Le plus connu des membres du clan Trabelsi, qui avait mis l'économie tunisienne sous coupe réglée pendant la dictature de Ben Ali, a livré vendredi soir un témoignage inédit sur la corruption à l'époque, en présentant ses excuses au peuple tunisien.
Le récit de Imed Trabelsi, neveu de l'épouse du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, a été enregistré dans la prison où il se trouve depuis la révolution de 2011. Il a été diffusé par la télévision nationale lors d'une audition organisée par l'Instance Vérité et Dignité (IVD), chargée de recenser les violations des droits de l'Homme de ces dernières décennies.
Chemise blanche et cheveux gris, visiblement aminci, Imed Trabelsi, 42 ans, a raconté pendant une heure et demie comment il est devenu l'un des barons du pays sous Ben Ali, décrivant un système bien huilé grâce à la complicité de douaniers, de hauts fonctionnaires et de ministres.
"Nous avions pratiquement le monopole sur le commerce de la banane", a ainsi dit celui qui était aussi présent dans l'immobilier et l'alcool. Si un autre homme d'affaires essayait de lui faire de la concurrence, "nous bloquions" son chargement.
"Les douaniers qui travaillaient avec nous se consacraient à notre bateau (...), ils bloquaient les intérêts de beaucoup de gens et on ne sortait que notre marchandise, avant tout le monde", a-t-il ajouté, disant avoir donné des pots-de-vin allant jusqu'à 30.000 dinars (plus de 11.000 euros).
Concernant les hauts fonctionnaires, Imed Trabelsi a assuré que certains avaient fait du zèle pour se faire bien voir par des proches de Ben Ali, comme son gendre Sakher el-Materi. "Les responsables qui veulent se défausser complètement de leurs responsabilités, ce n'est pas vrai", a-t-il lâché.
Quant à la situation aujourd'hui, "il y a eu une révolution mais rien n'a changé à ma connaissance", a affirmé M. Trabelsi. "J'ai mes échos et le même système (de corruption) est encore opérationnel".
Pour conclure, il a dit "s'excuser du fond du coeur" et vouloir "tourner la page".
"Sept ans ont passé, j'aimerais que ça se termine. Ma fille avait dix mois quand je l'ai laissée, elle a huit ans aujourd'hui (...). Je veux ma liberté", a-t-il dit.
Après la révolution de 2011, Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi ont fui la Tunisie pour s'exiler en Arabie saoudite. Ils ont été condamnés par contumace à de lourdes peines de prison. Imed Trabelsi a lui aussi écopé de multiples peines, notamment pour fraude.
En plus des violations des droits de l'Homme comme la torture et le viol, l'IVD est habilitée à se pencher sur les crimes de corruption financière. M. Trabelsi a déposé une demande auprès de sa commission d'arbitrage, dans
laquelle il reconnaît ses torts et se dit prêt à restituer les sommes illégalement perçues.
Si son dossier est réglé, les condamnations à son encontre seront annulées au titre de la "réconciliation nationale". Mais, a indiqué Imed Trabelsi, le chargé du contentieux de l'Etat, qui doit obligatoirement faire partie de l'accord, n'a cessé de reporter l'affaire ces derniers mois.
Cette audition intervient au moment où le Parlement tunisien a repris l'examen d'un projet de loi défendu par le président Béji Caïd Essebsi, qui prévoit l'amnistie de faits de corruption en échange d'un dédommagement.
Ce projet est très décrié par la société civile, d'après qui il "blanchit les corrompus", et l'IVD répète qu'il rogne ses prérogatives.
Le récit de Imed Trabelsi, neveu de l'épouse du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, a été enregistré dans la prison où il se trouve depuis la révolution de 2011. Il a été diffusé par la télévision nationale lors d'une audition organisée par l'Instance Vérité et Dignité (IVD), chargée de recenser les violations des droits de l'Homme de ces dernières décennies.
Chemise blanche et cheveux gris, visiblement aminci, Imed Trabelsi, 42 ans, a raconté pendant une heure et demie comment il est devenu l'un des barons du pays sous Ben Ali, décrivant un système bien huilé grâce à la complicité de douaniers, de hauts fonctionnaires et de ministres.
"Nous avions pratiquement le monopole sur le commerce de la banane", a ainsi dit celui qui était aussi présent dans l'immobilier et l'alcool. Si un autre homme d'affaires essayait de lui faire de la concurrence, "nous bloquions" son chargement.
"Les douaniers qui travaillaient avec nous se consacraient à notre bateau (...), ils bloquaient les intérêts de beaucoup de gens et on ne sortait que notre marchandise, avant tout le monde", a-t-il ajouté, disant avoir donné des pots-de-vin allant jusqu'à 30.000 dinars (plus de 11.000 euros).
Concernant les hauts fonctionnaires, Imed Trabelsi a assuré que certains avaient fait du zèle pour se faire bien voir par des proches de Ben Ali, comme son gendre Sakher el-Materi. "Les responsables qui veulent se défausser complètement de leurs responsabilités, ce n'est pas vrai", a-t-il lâché.
Quant à la situation aujourd'hui, "il y a eu une révolution mais rien n'a changé à ma connaissance", a affirmé M. Trabelsi. "J'ai mes échos et le même système (de corruption) est encore opérationnel".
Pour conclure, il a dit "s'excuser du fond du coeur" et vouloir "tourner la page".
"Sept ans ont passé, j'aimerais que ça se termine. Ma fille avait dix mois quand je l'ai laissée, elle a huit ans aujourd'hui (...). Je veux ma liberté", a-t-il dit.
Après la révolution de 2011, Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi ont fui la Tunisie pour s'exiler en Arabie saoudite. Ils ont été condamnés par contumace à de lourdes peines de prison. Imed Trabelsi a lui aussi écopé de multiples peines, notamment pour fraude.
En plus des violations des droits de l'Homme comme la torture et le viol, l'IVD est habilitée à se pencher sur les crimes de corruption financière. M. Trabelsi a déposé une demande auprès de sa commission d'arbitrage, dans
laquelle il reconnaît ses torts et se dit prêt à restituer les sommes illégalement perçues.
Si son dossier est réglé, les condamnations à son encontre seront annulées au titre de la "réconciliation nationale". Mais, a indiqué Imed Trabelsi, le chargé du contentieux de l'Etat, qui doit obligatoirement faire partie de l'accord, n'a cessé de reporter l'affaire ces derniers mois.
Cette audition intervient au moment où le Parlement tunisien a repris l'examen d'un projet de loi défendu par le président Béji Caïd Essebsi, qui prévoit l'amnistie de faits de corruption en échange d'un dédommagement.
Ce projet est très décrié par la société civile, d'après qui il "blanchit les corrompus", et l'IVD répète qu'il rogne ses prérogatives.
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