Khaled Fakhfakh a été élu, le 20 janvier, président de la Fédération tunisienne de l'Hôtellerie. Au HuffPost Tunsie, il dresse le topo et les perspectives de ce secteur aussi vital que menacé. Interview.
HuffPost Tunisie: Le tourisme, un des secteurs les plus affectés par la conjoncture politique. Des fermetures en nombre, des mesures astreignantes pour survivre. Quel est l'état des lieux pour les différentes infrastructures touristiques tunisiennes?
Khaled Fakhfakh: Oui en effet, l’industrie du tourisme est la plus affectée par la conjoncture économique et politique du pays.
Notre industrie vit, depuis six ans, une situation des plus difficiles et dont elle n’est nullement responsable, et nous ferons tout pour qu’elle survive à cette crise inédite. Aujourd’hui, environ 20% de la capacité hôtelière est menacée de disparition.
Malgré toutes les difficultés, nous avons préservé les emplois et contribué, en citoyens responsables, à la paix sociale. Nous figurons encore parmi les plus gros investisseurs du pays (9% en 2015) alors que l’accès au financement bancaire est de plus en plus difficile pour un très grand nombre d’hôteliers.
L’hôtellerie, une des composantes du tourisme, figure parmi les plus grands employeurs et générateurs de devises pour la Tunisie.
Par ailleurs, des ouvertures sont annoncées: Chaînes de luxe comptant s'implanter en Tunisie. Quel est ce secteur qui se développe alors que celui plus classique peine à résister? Le marché tunisien y est-il approprié?
L’implantation des chaînes de luxe est une très bonne chose et il faut l’encourager davantage. Il faut toutefois préciser qu’il s’agit d’enseignes de luxe et non d’investisseurs. L’investissement est réalisé exclusivement par nos concitoyens, c’est donc eux qui prennent le risque.
Leur arrivée n’est pas non plus une nouveauté ; les hôtels Hasdrubal, le Movenpick de Sousse, l’hôtel Athénée à Djerba, The Résidence, Le Concorde, La Badira à Hammamet et bien d’autres ont déjà opté pour le luxe. Ils ont compris que comme dans toutes les autres destinations, le classique et le luxe cohabitent parfaitement ensemble.
Le luxe tire le produit vers le haut, il doit être considéré comme une locomotive qui apporte une concurrence bénéfique.L’Hôtellerie de luxe permet de former davantage nos ressources humaines et crée de l'innovation.
Le renforcement du luxe va améliorer notre offre et notre image et donc rendre notre beau pays encore plus attractif.
En effet, à côté du tourisme de masse, nous voyons des hôtels tels que la Badira s'imposer à l'échelle nationale et internationale. Tourisme de niche ou tendance à généraliser ailleurs qu'à Hammamet?
Le succès de l’expérience du Luxe encouragera certainement d’autres opérateurs à y investir, à Hammamet ou ailleurs. Toutes nos stations méritent le luxe.
Il ne faut pas perdre de vue, que les destinations les plus prisées de la Méditerranée proposent une hôtellerie pour toutes les bourses.
Notre offre doit être riche et variée.
La clientèle du luxe doit être satisfaite durant toutes les étapes de son voyage, nous devons donc adapter nos infrastructures et services dès la descente de l'avion jusqu'au retour à l'aéroport.(Accueil, propreté, réseaux routiers, transports, artisanat, sites culturels, technologie, évènements et animation…etc). L’hôtellerie de luxe ne survivra pas seule, tout l’environnement doit être propice à son développement.
Avec une offre croissante de l’hôtellerie de luxe, la destination pourra attirer davantage de leaders d'options et prescripteurs.
Plus généralement, quelles sont les perspectives pour le secteur touristique en Tunisie? Quelles sont les orientations à privilégier si changements à envisager?
Depuis, particulièrement les évènements tragiques du Bardo, Sousse et Tunis (Avenue Mohamed V), notre secteur vit une crise sans précédent.
Notre industrie du Tourisme, comme celle du Textile ou des composants électroniques et automobiles, emploie un très grand nombre de Tunisiens (400 000) et couvre 20 % du déficit commercial en 2015.
Nos perspectives dépendent de la volonté politique. Il faut sauver "le soldat Tourisme".
La seule orientation à privilégier est la libéralisation totale. Abolir les mots "Licence", "Agrément" et "Autorisation".
Nous devons digitaliser l'ensemble de notre produit et le rendre commercialement disponible pour donner plus d'autonomie aux visiteurs potentiels.
