'enfreindre la loi."
On est loin de la "reprise tous azimuts".
Likes et partages de la publication: 15 500.
Cet article, reposant sur la déclaration non vérifiée d'un témoin, raconte que la candidate démocrate a refusé de sortir de sa limousine lors d'un meeting en Floride le 30 octobre, alors que des photos la montrent en train de se diriger vers ses supporters.
Likes et partages de la publication: 36 800.
Pas vraiment "récente": ces propos du futur chef de cabinet de la Maison-Blanche datent de 2010.
Likes et partages de la publication: 17 000.
Des experts se sont demandé comment Facebook pouvait vérifier de manière plus efficace "l'authenticité" des contenus publiés sur sa plateforme.
Pour Charlie Beckett, professeur à la London School of Economics, "il y a un énorme problème de gestion dans le contrôle des fausses actualités sur Facebook. C'est un réseau social, pas un réseau d'actualités. Ils pourraient éventuellement employer plus de monde pour repérer les contenus mensongers mais, en fin de compte, l'ampleur de la tâche rend un algorithme indispensable."
"Même si je crains que Facebook ne se braque et décide de tout annuler, cela semble improbable, car ils perdraient de l'argent."
Et l'universitaire d'ajouter: "Comment décide-t-on de ce qui constitue un bon équilibre pour les utilisateurs? Après tout, ce sont eux qui cliquent sur ces contenus. On ne peut pas leur dire: 'Tenez, lisez plutôt ça.'"
"Une des solutions possibles serait de supprimer carrément le badge de vérification."
Clay Shirky, spécialiste des réseaux sociaux, a déclaré au Guardian que Facebook ne pouvait pas "se mettre à empêcher les gens de partager ce qu'ils veulent. C'est le principe même du site."
Pourtant, le badge de vérification est l'une des outils dont dispose le site pour rassurer ses utilisateurs sur les contenus qu'il met à leur disposition.
Cinq des six pages analysées par le HuffPost UK se définissent de près ou de loin comme des sites "d'actualités ou de média", ce que garantit le badge bleu Facebook.
Le badge de vérification bleu est une marque "d'authenticité", selon Facebook.
Facebook explique ainsi le fonctionnement de son système de badges: "Si vous voyez un badge bleu sur une page ou un profil, cela signifie que Facebook a confirmé qu'il s'agit de la page ou du profil authentique d'une personnalité, d'une société de médias ou d'une marque."
Le badge gris garantit, lui, l'authenticité de la page d'une société ou d'une organisation.
L'explication de Facebook sur son système de badges de vérification.
D'après le Petit Robert (édition 2009), le mot "authentique" signifie: "Dont l'autorité, la réalité, la vérité ne peut être contestée." En anglais, l'Oxford English Dictionary dit quant à lui: "based on facts; accurate or reliable" ("basé sur des faits; précis ou crédibles").
En cherchant de fausses actualités sur le réseau social, le HuffPost britannique s'est attaché à trouver des informations présentées comme des actualités, mais qui omettaient des détails cruciaux ou ne provenaient pas d'une source fiable.
En outre, ces contenus affichaient un titre mensonger, ou étaient présentés de manière trompeuse sur la plateforme.
Les conditions d'utilisation pour les pages Facebook (capture d'écran du 16 novembre).
Le HuffPost britannique a envoyé tous ses résultats à Facebook mardi 15 novembre, dans l'après-midi. Le site a répondu mercredi matin qu'il se renseignait encore sur les exemples cités. Il n'a pas émis de commentaire sur sa politique de badges de vérification.
Cette découverte intervient alors que Facebook et Google ont annoncé lundi 14 novembre leur programme pour faire disparaître les fausses actualités de leurs réseaux de publicité, un programme qui affectera la publicité dans les articles sur le web, mais n'aura probablement pas d'impact sur les publications sponsorisées sur le site même de Facebook.
Le réseau social a déjà été confronté maintes fois à des problèmes dans la gestion de ses contenus.
Jusqu'à il y a quelques mois, l'entreprise employait des relecteurs humains pour déterminer quelles actualités afficher dans la catégorie "populaire" de la plateforme.
En réponse à des accusations de parti pris politique, Facebook a congédié ces employés. Mais le Washington Post s'est aperçu que, en quelques jours seulement, de fausses actualités ont commencé à être mises en avant par cette fonctionnalité.
Mercredi 16 novembre, le PDG de Google, Sundar Pichai, a condamné ce phénomène comme aucun cadre de la Silicon Valley ne l'avait fait avant lui.
"Les fausses actualités ne devraient jamais être partagées. Nous avons bien l'intention de nous améliorer là-dessus", a-t-il déclaré à la BBC.
