8 mars, huit femmes, huit histoires et un projet, celui de Jaou*, un mouvement culturel animant la scène artistique contemporaine tunisienne depuis trois éditions déjà.
"Ce projet est porté par des femmes, de son élaboration première à sa réalisation", explique Lina Lazaar qui en est l'instigatrice.
Et s'il est un mot qui revient souvent dans son discours, c'est "catalyseur ". Car pour celle qui a été commissaire de nombreuses expositions tunisiennes et internationales dont le premier pavillon pan arabe à Venise en 2011, c'est ainsi que l'art s'envisage, comme un moyen de toucher par la proximité, seule susceptible de créer l'empathie transcendante.
"Artivisme plutôt qu’activisme, une façon sociale de réintégrer la culture en vecteur de changement", voilà le credo de cette jeune tunisienne qui s'est donné pour mission d'emmener ailleurs que "sur les sentiers battus, l'art contemporain tunisien et arabe". Un credo qu'elle a transmis à une équipe, formée exclusivement de femmes. "Nous ne sommes pas dans une démarche contemplative, mais participative et surtout collective".
Et pour réaliser cette forme non conventionnelle de pratique artistique, il y a de la réflexion et des talents polyvalents.
Ces huit femmes croient foncièrement que le salut de la Tunisie commence à l'instant où l'on agit, de quelque manière que ce soit, pour que les choses changent. Ce qu'elles mettent en application à chaque projet réalisé, c'est une création qui n'a pas de limites car ces limites que l'on cesse de faire exister permettent de créer une dynamique autre, bénéfique pour le pays.
Cette forme de force d'action est ce qui a attiré Khouloud, rentrée, en Tunisie, des Etats-Unis après un master en littérature anglaise. Celle qui a vécu comme une frustration la révolution tunisienne car ne la suivant qu'à travers les réseaux sociaux a fait le choix d’intégrer, dès son retour, l'action culturelle. Présidente du Jazz Club de Tunis, une association qui investit dans l’éducation musicale alternative, elle croit fermement à la nécessité d’une révolution culturelle et des idées. C’est ce qui l’a poussée en 2016 à intégrer KLF* où elle agit actuellement dans le cadre de Jaou.
Ferielle, Valeria et Sabah sont celles qui vont à la rencontre des artistes prêts à s’engager dans leur projet et préparent le terrain.
Valeria, Italienne de sang se sent tunisienne de cœur; elle l'est aussi par la parole, dans un dialecte tunisien fluide qu'elle a découvert à l'adolescence et dont elle est tombée en admiration. Elle qui est en Tunisie depuis un an, a fait du monde arabe et du Maghreb son champ d'études. Son cursus universitaire en études orientales couronné par un diplôme en "Politique culturelle et industrie créative" l'a menée vers un aspect pratique de sa passion: des projets artistiques liant les deux rives de la Méditerranée. "J'ai suivi mon cœur et j'ai trouvé ma place", explique celle qui présente sa vie en Tunisie comme une forme d'engagement envers ce pays et ses arts.
Ferielle est, quant à elle, tunisienne en partie. Artiste plasticienne, elle a choisi volontairement de faire un retour aux sources; et ses sources c'est au Kef qu'elle les perçoit et les conquiert à chaque visite dans cette région du nord-ouest tunisien. "On a ri de moi quand je sautais de joie en obtenant, il y a de cela trois mois, ma carte d'identité tunisienne. On me rappelait que j'avais un passeport français, comme si ç'avait été l'accomplissement ultime". Ferielle a vécu euphoriquement cette appartenance concrétisée, cette preuve tangible de son enracinement dans les hauteurs de son Kef bien-aimé.
Entre ces mondes qui cohabitent et le monde extérieur, une autre jeune femme a choisi la Tunisie après 10 ans de vie à Paris dont 3 ans d’expérience dans la production audiovisuelle. De retour à Tunis, Leila s’est reconvertie dans le domaine de la communication. Aujourd’hui, elle a trouvé sa place au sein de l'équipe Jaou et vit cette expérience comme "le trait d’union entre le monde de la communication et celui de la culture", ses deux passions dont elle a fait son métier.
