Les auditions publiques des victimes de la dictature en Tunisie ont démarré jeudi soir près de Tunis, une démarche emmenée par l'Instance vérité et dignité (IVD) et jugée "historique" pour le pays presque six ans après sa révolution.
Ces auditions télévisées très attendues ont débuté comme prévu vers 20H30 (19H30 GMT), dans une salle bondée, en présence notamment de responsables politiques, syndicaux et de proches de victimes.
Parmi eux figuraient le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, celui du Front populaire (gauche), Hamma Hammami, et Houcine Abbassi, secrétaire général du puissant syndicat UGTT.
Le ministre chargé des relations avec les instances constitutionnelles et des droits de l'Homme, Mehdi Ben Gharbia, représentait le gouvernement.
L'hymne national a retenti dans l'enceinte du "Club Elyssa", qui fut avant la révolution un lieu de réception mondaine sous la dictature de Zine el Abidine Ben Ali.
"Nous nous rencontrons aujourd'hui pour rendre la considération aux femmes et aux hommes de la Tunisie qui ont fait face à la dictature", a dit Sihem Ben Sedrine, présidente de l'IVD, une instance créée en 2013 pour faire la lumière sur les multiples violations des droits de l'Homme des dernières décennies.
L'IVD "est le résultat d'une révolution de la liberté et de la dignité qui a fait chuter la dictature", a-t-elle ajouté.
Cette instance autonome a aussi pour mission, en cinq ans maximum, de réhabiliter les victimes et de leur octroyer réparation.
Les auditions ont démarré par le témoignage d'Ourida Kadoussi, mère d'une victime de la révolution, tué par balles le 8 janvier 2011 les forces de sécurité.
"Ils ont tué nos enfants, nous n'avons pas eu nos droits", a souligné cette femme, qui a réclamé le droit de vivre désormais "en liberté, la tête haute".
Ces auditions, qui vont se poursuivre toute la soirée de jeudi puis celle de vendredi, sont notamment retransmises à la télévision nationale, promettant une large audience.
Une dizaine d'hommes et de femmes devraient être amenés à s'exprimer sur les exactions subies sous les régimes du père de l'indépendance Habib Bourguiba (1957-1987) et de Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Ces témoignages doivent permettre de donner corps au processus de "justice transitionnelle", lancé avec la création de l'IVD, qui dispose de très larges pouvoirs et a --en principe-- un accès total aux archives publiques.
D'autres auditions publiques sont prévues, a priori les 17 décembre et 14 janvier.
Ces deux dates sont hautement symboliques car elles marquent l'anniversaire de l'immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, qui avait déclenché la révolution fin 2010, puis le départ pour l'Arabie saoudite du président déchu Ben Ali début 2011.
"Mettre fin à l'impunité"
Dans un communiqué, Amnesty International a évoqué une "opportunitévhistorique de mettre fin à l'impunité pour les crimes passés", qui continuent"d'imprégner la réalité" tunisienne, malgré les "progrès".
Pour mener sa mission à bien, l'IVD dispose de très larges pouvoirs et avec--en principe-- un accès total aux archives publiques.
Les crimes dont elle peut être saisie vont de l'homicide volontaire à la torture, en passant par le viol, les exécutions extrajudiciaires et la violation de la liberté d'expression.
Sur les 62.000 dossiers collectés, près du quart ont été déposés par des femmes, malgré les réticentes initiales de nombreuses Tunisiennes à témoigner sur les nombreux cas de violences sexuelles.
Près de 11.000 victimes ont déjà été auditionnées à huis clos par l'IVD, qui a étudié les expériences d'autres pays ayant mis en oeuvre de telles structures.
Ce travail de mémoire colossal n'est pas sans peine car "il y a encore beaucoup de réticences de la part des institutions de l'Etat", selon Antonio Manganella, directeur du bureau local d'Avocats sans frontières.
L'IVD a elle-même été agitée par des dissensions internes, et sa présidente est une figure clivante.
Le concept de justice transitionnelle a aussi été assimilé par de nombreux Tunisiens à de simples demandes de dédommagement financier de la part de militants, surtout islamistes.
La démarche se heurte enfin au scepticisme d'une frange de la population, qui vit toujours dans la précarité malgré la révolution. C'est le cas dans l'intérieur du pays, où des collectivités ont réclamé le statut de "région-victime" à l'IVD.
