Que serait la Médina de Tunis sans ses monuments? Sans son histoire? Et sans ses habitants?
Farah Ben Mna est née et a grandi dans la Médina de Tunis. Âgée de 22 ans, elle en connait toutes les ruelles, toutes les histoires et pratiquement tout le monde.
Étudiante en informatique de gestion à Montfleury, c'est surtout dans l'associatif qu'elle évolue: Secrétaire-générale d'Aswat Nissa, membre du Croissant rouge tunisien... elle aime donner aux autres.
En l'accompagnant dans ces ruelles, l'on observe en elle un volet encyclopédique. Tous les murs ont une histoire qui leur est propre: "Cela fait 22 ans que j'arpente les rues ici et je ne connais pas exactement toutes les histoires qui y sont attachées" nuance-t-elle.
Pouvant apparaître comme un dédale aux communs des mortels, la Médina n'a aucun secret pour elle: "Plus jeune, je me perdais exprès pour pouvoir apprendre à y retrouver mon chemin" raconte-t-elle. Aujourd'hui, elle traverse ces ruelles, parfois étroites, parfois engorgées, d'une facilité déconcertantes.
Si de plus ne plus de familles et principalement de jeunes quittent la Médina, ce n'est pas le cas de Farah: "Je ne voudrais jamais quitter la Médina" indique-t-ellle, avant d'ajouter: "Je sais que de plus en plus de jeunes veulent sortir d'ici, mais pas moi, il y a une atmosphère particulière ici".
Inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979, elle regroupe Mosquées- "avec Wild Tunis, on en a compté plus de 300 lieux qui ont été ou qui sont des lieux de prières" affirme Farah-, des Palais, de grandes demeures, des médersas, des Zaouias, des tourbas, sans compter les souks.
"Si nous devions tous les visiter et raconter leur histoire, cela prendrait une vie" affirme Farah. Justement, pendant ses 22 ans passés entre les murs de celle-ci, qui mieux qu'elle pour raconter les monuments qui l'ont marquée, qui l'ont vue grandir?
Parfois oubliés, parfois chargés d'histoires, parfois abandonnés, parfois transformés...ces lieux ont vu Farah grandir et grandir avec elle son amour de ces lieux aux charmes particuliers:
Le lycée de jeunes filles de la rue du Pacha
Avant d'être le lycée de jeunes filles de la rue du Pacha, ce monument à travers le siècle dernier sous différentes appellations.
Créé en 1900 par Louise-Renée Millet, épouse du Résident Français, cette école n'a vu que 5 femmes assister à ses cours lors de son ouverture. Malgré les obstacles de l'époque, l'école a réussi a perdurer se transformant en collège, puis en lycée. De ses enceintes sont sorties de nombreuses femmes ayant marqué l'Histoire de la Tunisie à l'instar de Tawhida Ben Cheikh, première femme médecin musulmane du monde arabe.
Pour Farah, cette "ancienne demeure du Bey est utilisée pour plusieurs usages, et demeure le majestueux grand lycée de la triade éducative tunisienne avec le collège Sadiki et le lycée Carnot". Ayant elle même étudié ici, elle affirme y être profondément attachée: "On a été plusieurs générations de femmes de ma famille à avoir étudié ici. Une des surveillantes était là quand ma mère étudiait au Lycée, elle me racontait comment a vu le lycée changer".
Café El Enba
Le café El Enba ("Des Vignes") est un lieu calme, intimiste et discret de la Médina. Citronnade, jus de fraise ou de raisin sont parmi les spécialités du café. Pas cher et peu fréquenté, on peut s'y poser sur des bancs et des chaises installés dans la rue ombragée par les vignes.
"Le marc de café illumine avec ses noirceurs les âmes des cheikhs qui étaient les clients fidèles de ce lieu appelé autrefois café El Meddeb" affirme Farah qui dit aimer s'y rendre à l'aube pour le charme que ce café dégage: "C'est mon petit rituel. J'aime y aller au petit matin. Généralement on y retrouve les anciens du Souk qui refont le monde. Vu que c'est un café assez masculin, au départ, on me regardait de travers, puis maintenant je fais partie du décor" indique-t-elle.
