Alors que le monde célèbre la liberté de la presse, mercredi, le 3 mai, cette journée est une occasion pour réfléchir sur les conditions d'exercice du journalisme dans des pays en crise en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Une réflexion qui a été menée dans le cadre des projets ILYM (Irak, Libye, Yémen médias) et "HIWAR, regards croisés sur le journalisme libyen" mis en oeuvre par l'agence française de coopération médias (CFI), avec le soutien de l'Institut de Recherche sur la Méditerranée et le Moyen-Orient et présentée à l'Institut Français de Tunisie avec le partenariat de l'agence TAP et de RSF grâce au financement du Centre de crise et le soutien du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international.
Le journaliste Abdallah Ismail a dévoilé comment, au Yémen, les journalistes payent un lourd tribut entre intimidations, tortures et exactions. Un Yémen qui recule dangereusement depuis 2014 en matière de liberté de presse, faisant table rase de tous les acquis arrachés en la matière, a déploré le journaliste yéménite.
Même son de cloche, du côté de la presse libyenne où l'enjeu est aussi la survie pour les journalistes dans un pays mené par plusieurs gouvernants et plusieurs milices, a signalé Suleiman Elbarouni. Autre enjeu crucial, la formation des journalistes dans ce pays sous la joug de la dictature depuis des lustres et qui a fait main basse sur le secteur.
Un travail de formation entamé depuis quelque temps où les journalistes jouent un rôle important pour poser les débats au sein de la société libyenne, ont fait savoir les journalistes libyens présents.
La liberté de presse, en recul partout
Si les enjeux ne sont pas les mêmes entre les pays de la région et les pays démocratiques, le recul de la liberté de presse est général et préoccupant, a signalé la représentante du Maghreb de RSF, Yasmine Kacha.
"Il faut être de plus en plus courageux pour exercer ce métier", a-t-elle renchéri.
La liberté d'expression en Tunisie: un acquis fragile
Revenant sur le bilan des médias tunisiens six ans après la révolution, Larbi Chouikha, universitaire tunisien, spécialiste des médias a affirmé que "la difficile transformation des médias est toujours d'actualité".
Pour Chouikha, on est encore dans un système hybride où la démocratie se fait attendre face à l'inexistence d'organes constitutionnels, censés veiller à la préservation de son essence, toutefois, on a dépassé l'autoritarisme car les libertés de réunion, d'association et d'expression sont des droits effectifs pour l'instant.
Mais "cet entre deux peut faire jaillir des monstres où certains pourraient être tentés de renouer avec des pratiques autoritaires", a-t-il alerté.
Pour juger du degré de l'étendu de la liberté d'expression, Chouikha a établi trois critères qui font défaut dans la plupart des médias tunisiens, a-t-il observé. "Premièrement, qu'entendons-nous par une entreprise de presse; y a-t-il vraiment une séparation entre le département administratif et rédactionnel? Deuxièmement, au sein des structures rédactionnelles, organise-t-on des conférences de rédaction? Y a-t-il des conseils de rédaction ou une charte rédactionnelle? Puis qu'en-est-il de la transparence à la fois rédactionnelle et financière?"
"La HAICA doit connaitre les recettes publicitaires des médias" a-t-il déclaré. Une opacité d'un côté et une paupérisation du métier de journaliste en Tunisie quand on sait que 50% des journalistes ne perçoivent pas 400 dinars par mois comme l'a signalé, le 2 mai, un collectif d'ONG tunisiennes et internationales.
Une marginalisation de la profession qui conduit à son déclin avec un travail journalistique bâclé et des violation quotidiennes de l'éthique journalistique, entre une confusion constante entre information et commentaire, des journalistes qui ne vérifient pas leurs informations ou ne tiennent pas compte des contradictions des sources, a déploré Chouikha.
Il met en garde contre la banalisation de ces phénomènes et l'absence d'une volonté politique d'initier des réformes en profondeur concernant les médias publics par exemple, pire encore en comptant ôter les prérogatives des organes de régulation, contribuant ainsi à cette anarchie.
"La liberté d'expression a été acquise mais peut être perdue" a conclu Larbi Chouikha.
Une réflexion qui a été menée dans le cadre des projets ILYM (Irak, Libye, Yémen médias) et "HIWAR, regards croisés sur le journalisme libyen" mis en oeuvre par l'agence française de coopération médias (CFI), avec le soutien de l'Institut de Recherche sur la Méditerranée et le Moyen-Orient et présentée à l'Institut Français de Tunisie avec le partenariat de l'agence TAP et de RSF grâce au financement du Centre de crise et le soutien du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international.