Ces auditions télévisées très attendues ont débuté comme prévu vers 20H30 (19H30 GMT), dans une salle bondée, en présence notamment de responsables politiques, syndicaux et de proches de victimes.
Parmi eux figuraient le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, celui du Front populaire (gauche), Hamma Hammami, et Houcine Abbassi, secrétaire général du puissant syndicat UGTT.
Le ministre chargé des relations avec les instances constitutionnelles et des droits de l'Homme, Mehdi Ben Gharbia, représentait le gouvernement.
L'hymne national a retenti dans l'enceinte du "Club Elyssa", qui fut avant la révolution un lieu de réception mondaine sous la dictature de Zine el Abidine Ben Ali.
"Nous nous rencontrons aujourd'hui pour rendre la considération aux femmes et aux hommes de la Tunisie qui ont fait face à la dictature", a dit Sihem Ben Sedrine, présidente de l'IVD, une instance créée en 2013 pour faire la lumière sur les multiples violations des droits de l'Homme des dernières décennies.
L'IVD "est le résultat d'une révolution de la liberté et de la dignité qui a fait chuter la dictature", a-t-elle ajouté.
Cette instance autonome a aussi pour mission, en cinq ans maximum, de réhabiliter les victimes et de leur octroyer réparation.
Les auditions ont démarré par le témoignage d'Ourida Kadoussi, mère d'une victime de la révolution, tué par balles le 8 janvier 2011 les forces de sécurité.
"Ils ont tué nos enfants, nous n'avons pas eu nos droits", a souligné cette femme, qui a réclamé le droit de vivre désormais "en liberté, la tête haute".
Ces auditions, qui vont se poursuivre toute la soirée de jeudi puis celle de vendredi, sont notamment retransmises à la télévision nationale, promettant une large audience.
Une dizaine d'hommes et de femmes devraient être amenés à s'exprimer sur les exactions subies sous les régimes du père de l'indépendance Habib Bourguiba (1957-1987) et de Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Ces témoignages doivent permettre de donner corps au processus de "justice transitionnelle", lancé avec la création de l'IVD, qui dispose de très larges pouvoirs et a --en principe-- un accès total aux archives publiques.
D'autres auditions publiques sont prévues, a priori les 17 décembre et 14 janvier.
Ces deux dates sont hautement symboliques car elles marquent l'anniversaire de l'immolation par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, qui avait déclenché la révolution fin 2010, puis le départ pour l'Arabie saoudite du président déchu Ben Ali début 2011.
"Mettre fin à l'impunité"
Dans un communiqué, Amnesty International a évoqué une "opportunitévhistorique de mettre fin à l'impunité pour les crimes passés", qui continuent"d'imprégner la réalité" tunisienne, malgré les "progrès".
Pour mener sa mission à bien, l'IVD dispose de très larges pouvoirs et avec--en principe-- un accès total aux archives publiques.
Les crimes dont elle peut être saisie vont de l'homicide volontaire à la torture, en passant par le viol, les exécutions extrajudiciaires et la violation de la liberté d'expression.
Sur les 62.000 dossiers collectés, près du quart ont été déposés par des femmes, malgré les réticentes initiales de nombreuses Tunisiennes à témoigner sur les nombreux cas de violences sexuelles.
Près de 11.000 victimes ont déjà été auditionnées à huis clos par l'IVD, qui a étudié les expériences d'autres pays ayant mis en oeuvre de telles structures.
Ce travail de mémoire colossal n'est pas sans peine car "il y a encore beaucoup de réticences de la part des institutions de l'Etat", selon Antonio Manganella, directeur du bureau local d'Avocats sans frontières.
L'IVD a elle-même été agitée par des dissensions internes, et sa présidente est une figure clivante.
Le concept de justice transitionnelle a aussi été assimilé par de nombreux Tunisiens à de simples demandes de dédommagement financier de la part de militants, surtout islamistes.
La démarche se heurte enfin au scepticisme d'une frange de la population, qui vit toujours dans la précarité malgré la révolution. C'est le cas dans l'intérieur du pays, où des collectivités ont réclamé le statut de "région-victime" à l'IVD.
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