Dans une des ruelles de la médina, rue Lagha précisément, beaucoup de monde s'affaire. Dans ce brouhaha particulier, un homme semble ailleurs, réfugié dans un endroit exergue qui surplombe sur un univers unique abrité derrière une porte discrète.
Dès l'entrée, l'immersion commence à la vue des tas de livres, des centaines, si ce n'est plus. Entre eux, deux individus vêtus de blouses blanches soignent les blessures du temps, celles de ces livres qui périssent. Des oeuvres précieuses vieillissantes qui ont besoin d'être dépoussiérées.
Mohamed et l'ouvrière Salwa, qui l'accompagne depuis 30 ans, semblent absorbés par leurs manoeuvres. Seules les entrées de clients détournent leur intention car l'opération est délicate, il s'agit de restaurer des livres qui datent de plus 600 ans parfois. Des vieux chefs d'oeuvres de la bibliothèque nationale ou de l'archive de grandes facultés tunisiennes, mêlés à ceux des particuliers.
Et les cicatrices des déchirures doivent être décousues d'abord par la couture avec du fil en soie puis avec une nouvelle mine à travers une couverture en cuir. Le titre et la bordure du livre sont ensuite ornés par un fil d'or et ce, selon l'époque de chaque livre; du 19, 20, 21 siècle, etc car le choix des caractères et du cuir diffère selon eux.
L'étape finale est maniée avec délicatesse dans une autre partie de l'atelier, que l'artisan appelle son jardin secret où s'empilent papiers décorés et grande variété de cuir et de livres.
"Il y a un code qu'il faut respecter afin de garder l'authenticité des bouquins". La reliure ne s'arrête pas là, il faut après organiser les livres par série, groupe, titre avant de les livrer au client, explique doctement Mahamed Ben Sassi, un rare relieur artisan à Tunis.
La reliure, non seulement un métier mais un art
Mohamed a commencé ce métier il y a 40 ans, la reliure était une spécialité apprise à Dar Alouj, une institution qui formait des personnes portées par ce métier et ils étaient 18 personnes à l'époque. Beaucoup n'ont pas continué dans cette veine, raconte Mohamed.
Travaillant pendant 40 ans comme relieur à la bibliothèque nationale tout en s'occupant de ses ateliers de reliure à la rue Pacha et rue Diwan, Mohamed a pris sa retraite en 2015 et depuis il se consacre pleinement à ses ateliers. Une retraite qui a l'air d'une délivrance pour lui: "Là-bas, on stagne, j'étais enterré, pas de possibilité de partir pour des stages, pas d'expositions, pas de possibilité de transmettre ce métier", déplore-t-il.
Et d'ajouter: "La bibliothèque nationale a les moyens de former et d'organiser des expositions sur la reliure comme ça se fait dans d'autres pays, qu'elle le fasse", s'exclame-t-il.
Mohamed se désole d'une métier marginalisé et jonché par "des bras cassés qui ne connaissent rien à la reliure artisanale". Il se lamente sur la fermeture de son institution de formation Dar Alouj."Désormais, la reliure est enseignée dans une centre à rue Ibn Khaldoun mais ceux qui en sortent sont mal formés. A mon époque, on avait appris le métier auprès d'un vieux autodidacte, épris par la culture", se souvient-il.
Pour l'artisan, la reliure est un art dont il faut avoir le talent: "Les livres restaurés peuvent être des oeuvres d'art où on utilise des matières aussi différentes comme le cuir, le plastique, le tissu, etc. A l'étranger, des expositions sont régulièrement organisées pour mettre en relief ce talent", explique-t-il en montrant un livre sur les expositions qui ont été faites à l'étranger: "Voyez ce sont de véritables joyaux", s'exclame-t-il en évoquant la particularité des les travaux exposés, la technique adoptée, etc".
L'artisan tend aussi à transmettre son savoir-faire à travers une collaboration avec Dar El Harka où il forme quelques jeunes à la reliure: "Les jeunes sont curieux, veulent apprendre, ce qui est réjouissant pour l'avenir", se félicite-il.
Et l'avenir peut être prometteur pour ces jeunes, malgré le manque d'outils de travail en Tunisie et qui doivent être importés de l'étranger, explique Mohamed: "Ce métier est porteur financièrement, le marché existe", confie-t-il. C'est une lueur d'espoir, comparé à d'autres artisanats au coma.
