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Revisité, l'habit traditionnel tunisien s'offre un coup de jeune (VIDÉO)

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Broderies ancestrales sur robes modernes, burnous d'hommes adaptés en tenues pour femme: l'habit traditionnel s'offre un coup de jeune en Tunisie et fait recette, à tel point que les créateurs rêvent désormais de franchir les frontières.

Les tenues traditionnelles ont toujours été d'une grande variété dans ce pays d'Afrique du Nord où chaque région dispose de ses propres modèles, portés de tout temps lors des mariages et cérémonies religieuses. Une diversité qui puise ses racines dans les civilisations qui s'y sont succédé : carthaginoise, romaine, berbère, arabe, andalouse, ottomane...

Si, du nord au sud, les coupes varient, les tissus nobles et précieux, en soie, dentelle ou tulle, sont tous richement ornés de fils en argent, en or et en cannetille. Depuis quelques années, des touches de modernité ont toutefois été apportées par des artisans et créateurs locaux, et font toujours plus d'adeptes.

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"Les Tunisiennes, surtout les jeunes, aiment de plus en plus le patrimoine tunisien. Elles veulent afficher leur identité", affirme à l'AFP la créatrice Zeineb Chiboub en se félicitant de cette tendance. Elle-même est habillée d'un manteau à capuchon inspiré de la Kachabia, à l'origine un vêtement d'hiver masculin.

Chaque semaine, cette pharmacienne de formation se déplace dans plusieurs régions en quête d'anciennes pièces. Elle les découpe et les transforme en modèles "stylisés", dans le but de les vendre dans sa boutique de la banlieue huppée de Tunis.

Selon Mme Chiboub, ses clientes veulent des vêtements à porter au quotidien, pas uniquement lors des fêtes. Le plus demandé est le fameux "Maryoul Fadhila", un tricot traditionnel que l'on enfile sur des pantalons en jean ou de petites jupes.

Étudiante d'une vingtaine d'années, Haïfa Ifaa confirme trouver dans ces modèles revisités un sentiment de fierté. "J'aime beaucoup porter les habits 'réactualisés' de nos grand-mères", "montrer (...) la beauté de notre patrimoine!", clame-t-elle devant l'entrée du magasin de Faouzia Frad, une autre créatrice de vêtements traditionnels modernisés.

"Joie" et "fraîcheur"

Interrogée sur sa propre collection, Mme Frad explique utiliser la broderie de ses ancêtres sur "des robes plus cintrées, plus ajustées, qui s'adaptent aux goûts de la femme moderne". Impliquée de longue date dans le secteur, elle confirme l'engouement actuel: "ça marche bien!".

Commentant cette renaissance, le styliste Ilyes Ben Amor note que "la mode 'ethnique' est tendance dans toutes les maisons de haute couture et sur les podiums internationaux". "Cela a donné des idées à des créateurs tunisiens", relève-t-il.

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Il y voit également une ode aux "couleurs chaudes et osées des habits traditionnels, qui propagent la joie, la fraîcheur, au contraire de tout ce qui est sombre, empreint de tristesse, comme le niqab" (voile intégral).

Alors que la Tunisie a connu ces dernières années l'essor d'une mouvance jihadiste qui a pu nuire à l'image du pays, "notre seule arme contre l'intégrisme est notre identité, notre culture, notre artisanat", renchérit la présidente du jury du "Khomsa d'or", Fatma Ben Abdallah.

Ce concours, dont la prochaine édition aura lieu le 18 mai, est destiné aux créateurs et artisans amateurs et professionnels. Organisé par l'Office national de l'artisanat, il vise à faire revivre l'habit traditionnel en Tunisie, avec le rêve de franchir les frontières.

Comme beaucoup, Mme Ben Abdallah a en effet l'ambition de participer voire d'organiser des "défilés internationaux". "Nous avons un patrimoine très riche, du talent, du goût. (...) Mais les moyens nous manquent et, sans le soutien du gouvernement, ce rêve ne pourra se réaliser", juge-t-elle.

Primé trois fois au "Khomsa d'or", Ilyes El Andari acquiesce: "l'habit traditionnel est une vitrine du pays, il mérite d'être davantage soutenu".

Mais l'idée commence tout juste à faire son chemin. A ce jour, il n'existe toujours pas de données officielles sur les revenus du secteur, ni d'étude sur son potentiel à l'export.

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