"Je ne pense pas qu'il y ait débat là-dessus. Le plus important, c'est de se mettre au travail pour nous assurer de la fiabilité des informations que nous diffusons, renforcer la vérification de ce qui est affirmé, et améliorer nos algorithmes."
Cet article, publié à l'origine sur le Huffington Post britannique, a été traduit par Charlotte Marti pour Fast for Word.
Les six pages analysées ont pourtant été officiellement "vérifiées" par le site, témoignant de l'étendue du problème. Facebook est aujourd'hui accusé d'avoir contribué à la stupéfiante victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines, en raison des fausses nouvelles propagées sur son réseau.
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a exprimé ce week-end sa volonté de se débarrasser des "intox" tout en précisant que, dans bien des cas, les contenus "présentent une idée de base véridique, mais en omettant certains détails, ou en donnant des informations erronées", et que "plus de 99% de ce que les gens voient [sur leur fil d'actualité] est authentique".
Une page Facebook "vérifiée" a partagé mardi 15 novembre une fausse nouvelle sur Denzel Washington.
Un problème que confirme l'analyse de pages vérifiées, likées par quelque 14,5 millions d'internautes.
Certains contenus partagés par ces pages, présentés comme authentiques, sont au mieux inexacts et, dans certains cas, entièrement faux, en contradiction des conditions d'utilisation, selon lesquelles:
"Les pages [Facebook] ne doivent pas contenir de messages ou contenus faux, frauduleux ou trompeurs."
Pourtant, les six pages qui ont publié ces contenus portaient toutes le badge bleu de vérification accordé par Facebook pour "garantir leur authenticité".
Six exemples d'intox diffusées par des pages Facebook vérifiées:
1. "Le soutient sans faille de Denzel Washington à Donald Trump"
Avant d'être complètement démentie par le Washington Post, cette histoire été partagée des milliers de fois sur la page American News (cf. ci-dessous).
Cette publication a été supprimée plusieurs heures après que le HuffPost britannique a alerté Facebook de son existence.
Likes et partages de la publication avant sa suppression: 92.625
2. "Avertissement d'Obama à Trump: si tu t'en prends pas à ma femme, tu vas le payer cher."
Barack Obama ne s'est pas directement adressé à Donald Trump, qui avait fait référence à la Première Dame lors de sa campagne. C'est en fait le porte-parole du président qui a dit aux journalistes: "En s'en prenant à la Première Dame des Etats-Unis, Donald Trump a perdu toute crédibilité..."
Obama n'a jamais proféré cette menace.
Likes et partages de la publication: 17 400.
3. "VICTOIRE ! Rosie O'Donnell confirme sa décision de quitter DEFINITIVEMENT les Etats-Unis"
En fait, dans une furieuse tirade publiée sur Twitter plus tôt dans l'année, l'animatrice télé a déclaré: "À TOUS LES PRO-TRUMP BOUCHÉS: JE NE QUITTERAI JAMAIS LES ETATS-UNIS."
Elle n'a jamais confirmé qu'elle quitterait le pays après la victoire de Trump.
Likes et partages de la publication: 31 000.
4. "DERNIERE MINUTE: Gowdy annonce une reprise tous azimuts de l'enquête sur les e-mails d'Hillary Clinton. Pour elle, c'est la fin."
Selon cet article publié le 11 novembre, l'ex-procureur Trey Gowdy, membre du Congrès, "venait d'annoncer" une enquête sur Hillary Clinton à l'issue du scrutin. Sauf qu'il n'a rien annoncé de tel.
Voici les propos qu'il a en fait tenus le 7 novembre: "Il existe suffisamment de preuves, directes et indirectes, pour permettre à un jury de conclure à une volonté délibérée d'enfreindre la loi."
On est loin de la "reprise tous azimuts".
Likes et partages de la publication: 15 500.
5. "Hillary annule sa dernière apparition publique face à la foule qui hurle: 'En prison!'"
Cet article, reposant sur la déclaration non vérifiée d'un témoin, raconte que la candidate démocrate a refusé de sortir de sa limousine lors d'un meeting en Floride le 30 octobre, alors que des photos la montrent en train de se diriger vers ses supporters.
Likes et partages de la publication: 36 800.
6. "Dans une récente interview, Reince Priebus a appelé Osama Ben Laden 'Obama' trois fois de suite"
Pas vraiment "récente": ces propos du futur chef de cabinet de la Maison-Blanche datent de 2010.
Likes et partages de la publication: 17 000.
Des experts se sont demandé comment Facebook pouvait vérifier de manière plus efficace "l'authenticité" des contenus publiés sur sa plateforme.