Le sud tunisien. Point fort non exploité d'une manière optimale. A votre avis qu'est-ce qui serait à faire pour une meilleure efficience?
De par ses cachet et authenticité, le sud tunisien est luxe et rêve. Avec la libéralisation du ciel (open sky), la stabilité sécuritaire (frontière algérienne proche), une communication plus innovante, et en invitant des prescripteurs, nous pourrions en faire le Nevada de la Tunisie : évasion, spectacle, golf, manifestations internationales etc…
La Tunisie à l'image de chameau, de plages de sable fin et de clichés, c'est du consommé. Le tourisme commercial aussi, au vu des tendances internationales. Comment comptez-vous réorganiser le secteur, vous à sa tête, d'une certaine manière?
La réponse se trouve dans votre question, les éléments que vous évoquiez sont toujours d’actualité. Il faut juste un lifting et imaginer de nouveaux produits.
Nos stations demandent à être plus attractives en y amenant propreté, espaces verts, salles de spectacle, musées, galeries d’art, soit un cocktail explosif d’art, loisirs, bien-être et LIBERTE.
La clientèle locale, qu'est-ce qui serait à faire, pour l'attirer et la satisfaire?
La clientèle locale, j'estime qu'il faut adapter et réadapter notre offre pour pouvoir l'attirer et la garder. Nous devons travailler dans ce sens pour que la Tunisie devienne, à son tour, un marché émetteur de "touristes". De ce fait, la clientèle tunisienne doit être traitée de la même manière que le sont les clients venant d'autres marchés.
Ailleurs dans le monde le Airbnb semble devenir une menace pour l'hôtellerie classique. En Tunisie, le système florissant des maisons d'hôtes peut-il menacer les hôtels?
Je ne crois pas que le Airbnb soit une menace. Je crois qu'il est plutôt un complément. Oui, ça prend des parts de marché que l'hôtellerie aurait pu avoir mais cela génère une clientèle nouvelle dont l'arrivée est bénéfique pour tout un pays. Dans notre projet, l'intégration des maisons d'hôtes dans le réseau hôtelier est prévue. Le projet d'une Maison du tourisme les incluant est en cours de réflexion. Celle-ci sera faite en partenariat avec la FTAV (Fédération Tunisienne des Agences de Voyages).
HuffPost Tunisie: Le tourisme, un des secteurs les plus affectés par la conjoncture politique. Des fermetures en nombre, des mesures astreignantes pour survivre. Quel est l'état des lieux pour les différentes infrastructures touristiques tunisiennes?
Khaled Fakhfakh: Oui en effet, l’industrie du tourisme est la plus affectée par la conjoncture économique et politique du pays.
Notre industrie vit, depuis six ans, une situation des plus difficiles et dont elle n’est nullement responsable, et nous ferons tout pour qu’elle survive à cette crise inédite. Aujourd’hui, environ 20% de la capacité hôtelière est menacée de disparition.
Malgré toutes les difficultés, nous avons préservé les emplois et contribué, en citoyens responsables, à la paix sociale. Nous figurons encore parmi les plus gros investisseurs du pays (9% en 2015) alors que l’accès au financement bancaire est de plus en plus difficile pour un très grand nombre d’hôteliers.
L’hôtellerie, une des composantes du tourisme, figure parmi les plus grands employeurs et générateurs de devises pour la Tunisie.
Par ailleurs, des ouvertures sont annoncées: Chaînes de luxe comptant s'implanter en Tunisie. Quel est ce secteur qui se développe alors que celui plus classique peine à résister? Le marché tunisien y est-il approprié?
L’implantation des chaînes de luxe est une très bonne chose et il faut l’encourager davantage. Il faut toutefois préciser qu’il s’agit d’enseignes de luxe et non d’investisseurs. L’investissement est réalisé exclusivement par nos concitoyens, c’est donc eux qui prennent le risque.
Leur arrivée n’est pas non plus une nouveauté ; les hôtels Hasdrubal, le Movenpick de Sousse, l’hôtel Athénée à Djerba, The Résidence, Le Concorde, La Badira à Hammamet et bien d’autres ont déjà opté pour le luxe. Ils ont compris que comme dans toutes les autres destinations, le classique et le luxe cohabitent parfaitement ensemble.
Le luxe tire le produit vers le haut, il doit être considéré comme une locomotive qui apporte une concurrence bénéfique.L’Hôtellerie de luxe permet de former davantage nos ressources humaines et crée de l'innovation.