Démarche similaire pour Sabah qui a renoncé à son parcours professionnel à Paris pour vivre pleinement sa passion pour la Tunisie et pour ses artistes. Docteur en agronomie, elle est aussi marquée par son patrimoine, imprégnée par la culture arabe et passionnée par l’art. Elle s’investit dans l’organisation de Jaou, tout en menant en parallèle les projets de la Fondation et gère de pair la collection KLF* avec Elsa Despiney. Cette dernière historienne de l'art, a choisi de poser ses valises et de mettre ses connaissances au service de la promotion et de la valorisation de l'art en Tunisie.
A ses côtés pour concrétiser cela, une femme discrète Soumaya Gharsallah-Hizem, directrice de KLF*, elle supervise les projets et les mène à terme. Ancienne directrice du Musée du Bardo, cette architecte de formation a fui l'administration pour un monde qu'elle trouve plus vivace, où on "pratique" la culture autrement". C'est dans ce monde qu'elle trouve plus efficient, qu'elle estime aider le pays à montrer ce qu'il a de beau: ses talents souvent méconnus, des fois exacerbés par manque de reconnaissance et majoritairement attirés par l'immigration comme un moyen d'ascension sociale.
Une conception aux antipodes de celle de ces huit femmes, ayant enclenché un processus de retour dans un pays en pleine mutation sociale et culturelle.
Réunies autour d'une même table, elles construisent le projet artistique JAOU, centré cette année autour d'un thème dont elles sont à leur tour l’incarnation: La Nation Migrante, non pas vers cet ailleurs souvent idéalisé, mais vers les origines d'une Tunisie que certains de ses enfants rêvent de quitter.
Huit femmes, huit histoires et un projet de vie commun ou presque, celui de l'action par la culture et de la conception d'un salut par elle.
Date de la prochaine édition de Jaou: Du 12 au 16 Mai 2017
Kamel Lazaar Foundation: http://www.kamellazaarfoundation.org/
"Ce projet est porté par des femmes, de son élaboration première à sa réalisation", explique Lina Lazaar qui en est l'instigatrice.
Et s'il est un mot qui revient souvent dans son discours, c'est "catalyseur ". Car pour celle qui a été commissaire de nombreuses expositions tunisiennes et internationales dont le premier pavillon pan arabe à Venise en 2011, c'est ainsi que l'art s'envisage, comme un moyen de toucher par la proximité, seule susceptible de créer l'empathie transcendante.
"Artivisme plutôt qu’activisme, une façon sociale de réintégrer la culture en vecteur de changement", voilà le credo de cette jeune tunisienne qui s'est donné pour mission d'emmener ailleurs que "sur les sentiers battus, l'art contemporain tunisien et arabe". Un credo qu'elle a transmis à une équipe, formée exclusivement de femmes. "Nous ne sommes pas dans une démarche contemplative, mais participative et surtout collective".
Avec Jaou et son équipe, l'art se matérialise, prend vie, et épouse des formes humaines. "La culture peut ainsi réfléchir le monde et ne pas seulement le représenter".
Et pour réaliser cette forme non conventionnelle de pratique artistique, il y a de la réflexion et des talents polyvalents.
Ces huit femmes croient foncièrement que le salut de la Tunisie commence à l'instant où l'on agit, de quelque manière que ce soit, pour que les choses changent. Ce qu'elles mettent en application à chaque projet réalisé, c'est une création qui n'a pas de limites car ces limites que l'on cesse de faire exister permettent de créer une dynamique autre, bénéfique pour le pays.
Cette forme de force d'action est ce qui a attiré Khouloud, rentrée, en Tunisie, des Etats-Unis après un master en littérature anglaise. Celle qui a vécu comme une frustration la révolution tunisienne car ne la suivant qu'à travers les réseaux sociaux a fait le choix d’intégrer, dès son retour, l'action culturelle. Présidente du Jazz Club de Tunis, une association qui investit dans l’éducation musicale alternative, elle croit fermement à la nécessité d’une révolution culturelle et des idées. C’est ce qui l’a poussée en 2016 à intégrer KLF* où elle agit actuellement dans le cadre de Jaou.
