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Béji Caïd Essebsi à Al Arabiya: "L'islam politique n'est ni tolérant ni ouvert"

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A la veille du démarrage de la Conférence internationale sur l’investissement, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a accordé une interview à la chaîne Al Arabiya. Revenant sur plusieurs sujets de l’actualité, le chef de l’Etat a à peine focalisé l’entrevue sur ladite Conférence et ce contrairement aux attentes. Voici quelques extraits de l’entretien.

Transition démocratique

Interrogé sur l’état des lieux de la transition démocratique que vit le pays depuis sa révolution, Béji Caïd Essebsi a assuré que la Tunisie vit une sorte de réforme continue.

"En dépit des quelques retards que nous rencontrons de temps à autre, la Justice et ses institutions ont été instaurées et les réformes battent de leur plein. Même si la culture démocratique est nouvelle pour nous, nous demeurons une exception dans le monde arabe. La démocratie se pratique et nous sommes en plein dedans. Toutes les parties doivent participer à la démocratie. La presse aussi doit y participer. Toutefois, avec 85 journaux, 81 journaux électroniques, 44 radios et 16 télés, tout le monde parle des mêmes sujets… la presse doit être libre mais elle doit, surtout, être responsable. Cependant, je vous avoue que je préfère voir une presse sévère qu’une presse soumise. La sévérité de la presse ne me dérange pas ; je suis le président d’un pays démocratique. Je viens d’accorder une interview à deux journalistes dont l’un n’est pas du tout sur la longueur d’ondes que moi. D’ailleurs, lors de l’interview, j’avais l’impression que j’étais devant un juge d’instruction et non pas devant un journaliste. Cela ne m’a pas empêché de répondre, correctement, à toutes ses questions".

Questionné sur son avis quant aux réseaux sociaux devenant des fois un espace d'injures et de propos diffamatoires, le président de la République a expliqué avoir des conseillers qui s’occupent de cela mais qu’il demeure intéressé par tout ce qui se passe d’important.

La Tunisie, une exception arabe

Le journaliste a rebondi sur l’exception qu’est la Tunisie dans le monde arabe par rapport à ce que l’on appelle le Printemps arabe. Dans ce contexte, le chef de l’Etat a indiqué que lorsqu’il était premier ministre, en 2011, il a été invité au G8 à Davos. En la présence d’un haut responsable Egyptien, Béji Caïd Essebsi avait expliqué que seule la Tunisie était disposée à vivre et à concrétiser le Printemps arabe.

"Nous avons libéré la femme tunisienne qui a les mêmes droits que l’homme (à peu près), nous avons réformé tout ce qui est social et nous avons généralisé l’éducation. Aujourd’hui, notre principal problème est le chômage des diplômés. Ces données ne sont pas présentes dans les autres pays, c’est pour cela que le nôtre représente une exception."

La Tunisie, le plus important exportateur de terroristes

Rebondissant sur l’idée que la Tunisie comprend le plus de jeunes diplômés dans le monde arabe, le journaliste s’est intéressé sur l’équation entre cette donnée et celle qui dit que, selon des rapports internationaux, la Tunisie est le pays qui exporte le plus de terroristes vers les zones de tensions (Iraq, Syrie et Libye).

"L’emplacement géographique de la Tunisie, ses relations avec l’Europe et ses racines situées dans le monde arabo-musulman a fait en sorte que notre pays soit ouvert à toutes les autres Nations : regardez nos relations avec la Libye, on dirait que nous sommes un seul peuple vivant dans deux pays différents ! Cette jeunesse bien éduquée qui, en dépit de ses diplômes, ne réussit pas à trouver un travail, que voulez-vous qu’elle fasse ? Avant la révolution, Daech n’existait pas, c’est pour cela qu’il n’y avait pas tous ces Tunisiens qui partaient combattre au nom du terrorisme. Aujourd'hui, il n’y a plus que la Tunisie qui est concernée par ce phénomène, il suffit de voir ce que vit l’Europe pour le comprendre!".

Questionné sur la possibilité du retour de ces terroristes en Tunisie, le chef de l’Etat a expliqué que, constitutionnellement parlant, aucun Tunisien ne peut être empêché de rentrer au pays. Toutefois, Caïd Essebsi a expliqué que la Tunisie abrite encore des sympathisants de ces terroristes et des cellules dormantes qui sont maîtrisées par les forces armées. "Les associations qui ont aidé le terrorisme ont été neutralisé, les autorités prennent les mesures nécessaires en termes de lutte contre le terrorisme, la preuve, la Tunisie n’a plus connu d’attaque terroriste".

Nidaa Tounes

Revenant sur la situation interne du mouvement qu’il a fondé en 2012, Béji Caïd Essebsi a expliqué que ce mouvement est survenu afin de créer l’équilibre sur la scène politique.

"Notre problème n’est pas avec Ennahdha mais avec l’islam politique. Notre islam est ouvert et son interprétation est claire. L’islam politique n’est ni tolérant ni ouvert. Le Coran est clair ‘nous avons notre religion, vous avez la vôtre’. Nous sommes dans cette voie, nous souhaitons que tout le monde cohabite. Après les élections, tous les partis politiques sont entrés en crise. Il existe des partis politiques qui existent depuis des décennies et qui ont quand même disparu suite à ces mêmes élections. Les législatives de 2014 ont remis les choses à leur place. Ennahdha pensait qu’il allait être le premier parti, est arrivé second avec 69 sièges. Constitutionnellement et démocratiquement, on ne peut pas ne pas prendre en compte ces données. Nidaa Tounes a rassemblé des personnes de la Gauche, des syndicalistes, des Destouriens et des indépendants. Malgré ses crises, Nidaa Tounes continue d’exister".

Gouvernement d’union nationale

Questionné sur son initiative qui a donné naissance à un gouvernement d’union nationale, Béji Caïd Essebsi a insisté sur le fait qu’il est le président de tous les Tunisiens.

"Après l’annonce du 2 juin, toutes les tendances politiques ont réagi positivement. Ce gouvernement est venu afin de faire sortir le pays de la crise qu’il vit. Pour ce faire, nous avons besoin de grandes et profondes réformes et d’une loi de Finances qui ose aller vers les réels problèmes".

La Conférence internationale sur l’investissement, Tunisie 2020

"Sans investissement étranger, on ne pourra pas nous en sortir. C’est l’occasion pour nous de tester notre influence. Pour le moment, nous avons beaucoup de promesses mais entre les promesses et l’application, il y a tout un monde et c’est justement l’occasion pour nous. Nous ne voulons pas de prêts ou de dons, nous souhaitons avoir des investissements".

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