Des journalistes venus du Yémen, d'Égypte ou encore de Libye ont exposé les difficultés d'exercer leur métier dans des pays en guerre, tiraillés par des protagonistes multiples où chacun prêche sa propagande.
Le journaliste Abdallah Ismail a dévoilé comment, au Yémen, les journalistes payent un lourd tribut entre intimidations, tortures et exactions. Un Yémen qui recule dangereusement depuis 2014 en matière de liberté de presse, faisant table rase de tous les acquis arrachés en la matière, a déploré le journaliste yéménite.
Même son de cloche, du côté de la presse libyenne où l'enjeu est aussi la survie pour les journalistes dans un pays mené par plusieurs gouvernants et plusieurs milices, a signalé Suleiman Elbarouni. Autre enjeu crucial, la formation des journalistes dans ce pays sous la joug de la dictature depuis des lustres et qui a fait main basse sur le secteur.
Un travail de formation entamé depuis quelque temps où les journalistes jouent un rôle important pour poser les débats au sein de la société libyenne, ont fait savoir les journalistes libyens présents.
Une Libye en guerre où deux journalistes tunisiens Sofiane Chourabi et Nadhir Ktrari ont disparu depuis deux ans et demi et dont on ignore jusqu'à aujourd'hui le sort, a rappelé Thameur Mekki.
La liberté de presse, en recul partout
Si les enjeux ne sont pas les mêmes entre les pays de la région et les pays démocratiques, le recul de la liberté de presse est général et préoccupant, a signalé la représentante du Maghreb de RSF, Yasmine Kacha.
"On assiste à une époque de grand basculement avec un obscurcissement de la carte du monde même si la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient demeure la plus difficile pour les journalistes. Trois principaux dangers guettent le métier, d'abord une perception des médias en tant qu'instrument politique, ensuite la peur de parler, l'auto-censure pour des journalistes encerclés par différentes menaces et enfin les violences dont ils sont les cibles avec 90% d'entre elles qui restent impunies", a-t-elle fustigé.
"Il faut être de plus en plus courageux pour exercer ce métier", a-t-elle renchéri.
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Revenant sur le bilan des médias tunisiens six ans après la révolution, Larbi Chouikha, universitaire tunisien, spécialiste des médias a affirmé que "la difficile transformation des médias est toujours d'actualité".
Pour Chouikha, on est encore dans un système hybride où la démocratie se fait attendre face à l'inexistence d'organes constitutionnels, censés veiller à la préservation de son essence, toutefois, on a dépassé l'autoritarisme car les libertés de réunion, d'association et d'expression sont des droits effectifs pour l'instant.
Mais "cet entre deux peut faire jaillir des monstres où certains pourraient être tentés de renouer avec des pratiques autoritaires", a-t-il alerté.
Pour juger du degré de l'étendu de la liberté d'expression, Chouikha a établi trois critères qui font défaut dans la plupart des médias tunisiens, a-t-il observé. "Premièrement, qu'entendons-nous par une entreprise de presse; y a-t-il vraiment une séparation entre le département administratif et rédactionnel? Deuxièmement, au sein des structures rédactionnelles, organise-t-on des conférences de rédaction? Y a-t-il des conseils de rédaction ou une charte rédactionnelle? Puis qu'en-est-il de la transparence à la fois rédactionnelle et financière?"
L'universitaire a insisté sur le danger de l'opacité financière qui entoure les médias, s'interrogeant sur les sources financières des dizaines de chaines de télévision tunisiennes privées face à une enveloppe publicitaire réduite, voire absente pour certains.
"La HAICA doit connaitre les recettes publicitaires des médias" a-t-il déclaré. Une opacité d'un côté et une paupérisation du métier de journaliste en Tunisie quand on sait que 50% des journalistes ne perçoivent pas 400 dinars par mois comme l'a signalé, le 2 mai, un collectif d'ONG tunisiennes et internationales.
Une marginalisation de la profession qui conduit à son déclin avec un travail journalistique bâclé et des violation quotidiennes de l'éthique journalistique, entre une confusion constante entre information et commentaire, des journalistes qui ne vérifient pas leurs informations ou ne tiennent pas compte des contradictions des sources, a déploré Chouikha.
Il met en garde contre la banalisation de ces phénomènes et l'absence d'une volonté politique d'initier des réformes en profondeur concernant les médias publics par exemple, pire encore en comptant ôter les prérogatives des organes de régulation, contribuant ainsi à cette anarchie.
"La liberté d'expression a été acquise mais peut être perdue" a conclu Larbi Chouikha.
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