Le musée du Bardo accueille jusqu’au 7 mai prochain l’exposition collective "MATZA Kerkennah: La mer un espace commun".
Dans le cadre de cette nouvelle édition de MATZA, 9 artistes tunisiens et internationaux ont été invités pendant 2 semaines en immersion à Kerkennah, avant d’exposer leurs œuvres dans l’un des plus importants musées de la Méditerranée.
L’artiste genevois et initiateur du projet, Séverin Guelpa explique sa démarche au Huffpost Tunisie.
HuffPost Tunisie :Séverin Guelpa, vous êtes plasticien, vous exposez cette semaine une installation monumentale au Palais de Tokyo à Paris, comment en êtes-vous arrivé au projet MATZA? Quel est le but d’une telle initiative?
Séverin Guelpa: Je ne voulais pas limiter ma création à un travail d’atelier, cela ne me suffisait pas.
L’idée est de s’intéresser au potentiel des gens, à leur capacité à s’organiser autour du problème écologique. Kerkennah est toute petite et très fragile mais en même temps avec un magnifique potentiel. Car elle est peuplée de gens fiers, de battants, qui ont besoin de la mer, sont conscients de ses enjeux, de son appauvrissement, des poissons qui sont de plus en plus rares. J’avais envie de confronter les artistes à cette situation là, car c’est poser la question de la capacité de chacun à se prendre en main.
Tous les artistes sont allés vers les pêcheurs, les habitants de l’île, se sont intéressés à eux. Il s’agit de partir de l’humain, du quotidien de ces gens, pour construire des œuvres et les présenter au musée du Bardo. Le Bardo est le musée du patrimoine tunisien, il s’agit ainsi de faire revivre une île qui est un peu oubliée en Tunisie.
Quelle a été la particularité de Kerkennah pour un tel travail?
La Tunisie est très centralisée et j’ai pour habitude d’aller dans les régions les plus lointaines possible pour essayer de les ramener. J’ai travaillé dans le désert, sur des glaciers et Kerkennah qui est un lieu beaucoup plus social car il y a des gens.
Ici, j’ai été très vite marqué par cette fierté et cette extrême fragilité des gens dont j’avais envie de parler, c’est ce qui a fait la puissance et la richesse de cette exposition. Des fragments de vie, d’expérience de gens qui au quotidien luttent pour s’en sortir, ne pouvant compter que sur eux. Il y a un savoir-faire un géni artisanal, ils construisent leurs propres bateaux, leurs filets… Ils ont réussi à s’adapter à l’environnement de leur île.
C’est la première édition de Matza à Kerkennah, je pars ensuite aux États Unis, pour une édition dans le désert, et sur les glaciers, en septembre, pour l’édition d’Aletsch en Suisse. C’est la première année où je fais les 3 mais j’avais à cœur de lier les 3 régions aussi.
Que signifie MATZA?
Matza est une tradition suisse inventée en Valais, dans la région montagnarde suisse, bien avant la démocratie où les habitants pour s’organiser entre eux allaient arracher un tronc d’arbre dans la forêt et le passaient de village en village. Les gens qui étaient d’accord pour se fédérer plantaient un clou. Pour moi c’est un symbole de résilience, de combativité.
Quand j’ai créé Matza je me suis dit que c’était vers cela que je voulais amener les gens. À la fois de s’intéresser la capacité de chacun de se prendre en main, de se responsabiliser et de décider de son avenir et aussi cette intelligence collective. Ce sont des régions qui incarnent ce potentiel là.
C’est votre 1ère expérience avec une équipe internationale, on imagine que le choix de la Tunisie ne s’est pas fait au hasard…
La Tunisie est le 1er pays que j’ai visité quand j’étais gamin en sortant de l’Europe avec mes parents, donc j’avais ce lien.
Si aujourd’hui il y a un pays porteur d’espoir c’est la Tunisie. Beaucoup de pays vont dépendre du succès de la reconversion de la transition démocratique en Tunisie, je trouvais aussi important de créer un projet qui fasse le lien avec l’Europe.
Il y a une scène artistique en Tunisie absolument géniale, avec beaucoup de projets, j’étais aussi très sensible à cela.
