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Interview de Beji Caid Essebsi: A l'ordre du jour IVD, affaire Naguedh, conflit UGTT, crise de Nidaa...

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Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a accordé une interview ce mardi 22 novembre à la chaîne privée Al Hiwar Ettounssi où il est revenu sur plusieurs sujets de l’actualité du pays.
Nous acceptons les critiques, les insultes et les campagnes de dénigrement, a-t-il lancé à l'égard de ses interviewers Mariem Belkadhi et Zied Krichene.

Instance Vérité et Dignité

"Cette instance n’accorde aucune valeur au président de la République. En plus il ne s’agit pas d’une instance démocratique, en tant que chef de l’Etat, je ne peux collaborer qu’avec les Instances démocratiques", a avancé Béji Caïd Essebsi. Indiquant avoir suivi les séances d'audition publique, il déclare se poser des questions quant à l'utilisé de ce genre de séances auxquelles les bourreaux ne sont pas présents.

Naguedh

Rappelant qu'à la mort de ce dirigeant régional du parti Nidaa Tounes, le gouvernement de l’époque avait émis un communiqué qui précisait qu’il s'agissait d'une crise cardiaque, Béji Caïd Essebsi rappelle avoir organisé une conférence de presse où il avait montré une vidéo où Naguedh se faisait assassiner. "Aujourd’hui, j’ai des obligations et des réserves. Les LPR sont liées à Ennahdha et au CPR, ceci est un fait", a déclaré BCE ajoutant : "Je ne me suis jamais allié avec Ennahdha. Nous nous sommes entendus avec eux parce que le peuple leur a donné 69 sièges à l’ARP sans lesquels on n’aurait jamais de majorité parlementaire".

Et d'ajouter: "Rappelez-vous, même Afek Tounes ne voulait pas voter pour le premier gouvernement de Habib Essid".
Après cette digression, le président de la République a exprimé son mécontentement par rapport au verdict dans l'affaire Naguedh "Je n’ai pas apprécié le non-lieu mais je respecte l’indépendance de l’appareil judiciaire", a-t-il indiqué.

"La liberté d’expression et le système démocratique en Tunisie sont nouveaux, je suis pour ces deux acquis et j’estime que je suis pour quelque chose dans leur instauration", finit-il par lancer.

Gouvernement Youssef Chahed

"Tous les gouvernements sont critiqués et sont critiquables surtout quand on a une équipe gouvernementale qui tente de changer et de réformer les choses", d'après BCE.

"Tout le monde dit être pour les réformes mais dès que l’on s’approche des intérêts personnels, ces mêmes personnes reculent", a-t-il interprété rappelant qu'aujourd’hui, l’UGTT refuse les reports des augmentations salariales, les avocats refusent de payer leur impôt…

"La centrale syndicale aurait dû participer directement au gouvernement d’union nationale afin de garantir la bonne application du Pacte de Carthage", a regretté le président de la République pour qui "le report des augmentations est une mesure temporaire qui est imposée par les circonstances actuelles".

Sceptique quant à la possibilité d'une grève générale, Béji Caïd Essebsi s'est dit disposé à oeuvrer à ce que "toutes les conditions favorables soient trouvées pour aboutir à un accord entre les deux parties".

"La Banque mondiale ne s’oppose pas à ces augmentations salariales. Ce qui nous en empêche c’est l’absence de productivité. Comment peut-on augmenter les salariés alors que la production n’y est toujours pas ?" a expliqué BCE.

Loi de Finances 2017

Pour le président de la République, Habib Essid a subi plusieurs pressions de la part de l’UGTT et c’est pour cela qu’il a été obligé de signer les accords. "Quant à l’Etat tunisien, il a été obligé d’aller vers le FMI pour avoir les prêts dont il avait besoin", indique BCE.

"Dans l’élaboration de son projet de la loi des Finances, le gouvernement a été lié par des délais constitutionnels et n’a donc pas eu le temps d’en discuter avec toutes les parties concernées. Mais je pense que ce projet de loi aurait pu être pire", a-t-il commenté.
Et de préciser que "Les dirigeants de l’UGTT n’ont jamais dit qu’ils ont été piégés par le Pacte de Carthage".

Se déclarant optimiste, BCE se dit également réaliste car "si les négociations continuent, c’est qu’une solution est en train de se préparer".

Soutien politique pour le gouvernement

"Le gouvernement actuel dispose du soutien des 168 députés qui lui ont accordé la confiance. Je n’ai aucune angoisse quant au sort du pays une fois la loi des Finances votée", dixit Béji Caïd Essebsi.

Compréhensif quant à la non-conscience du peuple par rapport à l’importance de l’initiative présidentielle lancée le 2 juin dernier et ayant abouti à un changement au niveau de la présidence du gouvernement, BCE l'est moins quant aux partis politiques: "Ce que je ne comprends pas, c’est l’attitude de l’élite politique qui continue à ne rien expliquer correctement. Les partis ne sont pas en train d’assumer leur responsabilité dans l’encadrement des citoyens".

Politique étrangère

"Barak Obama est un ami personnel. Les relations entre la Tunisie et les Etats-Unis d’Amérique datent de 1776. Le premier accord entre les deux pays a été signé en 1779. Nous avons installé notre ambassade là-bas en 1805. Rien ne peut porter atteinte à ces relations", a rassuré BCE.

Pour la question de la base militaire américaine, il a voulu apporter une précision : "les USA et l’Allemagne nous ont apporté une grande aide sur le plan militaire au niveau de nos frontières avec la Libye. Nous avons 70 soldats américains qui sont en train de commander les drones et qui sont en train d’entraîner nos soldats. Les Américains n’ont pas besoin d’une base militaire en méditerranée", a-t-il argumenté.

Et d'ajouter que "les Républicains ont envoyé, il y a quelques temps, une lettre à Obama où ils avaient demandé que les USA collaborent encore plus avec la Tunisie". De ce fait "l’élection de Donald Trump n’aura aucun impact sur nos relations", a conclu le président de la République ajoutant que "La Tunisie est souveraine et ceux qui veulent venir en aide à notre pays savent très bien qu’ils ne peuvent nullement interférer dans nos décisions intérieures".

Par rapport au limogeage du ministre des Affaires religieuses après des déclarations portant sur le wahabisme en Arabie saoudite, BCE a indiqué que celui-ci "n’a pas été limogé à cause de ses déclarations sur l’Arabie Saoudite, il l’a été parce qu’il n’a pas respecté la politique du gouvernement".

Nidaa Tounes

Interrogé quant à la présence de son fils sur la scène politique, BCE a lancé: "On dirait que je suis le seul au monde à avoir un fils ! Pour parler de Hafedh, on dit toujours ‘le fils de Béji Caïd Essebsi’. Je sais que cela n’est pas innocent. Mon fils a 55 ans et il n’a pas entamé sa carrière politique avec moi, je ne comprends pas: on continue à nous associer automatiquement l’un à l’autre", a-t-il rétorqué.

Celui qui dit ne pas vouloir se mêler des affaires internes de Nidaa Tounes, dit, en revanche avoir été "contacté par 14 députés qui ont menacé de démissionner du mouvement : je ne vais privilégier un clan sur un autre et cela s’applique aussi à Moncef Sallemi".

L'ancien leader de Nidaa Tounes a démenti l'information selon laquelle il préparerait un nouveau parti politique. Quant aux appels pour la formation d’un Front républicain, BCE se dit contre car "on ne peut pas revenir au parti unique", d'après lui. "Il faut qu’il y ait plusieurs partis et que chacun travaille sur un programme qui lui ressemble et qui peut apporter le plus au pays", a-t-il estimé.

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