Bibliothèque le Diwan
Avant de devenir une bibliothèque, le Diwan a connu de nombreuses vies. Si les traces de son existence remontent au 16eme siècle, il semblerait qu'il ait été également un cachot, des barreaux et des chaînes de l'époque trustant encore le lieu.
"Au début du 16 siècle, c’était un diwan (office, registre) où se réunissait le conseil militaire. Au milieu du 17 siècle Mohammed Bey El Mouradi l’a acheté et depuis elle est devenue un tribunal jusqu’à l’Indépendance où elle est devenue une bibliothèque" affirme Farah.
"C'est ici que je venais réviser après les cours. J'y passais des heures et des heures. C'est normal dans un lieu aussi calme et apaisant" affirme t-elle.
Le Croissant rouge tunisien
La Croissant-Rouge tunisien est une association humanitaire tunisienne fondée en 1956, après l'indépendance du pays. Le comité régional de Tunis, a son siège rue du Pacha en pleine Médina.
"C'est là que j'ai commencé la vie associative. Le travail fait ici est fantastique" affirme Farah.
En dehors des activités traditionnelles du Croissant rouge, il y a certains moments plus marquants: "Des moments comme les ruptures du jeûne qu'on organise pour les personnes qui n'ont pas les moyens par exemple. Ca marque, ça touche forcément. On se sent utiles en les aidant comme on peut" affirme Farah.
La Rachidia
Association culturelle et artistique spécialisée dans la musique tunisiennes, la Rachidia a vu le jour 1934. Première institution musicale de Tunisie, elle a fait se réunir et se rencontrer les plus grand musiciens, chanteurs, poètes du pays.
Le premier concert de la Rachidia eut lieu en 1935 au théâtre municipal de Tunis.
Parmi les illustres figures de la Rachidia, on trouve Ali Douagi, Saliha, Chafia Rochdi, Taher Gharsa, Naâma ou encore Oulaya.
Pour Farah, "cette association a eu entre ses murs les plus grand musiciens du pays". Pour elle, qui a appris le Oûd entre ces murs, la Rachidia est "une institution patrimoniale qu'il faut protéger".
Farah Ben Mna est née et a grandi dans la Médina de Tunis. Âgée de 22 ans, elle en connait toutes les ruelles, toutes les histoires et pratiquement tout le monde.
Étudiante en informatique de gestion à Montfleury, c'est surtout dans l'associatif qu'elle évolue: Secrétaire-générale d'Aswat Nissa, membre du Croissant rouge tunisien... elle aime donner aux autres.
En l'accompagnant dans ces ruelles, l'on observe en elle un volet encyclopédique. Tous les murs ont une histoire qui leur est propre: "Cela fait 22 ans que j'arpente les rues ici et je ne connais pas exactement toutes les histoires qui y sont attachées" nuance-t-elle.
Pouvant apparaître comme un dédale aux communs des mortels, la Médina n'a aucun secret pour elle: "Plus jeune, je me perdais exprès pour pouvoir apprendre à y retrouver mon chemin" raconte-t-elle. Aujourd'hui, elle traverse ces ruelles, parfois étroites, parfois engorgées, d'une facilité déconcertantes.
Si de plus ne plus de familles et principalement de jeunes quittent la Médina, ce n'est pas le cas de Farah: "Je ne voudrais jamais quitter la Médina" indique-t-ellle, avant d'ajouter: "Je sais que de plus en plus de jeunes veulent sortir d'ici, mais pas moi, il y a une atmosphère particulière ici".
Inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979, elle regroupe Mosquées- "avec Wild Tunis, on en a compté plus de 300 lieux qui ont été ou qui sont des lieux de prières" affirme Farah-, des Palais, de grandes demeures, des médersas, des Zaouias, des tourbas, sans compter les souks.
"Si nous devions tous les visiter et raconter leur histoire, cela prendrait une vie" affirme Farah. Justement, pendant ses 22 ans passés entre les murs de celle-ci, qui mieux qu'elle pour raconter les monuments qui l'ont marquée, qui l'ont vue grandir?
LIRE AUSSI: 12 endroits méconnus de la Médina de Tunis... qui valent le détour!