Ferielle, Valeria et Sabah sont celles qui vont à la rencontre des artistes prêts à s’engager dans leur projet et préparent le terrain.
Valeria, Italienne de sang se sent tunisienne de cœur; elle l'est aussi par la parole, dans un dialecte tunisien fluide qu'elle a découvert à l'adolescence et dont elle est tombée en admiration. Elle qui est en Tunisie depuis un an, a fait du monde arabe et du Maghreb son champ d'études. Son cursus universitaire en études orientales couronné par un diplôme en "Politique culturelle et industrie créative" l'a menée vers un aspect pratique de sa passion: des projets artistiques liant les deux rives de la Méditerranée. "J'ai suivi mon cœur et j'ai trouvé ma place", explique celle qui présente sa vie en Tunisie comme une forme d'engagement envers ce pays et ses arts.
Ferielle est, quant à elle, tunisienne en partie. Artiste plasticienne, elle a choisi volontairement de faire un retour aux sources; et ses sources c'est au Kef qu'elle les perçoit et les conquiert à chaque visite dans cette région du nord-ouest tunisien. "On a ri de moi quand je sautais de joie en obtenant, il y a de cela trois mois, ma carte d'identité tunisienne. On me rappelait que j'avais un passeport français, comme si ç'avait été l'accomplissement ultime". Ferielle a vécu euphoriquement cette appartenance concrétisée, cette preuve tangible de son enracinement dans les hauteurs de son Kef bien-aimé.
Entre ces mondes qui cohabitent et le monde extérieur, une autre jeune femme a choisi la Tunisie après 10 ans de vie à Paris dont 3 ans d’expérience dans la production audiovisuelle. De retour à Tunis, Leila s’est reconvertie dans le domaine de la communication. Aujourd’hui, elle a trouvé sa place au sein de l'équipe Jaou et vit cette expérience comme "le trait d’union entre le monde de la communication et celui de la culture", ses deux passions dont elle a fait son métier.
Démarche similaire pour Sabah qui a renoncé à son parcours professionnel à Paris pour vivre pleinement sa passion pour la Tunisie et pour ses artistes. Docteur en agronomie, elle est aussi marquée par son patrimoine, imprégnée par la culture arabe et passionnée par l’art. Elle s’investit dans l’organisation de Jaou, tout en menant en parallèle les projets de la Fondation et gère de pair la collection KLF* avec Elsa Despiney. Cette dernière historienne de l'art, a choisi de poser ses valises et de mettre ses connaissances au service de la promotion et de la valorisation de l'art en Tunisie.
"Ici, les talents sont nombreux et l'art qui vit une crise dans le monde entier, peine, des fois, à survivre. La plupart des jeunes que nous rencontrons ont du mail à vivre de leur art et se retrouvent à la marge. Ce sont eux que nous voudrions rendre visibles", explique Lina Lazaar.
A ses côtés pour concrétiser cela, une femme discrète Soumaya Gharsallah-Hizem, directrice de KLF*, elle supervise les projets et les mène à terme. Ancienne directrice du Musée du Bardo, cette architecte de formation a fui l'administration pour un monde qu'elle trouve plus vivace, où on "pratique" la culture autrement". C'est dans ce monde qu'elle trouve plus efficient, qu'elle estime aider le pays à montrer ce qu'il a de beau: ses talents souvent méconnus, des fois exacerbés par manque de reconnaissance et majoritairement attirés par l'immigration comme un moyen d'ascension sociale.
Une conception aux antipodes de celle de ces huit femmes, ayant enclenché un processus de retour dans un pays en pleine mutation sociale et culturelle.
Réunies autour d'une même table, elles construisent le projet artistique JAOU, centré cette année autour d'un thème dont elles sont à leur tour l’incarnation: La Nation Migrante, non pas vers cet ailleurs souvent idéalisé, mais vers les origines d'une Tunisie que certains de ses enfants rêvent de quitter.
Huit femmes, huit histoires et un projet de vie commun ou presque, celui de l'action par la culture et de la conception d'un salut par elle.
Date de la prochaine édition de Jaou: Du 12 au 16 Mai 2017
Kamel Lazaar Foundation: http://www.kamellazaarfoundation.org/
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