Dès l'entrée, l'immersion commence à la vue des tas de livres, des centaines, si ce n'est plus. Entre eux, deux individus vêtus de blouses blanches soignent les blessures du temps, celles de ces livres qui périssent. Des oeuvres précieuses vieillissantes qui ont besoin d'être dépoussiérées.
Mohamed et l'ouvrière Salwa, qui l'accompagne depuis 30 ans, semblent absorbés par leurs manoeuvres. Seules les entrées de clients détournent leur intention car l'opération est délicate, il s'agit de restaurer des livres qui datent de plus 600 ans parfois. Des vieux chefs d'oeuvres de la bibliothèque nationale ou de l'archive de grandes facultés tunisiennes, mêlés à ceux des particuliers.
Et les cicatrices des déchirures doivent être décousues d'abord par la couture avec du fil en soie puis avec une nouvelle mine à travers une couverture en cuir. Le titre et la bordure du livre sont ensuite ornés par un fil d'or et ce, selon l'époque de chaque livre; du 19, 20, 21 siècle, etc car le choix des caractères et du cuir diffère selon eux.
L'étape finale est maniée avec délicatesse dans une autre partie de l'atelier, que l'artisan appelle son jardin secret où s'empilent papiers décorés et grande variété de cuir et de livres.
"Il y a un code qu'il faut respecter afin de garder l'authenticité des bouquins". La reliure ne s'arrête pas là, il faut après organiser les livres par série, groupe, titre avant de les livrer au client, explique doctement Mahamed Ben Sassi, un rare relieur artisan à Tunis.
La reliure, non seulement un métier mais un art
Mohamed a commencé ce métier il y a 40 ans, la reliure était une spécialité apprise à Dar Alouj, une institution qui formait des personnes portées par ce métier et ils étaient 18 personnes à l'époque. Beaucoup n'ont pas continué dans cette veine, raconte Mohamed.
"Cet ouvrage exige de la patience et une habilité particulière, ce qui n'est pas toujours requis pour d'autres", ajoute-t-il.
Travaillant pendant 40 ans comme relieur à la bibliothèque nationale tout en s'occupant de ses ateliers de reliure à la rue Pacha et rue Diwan, Mohamed a pris sa retraite en 2015 et depuis il se consacre pleinement à ses ateliers. Une retraite qui a l'air d'une délivrance pour lui: "Là-bas, on stagne, j'étais enterré, pas de possibilité de partir pour des stages, pas d'expositions, pas de possibilité de transmettre ce métier", déplore-t-il.
Et d'ajouter: "La bibliothèque nationale a les moyens de former et d'organiser des expositions sur la reliure comme ça se fait dans d'autres pays, qu'elle le fasse", s'exclame-t-il.
Mohamed se désole d'une métier marginalisé et jonché par "des bras cassés qui ne connaissent rien à la reliure artisanale". Il se lamente sur la fermeture de son institution de formation Dar Alouj."Désormais, la reliure est enseignée dans une centre à rue Ibn Khaldoun mais ceux qui en sortent sont mal formés. A mon époque, on avait appris le métier auprès d'un vieux autodidacte, épris par la culture", se souvient-il.
Pour l'artisan, la reliure est un art dont il faut avoir le talent: "Les livres restaurés peuvent être des oeuvres d'art où on utilise des matières aussi différentes comme le cuir, le plastique, le tissu, etc. A l'étranger, des expositions sont régulièrement organisées pour mettre en relief ce talent", explique-t-il en montrant un livre sur les expositions qui ont été faites à l'étranger: "Voyez ce sont de véritables joyaux", s'exclame-t-il en évoquant la particularité des les travaux exposés, la technique adoptée, etc".
Mohamed reste pourtant optimiste: "Ce métier ne mourra jamais, la reliure est venue avant l'imprimerie. Tant qu'il y a des livres, du papier, ce métier résistera à la technologie, au digital car l'humain a besoin du concret, du tangible, d'une trace et pour cela rien ne vaut le livre", s'enthousiasme-t-il.
L'artisan tend aussi à transmettre son savoir-faire à travers une collaboration avec Dar El Harka où il forme quelques jeunes à la reliure: "Les jeunes sont curieux, veulent apprendre, ce qui est réjouissant pour l'avenir", se félicite-il.
Et l'avenir peut être prometteur pour ces jeunes, malgré le manque d'outils de travail en Tunisie et qui doivent être importés de l'étranger, explique Mohamed: "Ce métier est porteur financièrement, le marché existe", confie-t-il. C'est une lueur d'espoir, comparé à d'autres artisanats au coma.
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