Parfois oubliés, parfois chargés d'histoires, parfois abandonnés, parfois transformés...ces lieux ont vu Farah grandir et grandir avec elle son amour de ces lieux aux charmes particuliers:
Avant d'être le lycée de jeunes filles de la rue du Pacha, ce monument à travers le siècle dernier sous différentes appellations.
Créé en 1900 par Louise-Renée Millet, épouse du Résident Français, cette école n'a vu que 5 femmes assister à ses cours lors de son ouverture. Malgré les obstacles de l'époque, l'école a réussi a perdurer se transformant en collège, puis en lycée. De ses enceintes sont sorties de nombreuses femmes ayant marqué l'Histoire de la Tunisie à l'instar de Tawhida Ben Cheikh, première femme médecin musulmane du monde arabe.
Pour Farah, cette "ancienne demeure du Bey est utilisée pour plusieurs usages, et demeure le majestueux grand lycée de la triade éducative tunisienne avec le collège Sadiki et le lycée Carnot". Ayant elle même étudié ici, elle affirme y être profondément attachée: "On a été plusieurs générations de femmes de ma famille à avoir étudié ici. Une des surveillantes était là quand ma mère étudiait au Lycée, elle me racontait comment a vu le lycée changer".
Le café El Enba ("Des Vignes") est un lieu calme, intimiste et discret de la Médina. Citronnade, jus de fraise ou de raisin sont parmi les spécialités du café. Pas cher et peu fréquenté, on peut s'y poser sur des bancs et des chaises installés dans la rue ombragée par les vignes.
"Le marc de café illumine avec ses noirceurs les âmes des cheikhs qui étaient les clients fidèles de ce lieu appelé autrefois café El Meddeb" affirme Farah qui dit aimer s'y rendre à l'aube pour le charme que ce café dégage: "C'est mon petit rituel. J'aime y aller au petit matin. Généralement on y retrouve les anciens du Souk qui refont le monde. Vu que c'est un café assez masculin, au départ, on me regardait de travers, puis maintenant je fais partie du décor" indique-t-elle.
Avant de devenir une bibliothèque, le Diwan a connu de nombreuses vies. Si les traces de son existence remontent au 16eme siècle, il semblerait qu'il ait été également un cachot, des barreaux et des chaînes de l'époque trustant encore le lieu.
"Au début du 16 siècle, c’était un diwan (office, registre) où se réunissait le conseil militaire. Au milieu du 17 siècle Mohammed Bey El Mouradi l’a acheté et depuis elle est devenue un tribunal jusqu’à l’Indépendance où elle est devenue une bibliothèque" affirme Farah.
"C'est ici que je venais réviser après les cours. J'y passais des heures et des heures. C'est normal dans un lieu aussi calme et apaisant" affirme t-elle.
La Croissant-Rouge tunisien est une association humanitaire tunisienne fondée en 1956, après l'indépendance du pays. Le comité régional de Tunis, a son siège rue du Pacha en pleine Médina.
"C'est là que j'ai commencé la vie associative. Le travail fait ici est fantastique" affirme Farah.
En dehors des activités traditionnelles du Croissant rouge, il y a certains moments plus marquants: "Des moments comme les ruptures du jeûne qu'on organise pour les personnes qui n'ont pas les moyens par exemple. Ca marque, ça touche forcément. On se sent utiles en les aidant comme on peut" affirme Farah.
Association culturelle et artistique spécialisée dans la musique tunisiennes, la Rachidia a vu le jour 1934. Première institution musicale de Tunisie, elle a fait se réunir et se rencontrer les plus grand musiciens, chanteurs, poètes du pays.
Le premier concert de la Rachidia eut lieu en 1935 au théâtre municipal de Tunis.
Parmi les illustres figures de la Rachidia, on trouve Ali Douagi, Saliha, Chafia Rochdi, Taher Gharsa, Naâma ou encore Oulaya.
Pour Farah, "cette association a eu entre ses murs les plus grand musiciens du pays". Pour elle, qui a appris le Oûd entre ces murs, la Rachidia est "une institution patrimoniale qu'il faut protéger".
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