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L'enseignement supérieur privé en Tunisie expliqué par sa nouvelle fédération nationale (Interview)

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L’enseignement supérieur privé et la recherche scientifique ont désormais leur fédération nationale au sein de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).

Cette fédération patronale, a été créée à l’issue d’une assemblée constitutive, tenue vendredi 17 février 2017, au siège l'UTICA sous la présidence de Hichem Elloumi, premier vice-président de l’organisation patronale.

Pour en savoir plus sur cette fédération et découvrir ses objectifs et ses perspectives, HuffPost Tunisie a décidé de poser quelques questions à Kais Mabrouk, trésorier de la fédération et président de la Chambre Syndicale Nationale de l'Enseignement Supérieur Privé des Écoles d'architecture, de l'Audiovisuel et du Design. Interview.

HuffPost Tunisie: Quels sont les objectifs de la nouvelle fédération?

Kais Mabrouk: L’objectif principal de la création de la fédération est de poursuivre le travail des différentes chambres syndicales créées en 2015 et de porter d’une manière collégiale l’ensemble des préoccupations aux instances nationales sollicitées.

La création de la fédération s’est faite après un long processus de transformation de notre organisation syndicale. En effet, il y a eu une première étape de spécialisation des chambres syndicales :

• La chambre syndicale nationale de l’enseignement supérieur en santé,
• La chambre syndicale nationale de l’enseignement supérieur en droits, lettres, sciences économiques et gestion,
• La chambre syndicale nationale de l’enseignement supérieur en ingénierie et technologie,
• La chambre syndicale nationale de l’enseignement supérieur en architecture, audiovisuel et design.

Pour ces 4 chambres syndicales nationales spécialisées un besoin de travail commun est né pour les projets transverses et le besoin de créer la fédération s’est naturellement manifesté.


HuffPost Tunisie:
Quels sont les obstacles rencontrés par le secteur de l’enseignement privé et quels en sont les défis?


Kais Mabrouk: Notre premier défi est d’assoir d’une manière généralisée la qualité. Il y a un grand nombre d’établissements qui représentent une fierté pour notre secteur. D’autres établissements ont besoin d’accompagnement pour franchir un certain nombre d’étapes ; telle est notre principale vocation.

Nous accompagnons pleinement le projet de notre ministère de tutelle dans la réforme de l’enseignement supérieur. Nous sommes parties prenantes de la commission nationale et nous œuvrons avec notre expérience et notre expertise dans l’innovation pédagogique et le rayonnement à l’internationale de notre savoir-faire dans l’économie du savoir.

D’autre initiatives plus d’ordre communicationnelle interne et externe sont également dans nos projets tels que le salon national de l’enseignement supérieur privé, les assises de l’enseignement supérieur et les universités d’été.

HuffPost Tunisie: Comment la fédération peut-elle faire face aux problèmes relatifs à la valorisation de diplômes ?

Kais Mabrouk: Nous travaillons sur l’accréditation internationale de nos diplômes. A titre d’exemple, actuellement plusieurs écoles d’ingénieurs sont dans une phase bien avancée du processus d’audit auprès de la commission internationale d’accréditation des titres d’ingénieurs.

Dans la même lignée, nous ne cessons d’appeler et de rappeler au ministère de l’Enseignement supérieur la nécessité absolue de créer une instance nationale indépendante d’accréditation des diplômes.

HuffPost Tunisie: Y a-t-il une stratégie pour limiter “l’exode des chercheurs”?

Kais Mabrouk: L’une des rubriques importantes de notre projet c’est la recherche scientifique dans les établissements d’enseignement supérieurs privés. A cet effet, une rencontre avec le secrétaire d’état Khalil Amri a été organisée pour lui présenter notre volonté de faire de notre secteur un acteur dans la recherche.

Nous travaillons actuellement sur un projet de structuration de la recherche scientifique privée et bientôt un projet sera soumis au secrétaire d’état à la recherche après validation de l’ensemble des établissements privés.

Ce projet prendra en compte l’évolution du corps professoral au sein de nos structures de maître-assistant à maître de conférences vers professeur.Ceci incitera davantage les chercheurs à poursuivre leur carrière dans nos établissements en particulier et en Tunisie en général. Cette démarche permettra pour nous d’investir davantage dans la valorisation des efforts menés par ces corps dans le rayonnement scientifique de notre patrie.


HuffPost Tunisie:
L'enseignement supérieur privé en Tunisie peut devenir la source d'un rayonnement africain. Et en Tunisie, il se destine pour quel public?


Kais Mabrouk: Aujourd’hui nous accueillons près de 5000 étudiants étrangers. Nous devrions être à 15 000 si la croissance affichée entre 2001 et 2010 aurait été maintenue.

L’insécurité a freiné cette croissance et nous espérons rattraper incessamment ce retard. Plusieurs établissements participent et se déplacent partout en Afrique pour promouvoir l’enseignement supérieur privé. Mais un travail de notre chancellerie serait davantage catalyseur. Nous allons travailler de pair avec le ministère des Affaires étrangères pour cet effet une fois que les priorités sont lancées.

HuffPost Tunisie: Quelle est votre stratégie pour limiter l’inadéquation entre le besoin du marché de l’emploi et les diplômes accordés?

Kais Mabrouk: L’avantage dans le secteur privé c’est que les établissements privés pour se maintenir sur un marché (national et international) très concurrentiel ont l’obligation d’atteindre un taux d’insertion professionnelle élevé.
Si tel n'est pas le cas, l’établissement perd en crédibilité. C’est quelque chose qui est naturellement dans nos préoccupations.

Cependant ceci n’empêche pas que nous appelions à chaque fois à la création d’une instance nationale de l’observatoire des métiers pour nous éclairer davantage sur les besoins du pays en termes de métiers et d’opportunités d’emploi. D’ailleurs l’observatoire lancé par le ministère des TICs (observatoire national des TIC) fut d’une utilité incommensurable.

Le résultat de ses travaux sont aujourd’hui utilisés dans le cadre de l'accréditation des filières d’ingénieurs en informatique et télécoms.

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