Pour Charlie Beckett, professeur à la London School of Economics, "il y a un énorme problème de gestion dans le contrôle des fausses actualités sur Facebook. C'est un réseau social, pas un réseau d'actualités. Ils pourraient éventuellement employer plus de monde pour repérer les contenus mensongers mais, en fin de compte, l'ampleur de la tâche rend un algorithme indispensable."
"Même si je crains que Facebook ne se braque et décide de tout annuler, cela semble improbable, car ils perdraient de l'argent."
Et l'universitaire d'ajouter: "Comment décide-t-on de ce qui constitue un bon équilibre pour les utilisateurs? Après tout, ce sont eux qui cliquent sur ces contenus. On ne peut pas leur dire: 'Tenez, lisez plutôt ça.'"
"Une des solutions possibles serait de supprimer carrément le badge de vérification."
Clay Shirky, spécialiste des réseaux sociaux, a déclaré au Guardian que Facebook ne pouvait pas "se mettre à empêcher les gens de partager ce qu'ils veulent. C'est le principe même du site."
Pourtant, le badge de vérification est l'une des outils dont dispose le site pour rassurer ses utilisateurs sur les contenus qu'il met à leur disposition.
Cinq des six pages analysées par le HuffPost UK se définissent de près ou de loin comme des sites "d'actualités ou de média", ce que garantit le badge bleu Facebook.
Le badge de vérification bleu est une marque "d'authenticité", selon Facebook.
Facebook explique ainsi le fonctionnement de son système de badges: "Si vous voyez un badge bleu sur une page ou un profil, cela signifie que Facebook a confirmé qu'il s'agit de la page ou du profil authentique d'une personnalité, d'une société de médias ou d'une marque."
Le badge gris garantit, lui, l'authenticité de la page d'une société ou d'une organisation.
L'explication de Facebook sur son système de badges de vérification.
D'après le Petit Robert (édition 2009), le mot "authentique" signifie: "Dont l'autorité, la réalité, la vérité ne peut être contestée." En anglais, l'Oxford English Dictionary dit quant à lui: "based on facts; accurate or reliable" ("basé sur des faits; précis ou crédibles").
En cherchant de fausses actualités sur le réseau social, le HuffPost britannique s'est attaché à trouver des informations présentées comme des actualités, mais qui omettaient des détails cruciaux ou ne provenaient pas d'une source fiable.
En outre, ces contenus affichaient un titre mensonger, ou étaient présentés de manière trompeuse sur la plateforme.
Les conditions d'utilisation pour les pages Facebook (capture d'écran du 16 novembre).
Le HuffPost britannique a envoyé tous ses résultats à Facebook mardi 15 novembre, dans l'après-midi. Le site a répondu mercredi matin qu'il se renseignait encore sur les exemples cités. Il n'a pas émis de commentaire sur sa politique de badges de vérification.
Cette découverte intervient alors que Facebook et Google ont annoncé lundi 14 novembre leur programme pour faire disparaître les fausses actualités de leurs réseaux de publicité, un programme qui affectera la publicité dans les articles sur le web, mais n'aura probablement pas d'impact sur les publications sponsorisées sur le site même de Facebook.
Le réseau social a déjà été confronté maintes fois à des problèmes dans la gestion de ses contenus.
Jusqu'à il y a quelques mois, l'entreprise employait des relecteurs humains pour déterminer quelles actualités afficher dans la catégorie "populaire" de la plateforme.
En réponse à des accusations de parti pris politique, Facebook a congédié ces employés. Mais le Washington Post s'est aperçu que, en quelques jours seulement, de fausses actualités ont commencé à être mises en avant par cette fonctionnalité.
.@Google CEO Sundar Pichai says, given tight margins in US election result, fake news could have been factorhttps://t.co/qdFroy0TDz pic.twitter.com/gUv2Ju1bqz
— BBC News (World) (@BBCWorld) 15 novembre 2016
Mercredi 16 novembre, le PDG de Google, Sundar Pichai, a condamné ce phénomène comme aucun cadre de la Silicon Valley ne l'avait fait avant lui.
"Les fausses actualités ne devraient jamais être partagées. Nous avons bien l'intention de nous améliorer là-dessus", a-t-il déclaré à la BBC.
"Je ne pense pas qu'il y ait débat là-dessus. Le plus important, c'est de se mettre au travail pour nous assurer de la fiabilité des informations que nous diffusons, renforcer la vérification de ce qui est affirmé, et améliorer nos algorithmes."
Cet article, publié à l'origine sur le Huffington Post britannique, a été traduit par Charlotte Marti pour Fast for Word.
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