Le HuffPost Tunisie s'associe a Aswat Nissa afin de promouvoir l'engagement des femmes tunisiennes en politique à travers une série de portraits de jeunes femmes tunisiennes qui ont fait le choix de s'engager.
Nawrez Ellafi, membre du bureau régional de l'organisation des femmes au sein du parti AlWatad, (Mouvement des patriotes démocrates), a été élue major de la promotion 2016 du programme phare d’Aswat Nissa, à savoir, l’Académie politique des femmes. Malgré tous les coups durs qu’elle a traversé, Nawrez n’a jamais baissé les bras, et continue à aspirer à une carrière politique, notamment à Sousse où elle se présentera lors des prochaines municipales.
Une militante dans l'âme
Fille de parents syndicalistes adhérents à l’Union Générale tunisienne du travail (UGTT), Nawrez a baigné dans le militantisme dés son plus jeune âge. C’est donc tout naturellement qu’elle décide de suivre les pas de ses parents en atteignant sa majorité.
Mais la jeune femme se heurte au refus catégorique de son père, un père conservateur qui a peur pour sa fille. La jeune Nawrez voit ce refus comme une forme d’oppression et se rebelle contre l’autorité parentale qu’elle assimile au régime de Ben Ali.
Son bac en poche, elle quitte sa Gafsa natale, le cocon familial et part s’installer à Monastir pour faire ses études universitaires.
C’est finalement sur les bancs de l’Institut Supérieur de Biotechnologie de Monastir que Nawrez laissa exprimer l’âme de militante qui sommeille en elle en intégrant l’Union générale des Etudiants de Tunis (UGET) dont la principale rivale est l'Organisation des étudiants du RCD, une organisation proche du régime de Ben Ali. Nawrez garde son activité militante un secret pour ses parents afin de ne pas s’attirer les foudres de son père mais c’est finalement le régime du dictateur déchu qui coupe court à son expérience au sein de l’UGET. En effet, durant sa deuxième année universitaire, la brillante jeune femme n’est plus seulement témoin de l’injustice du régime, elle s’en retrouve victime.
Elle se retrouve privée de son droit de rachat à cause de son militantisme et redouble son année. Cette expérience bouleversante pour la jeune femme mêlée à d’autres problèmes familiaux l’obligent, à contre cœur, à quitter l’UGET, mais son désir de changer la Tunisie est toujours présent en elle.
J’ai enfin décidé de devenir membre d’un parti politique parce que j’ai compris qu’il ne suffisait plus de vouloir le changement mais qu’il fallait y contribuer.
En 2011, la révolution lui redonne goût au militantisme, Nawrez devient une habituée des manifestations populaires mais c’est finalement l’événement du 6 février 2013, l’assassinat du martyr Chokri Belaïd, qui marqua la jeune femme et l’amena à intégrer la scène politique tunisienne. "J’ai enfin décidé de devenir membre d’un parti politique parce que j’ai compris qu’il ne suffisait plus de vouloir le changement mais qu’il fallait y contribuer" confie-t-elle.
Si au début rien ne la prédestinait à devenir politicienne, aujourd’hui la jeune femme qui cite "El Kehna" comme modèle, a acquis la confiance qui lui manquait et se voit un avenir sans limites: "Mes ambitions n’ont, désormais, plus de limites que ce soit dans mon parti ou pour des postes plus importants" affirme t-elle. Et la jeune politicienne a bien raison. En effet, elle est actuellement proposée en tant que coordinatrice régionale des Jeunes au sein de son parti Al Jabha et compte, prochainement, se présenter aux élections municipales de 2017.
La femme dans la scène politique tunisienne
Nawrez Ellafi estime qu’à l’heure actuelle, le pays a besoin de la participation active de la gent féminine. Comme elle le dit elle-même: "La Femme en politique ne se présente plus comme étant une option mais comme La Solution".
Elle estime que même si des obstacles sociaux freinent les carrières des femmes au sein de la politique c’est aux femmes de les dépasser: "Quand une femme veut quelque chose elle finit par l'avoir tôt ou tard" ajoute-elle.
Si elle est élue lors des prochaines élections municipales, elle prévoit de démontrer les capacités de la gent féminine et ce en consacrant son temps à l’instauration d’ "un climat de confiance, participatif et convivial entre les citoyens et les dirigeants", sans bien sûr oublier de venir en aide aux femmes de sa région. Elle compte ainsi "donner du pouvoir aux femmes pour lutter contre les discriminations existantes. Que ce ne soit pas juste des discours ou une journée nationale pour la célébrer mais du concret et du tangible" affirme t-elle.
Son expérience au sein de l’Académie politique des femmes
Récemment, Nawrez a été élue major de la promotion 2016 de l’Académie politique des femmes qui lui a, comme elle le dit elle-même, permis "de se découvrir".
Le programme a eu un fort impact sur la vie de la jeune politicienne. "Mon expérience dans l’Académie Politique d’Aswat Nissa a marqué un grand tournant dans ma vie que ce soit à l’échelle personnelle, professionnelle ou politique" confie t-elle.
"Quand une femme veut quelque chose elle finit par l'avoir tôt ou tard"
Son parcours au sein de l’Académie lui a permis de comprendre qu’il était tout à fait possible de collaborer avec des partisanes d’autres partis politiques: "Travailler avec d’autres femmes d’autres partis a ouvert mes perspectives sur les possibilités que nous avons, en tant que Femmes, malgré nos différences, de collaborer ensemble pour un objectif commun" conclut-elle.
Aswat Nissa est une organisation non gouvernementale de droit tunisien. Créée en 2011, elle est indépendante de toute influence politique. Inclusive, elle plaide pour l’intégration de l’approche genre dans les politiques publiques en encourageant les femmes tunisiennes à porter leur voix et à prendre la place qui leur revient dans la vie publique et politique. "Aswat Nissa" se traduit de l’arabe au français par "voix de femmes".
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