Le renforcement du luxe va améliorer notre offre et notre image et donc rendre notre beau pays encore plus attractif.
En effet, à côté du tourisme de masse, nous voyons des hôtels tels que la Badira s'imposer à l'échelle nationale et internationale. Tourisme de niche ou tendance à généraliser ailleurs qu'à Hammamet?
Le succès de l’expérience du Luxe encouragera certainement d’autres opérateurs à y investir, à Hammamet ou ailleurs. Toutes nos stations méritent le luxe.
Il ne faut pas perdre de vue, que les destinations les plus prisées de la Méditerranée proposent une hôtellerie pour toutes les bourses.
Notre offre doit être riche et variée.
La clientèle du luxe doit être satisfaite durant toutes les étapes de son voyage, nous devons donc adapter nos infrastructures et services dès la descente de l'avion jusqu'au retour à l'aéroport.(Accueil, propreté, réseaux routiers, transports, artisanat, sites culturels, technologie, évènements et animation…etc). L’hôtellerie de luxe ne survivra pas seule, tout l’environnement doit être propice à son développement.
Avec une offre croissante de l’hôtellerie de luxe, la destination pourra attirer davantage de leaders d'options et prescripteurs.
Plus généralement, quelles sont les perspectives pour le secteur touristique en Tunisie? Quelles sont les orientations à privilégier si changements à envisager?
Depuis, particulièrement les évènements tragiques du Bardo, Sousse et Tunis (Avenue Mohamed V), notre secteur vit une crise sans précédent.
Notre industrie du Tourisme, comme celle du Textile ou des composants électroniques et automobiles, emploie un très grand nombre de Tunisiens (400 000) et couvre 20 % du déficit commercial en 2015.
Nos perspectives dépendent de la volonté politique. Il faut sauver "le soldat Tourisme".
La seule orientation à privilégier est la libéralisation totale. Abolir les mots "Licence", "Agrément" et "Autorisation".
Nous devons digitaliser l'ensemble de notre produit et le rendre commercialement disponible pour donner plus d'autonomie aux visiteurs potentiels.
Le sud tunisien. Point fort non exploité d'une manière optimale. A votre avis qu'est-ce qui serait à faire pour une meilleure efficience?
De par ses cachet et authenticité, le sud tunisien est luxe et rêve. Avec la libéralisation du ciel (open sky), la stabilité sécuritaire (frontière algérienne proche), une communication plus innovante, et en invitant des prescripteurs, nous pourrions en faire le Nevada de la Tunisie : évasion, spectacle, golf, manifestations internationales etc…
La Tunisie à l'image de chameau, de plages de sable fin et de clichés, c'est du consommé. Le tourisme commercial aussi, au vu des tendances internationales. Comment comptez-vous réorganiser le secteur, vous à sa tête, d'une certaine manière?
La réponse se trouve dans votre question, les éléments que vous évoquiez sont toujours d’actualité. Il faut juste un lifting et imaginer de nouveaux produits.
Nos stations demandent à être plus attractives en y amenant propreté, espaces verts, salles de spectacle, musées, galeries d’art, soit un cocktail explosif d’art, loisirs, bien-être et LIBERTE.
La clientèle locale, qu'est-ce qui serait à faire, pour l'attirer et la satisfaire?
La clientèle locale, j'estime qu'il faut adapter et réadapter notre offre pour pouvoir l'attirer et la garder. Nous devons travailler dans ce sens pour que la Tunisie devienne, à son tour, un marché émetteur de "touristes". De ce fait, la clientèle tunisienne doit être traitée de la même manière que le sont les clients venant d'autres marchés.
Ailleurs dans le monde le Airbnb semble devenir une menace pour l'hôtellerie classique. En Tunisie, le système florissant des maisons d'hôtes peut-il menacer les hôtels?
Je ne crois pas que le Airbnb soit une menace. Je crois qu'il est plutôt un complément. Oui, ça prend des parts de marché que l'hôtellerie aurait pu avoir mais cela génère une clientèle nouvelle dont l'arrivée est bénéfique pour tout un pays. Dans notre projet, l'intégration des maisons d'hôtes dans le réseau hôtelier est prévue. Le projet d'une Maison du tourisme les incluant est en cours de réflexion. Celle-ci sera faite en partenariat avec la FTAV (Fédération Tunisienne des Agences de Voyages).
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