Dans le cadre de cette nouvelle édition de MATZA, 9 artistes tunisiens et internationaux ont été invités pendant 2 semaines en immersion à Kerkennah, avant d’exposer leurs œuvres dans l’un des plus importants musées de la Méditerranée.
"Tous les artistes sont allés vers les pêcheurs, les habitants de l’île, se sont intéressés à eux. Il s’agit de partir de l’humain, du quotidien de ces gens, pour construire des œuvres et les présenter au musée du Bardo".
L’artiste genevois et initiateur du projet, Séverin Guelpa explique sa démarche au Huffpost Tunisie.
HuffPost Tunisie :Séverin Guelpa, vous êtes plasticien, vous exposez cette semaine une installation monumentale au Palais de Tokyo à Paris, comment en êtes-vous arrivé au projet MATZA? Quel est le but d’une telle initiative?
Séverin Guelpa: Je ne voulais pas limiter ma création à un travail d’atelier, cela ne me suffisait pas.
L’idée est de s’intéresser au potentiel des gens, à leur capacité à s’organiser autour du problème écologique. Kerkennah est toute petite et très fragile mais en même temps avec un magnifique potentiel. Car elle est peuplée de gens fiers, de battants, qui ont besoin de la mer, sont conscients de ses enjeux, de son appauvrissement, des poissons qui sont de plus en plus rares. J’avais envie de confronter les artistes à cette situation là, car c’est poser la question de la capacité de chacun à se prendre en main.
Tous les artistes sont allés vers les pêcheurs, les habitants de l’île, se sont intéressés à eux. Il s’agit de partir de l’humain, du quotidien de ces gens, pour construire des œuvres et les présenter au musée du Bardo. Le Bardo est le musée du patrimoine tunisien, il s’agit ainsi de faire revivre une île qui est un peu oubliée en Tunisie.
Quelle a été la particularité de Kerkennah pour un tel travail?
La Tunisie est très centralisée et j’ai pour habitude d’aller dans les régions les plus lointaines possible pour essayer de les ramener. J’ai travaillé dans le désert, sur des glaciers et Kerkennah qui est un lieu beaucoup plus social car il y a des gens.
Ici, j’ai été très vite marqué par cette fierté et cette extrême fragilité des gens dont j’avais envie de parler, c’est ce qui a fait la puissance et la richesse de cette exposition. Des fragments de vie, d’expérience de gens qui au quotidien luttent pour s’en sortir, ne pouvant compter que sur eux. Il y a un savoir-faire un géni artisanal, ils construisent leurs propres bateaux, leurs filets… Ils ont réussi à s’adapter à l’environnement de leur île.
C’est la première édition de Matza à Kerkennah, je pars ensuite aux États Unis, pour une édition dans le désert, et sur les glaciers, en septembre, pour l’édition d’Aletsch en Suisse. C’est la première année où je fais les 3 mais j’avais à cœur de lier les 3 régions aussi.
Que signifie MATZA?
Matza est une tradition suisse inventée en Valais, dans la région montagnarde suisse, bien avant la démocratie où les habitants pour s’organiser entre eux allaient arracher un tronc d’arbre dans la forêt et le passaient de village en village. Les gens qui étaient d’accord pour se fédérer plantaient un clou. Pour moi c’est un symbole de résilience, de combativité.
Quand j’ai créé Matza je me suis dit que c’était vers cela que je voulais amener les gens. À la fois de s’intéresser la capacité de chacun de se prendre en main, de se responsabiliser et de décider de son avenir et aussi cette intelligence collective. Ce sont des régions qui incarnent ce potentiel là.
C’est votre 1ère expérience avec une équipe internationale, on imagine que le choix de la Tunisie ne s’est pas fait au hasard…
La Tunisie est le 1er pays que j’ai visité quand j’étais gamin en sortant de l’Europe avec mes parents, donc j’avais ce lien.
Si aujourd’hui il y a un pays porteur d’espoir c’est la Tunisie. Beaucoup de pays vont dépendre du succès de la reconversion de la transition démocratique en Tunisie, je trouvais aussi important de créer un projet qui fasse le lien avec l’Europe.
Il y a une scène artistique en Tunisie absolument géniale, avec beaucoup de projets, j’étais aussi très sensible à cela.
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