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Tunisie: Les bars ouverts jusqu'à 4 heures du matin. Une aubaine pour le secteur et la clientèle?

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Le 8 novembre 2016, un arrêté du ministère de l'Intérieur, paru dans le journal officiel de la République Tunisienne, autorisait les établissement destinés aux activités commerciales, touristiques et de loisirs à ouvrir leurs portes jusqu'à 4 heures du matin et non plus jusqu'à 2 heures comme c'était le cas. Cette décision pourrait-elle aviver davantage le secteur et enivrer la clientèle? Et justement quel type de clientèle en profiterait?


Une source de problème plus qu'une chance


Pour l'équipe du "Wax", cet arrêté ne la concernera pas car son établissement continuera à fermer à 2h du matin: "On mise sur la qualité du service plus qu'autre chose, travailler au delà de 2h quand le service débute à 18 heures, c'est épuisant pour l'équipe, donc il n'y aurait plus le même accueil" et d'ajouter que "la clientèle qui fréquente les bars après 2h est généralement source de problèmes".

Un avis partagé par un gérant d'un bar à Tunis, affilié à un hôtel et qui a toujours eu l'autorisation d'ouvrir jusqu'à 4h mais, pour lui, finir le service à 2h est un choix: "On est ouvert de midi à 2 heures du matin, ça fait deux bons longs shifts et ça nous suffit. Déjà, en arrêtant le service à deux heures, certains employés rentrent chez eux à 3 ou 4 heures. Puis la clientèle de 2 à 4 h n'est pas si intéressante que cela; les gens sont soit trop fatigués, soit trop bourrés, soit totalement fauchés donc je ne préfère tout simplement pas les gérer".

À Hamammet aussi le même souci se pose, Amine Jdidi, gérant du "Ô PUB" dit ne pas être intéressé par l'ouverture jusqu'à 4h du matin, également pour la difficulté que cette catégorie de clientèle pose et qui, d'après lui, a pris l'habitude de fréquenter certains endroits à cette heure-là.

Alors que certains gérants fuient cette clientèle, d'autres la guettent. Yassmeen Hached, manager au "Terminal 2B" voit d'un bon oeil cette décision, même s'ils ont toujours eu cette autorisation: "Les bars doivent s'adapter aux besoins de la clientèle, si elle est là, ils doivent continuer à ouvrir".

Cette clientèle existe et certains gérants d'établissements étaient obligés de payer à la police pour ne pas l'évincer et continuer le service: "Au moins, certains ne seront plus harcelés par les policiers", se félicite le gérant d'un bar à Gammarth sous couvert d'anonymat.


LIRE AUSSI: Tunisie: Abus, excès de zèle des policiers... la police tunisienne est-elle une police des moeurs?


La clientèle en demande?

Alors que la vente de l'alcool est sujet à des lois restrictives en Tunisie, les Tunisiens en consomment beaucoup chez eux comme en témoigne les chiffres en hausse des sociétés de production et de distribution d'alcool ou encore les bars remplis tout au long de la semaine.

LIRE AUSSI: Interdire la vente d'alcool aux Tunisiens: Quand des circulaires ont plus de poids que la Constitution


Hédi (pseudonyme), 43 ans, est un habitué des bars mais il n'y tarde pas généralement: "Je vais à un bar bien spécifique où je connais le gérant, les serveurs et la clientèle et ce, après le boulot pour décompresser, apprécier la bonne musique live et pas pour me bourrer la gueule, ça je le fais de temps en temps et pendant les weekends en continuant la soirée dans un endroit à proximité qui reste ouvert très tard donc cette décision ne va pas changer grand chose".

Pour lui, le comportement des habitués est bien connu de la part des gérants qui travaillent chacun sur sa propre clientèle.

Qu'en est-il des jeunes clients, cette clientèle est-elle aussi répertoriée dans "cette répartition". Amel (pseudonyme), 26 ans, exprime sa frustration d'être refoulée par les videurs à cause de la fermeture imminente de certains endroits: "Des fois, on a envie de continuer la soirée jusqu'au matin, c'est bien qu'il y ait des bars qui restent ouverts". La jeune femme déplore toutefois la nature de la fréquentation dans les bars ouverts très tard: "Les gens sont déjà assez bourrés, la majorité font partie de la gente masculine, ce n'est pas très agréable. Puis culturellement, on n'est pas prêts pour ça".


L'élément culturel ne tient pas pour Racha (pseudonyme), 34 ans et qui a longtemps vécu à l'étranger: "Au Liban, en Egypte, au Marco, etc, les bars ne ferment pas, les villes sont vivantes, loin de la morosité ambiante sous nos cieux. Si c'était le cas en Tunisie, les bars seront moins bondés qu'aujourd'hui. La demande est énorme et elle peut durer au-delà de 2h du matin mais elle nécessite plus de charges pour les propriétaires, plus d'employés, etc, et beaucoup plus de stress".

"Ici, on entretient un rapport hypocrite avec l'alcool, beaucoup d'interdits alors qu'il suffit de faire le tour des bars pour constater qu'ils sont tous remplis", s'exclame-t-elle.


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