Alors que les deux principaux partis du pays, à savoir Nidaa Tounes et Ennahdha, viennent de publier un communiqué commun où ils décident de former un comité de coordination en vue de rapprocher les vues entre les deux partis, leurs relations n'ont pas toujours été au beau fixe.
Si le discours de Nidaa Tounes, qui s'était positionné en tant que parti séculier en opposition au parti islamiste d'Ennahdha lors des élections de 2014 a fortement évolué, cela est dû en grande partie au rapprochement entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi.
Retour sur ces déclarations cultes ayant jalonné l'histoire politique commune d'Ennahdha et de Nidaa:
1) Quand pour Nidaa Tounes, Ennahdha n'avait pas le monopole de l'Islam
En 2012, le président du parti Nidaa Tounes Béji Caïd Essebsi insistait beaucoup sur le fait qu'Ennahdha, parti à idéologie islamiste, n'avait pas le monopole de l'islam. C'est ainsi qu'il n'hésite pas à puiser son argumentation dans la religion musulmane. En janvier 2012, il répondait par exemple à une attaque du ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque, en disant:
"Que Dieu lui pardonne. Mais puisque sa référence est l'islam, il connait surement ce verset..." avant de réciter un extrait du Coran.
2) Rached Ghannouchi : "Nida Tounes est plus dangereux que les salafistes"
Intervenant sur la radio Shems Fm, le 04 octobre 2012, le leader du parti Ennahdha Rached Ghannouchi descend en flamme le parti Nidaa Tounes: "Nidaa Tounes est plus dangereux que les salafistes. Je ne parle pas de Nidaa Tounes dans son ensemble mais de sa propension à recycler le RCD de nouveau" a-t-il affirmé.
La réponse -cinglante- viendra le lendemain de la part du secrétaire général de Nidaa Tounes de l'époque, Taieb Baccouche qui questionne indirectement le leader d'Ennahdha sur Nessma TV: "Qui est le plus dangereux, celui qui envoie ses milices pour empêcher les réunions des autres partis ou Nidaa Tounes?"
3) Première tentative de rapprochement
Après l'assassinat de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013, Nida Tounes se positionne encore contre le gouvernement de la Troïka, et renforce son leadership au sein du Front du Salut National (Union entre plusieurs partis de l'opposition).
Face à une crise politique qui perdure et alors que chacun campe sur ses positions, Béji Caïd Essebsi entamera une période plus conciliatrice, en interpellant le leader d'Ennahdha Rached Ghannouchi sur Nessma TV.
"Je conseille au parti Ennahdha, s'il veut bien accepter mes conseils, de changer de discours. C'est Cheikh Rached (Ghannouchi) qui décide (de la politique du gouvernement). Et moi je lui lance un appel (...) si vous voulez entamer le débat, nous sommes ouverts à cela".
Cet appel coïncidera avec la fameuse rencontre "secrète" de Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi.
4) "L'islam de Nidaa tounes n'est pas celui du mouvement Ennahdha. Notre Islam est tunisien" Béji Caïd Essebsi
Candidat à la présidentielle, Béji Caïd Essebsi alors président de Nidaa Tounes, tacle le parti Ennahdha et "prône un islam modéré fondé sur une approche réformatrice éclairée favorisant l’adéquation entre authenticité et ouverture, consacrant les valeurs de tolérance, de coexistence et de sagesse et bannissant la haine et la violence". Et d’ajouter : "L’islam de Nidaa Tounès n’est pas celui du mouvement Ennahda. Notre islam est tunisien".
5) Nidaa tounes rassure Ennahdha
Après la répression des Frères musulmans égyptiens par le général Al Sissi, la méfiance des dirigeants d'Ennahdha envers ses opposants s'est accentuée. Mais le président de Nida Tounes n'a cessé de les rassurer, au risque de se mettre à dos une partie de ses militants.
"Ennahdha est une composante indissociable du paysage politique. C'est un parti qui a le droit de participer à la vie politique (...) Nous n'exclurons personne", a-t-il déclaré sur Wataniya 1, en février 2014.
6) "Nidaa et Ennahdha sont deux lignes parallèles qui ne se croisent jamais..." signé Béji Caïd Essebsi
En pleine campagne électorale, le président du parti Nidaa Tounes et candidat à l'élection présidentielle Béji Caïd Essebsi accorde une interview au journal Assabah le 16 octobre.
Lors de celle-ci, il est interrogé sur la possibilité de s'allier Ennahdha si la situation l'y obligeait. Voici sa réponse: "Nidaa et Ennahdha sont deux lignes parallèles qui ne se croisent jamais sauf avec la volonté d'Allah...et s'ils se croisent l'on s'en remettra à Allah".
7) "Nous voyons la Tunisie comme un oiseau qui vole grâce aux deux ailes d'Ennahdha et de Nida Tounes" Rached Ghannouchi
"Nous voyons la Tunisie comme un oiseau qui vole grâce aux deux ailes d'Ennahdha et de Nida Tounes": La métaphore martelée par Rached Ghannouchi lors du congrès controversé de Nida Tounes a marqué les esprits. La députée Samia Abbou l'a même reprise, lundi, pendant une séance de débat sur le vote de confiance au nouveau gouvernement. Sur les réseaux sociaux, l'image, symbole d'une nouvelle configuration du gouvernement, a été parodiée par plusieurs internautes.
Si le discours de Nidaa Tounes, qui s'était positionné en tant que parti séculier en opposition au parti islamiste d'Ennahdha lors des élections de 2014 a fortement évolué, cela est dû en grande partie au rapprochement entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi.
Retour sur ces déclarations cultes ayant jalonné l'histoire politique commune d'Ennahdha et de Nidaa:
1) Quand pour Nidaa Tounes, Ennahdha n'avait pas le monopole de l'Islam
En 2012, le président du parti Nidaa Tounes Béji Caïd Essebsi insistait beaucoup sur le fait qu'Ennahdha, parti à idéologie islamiste, n'avait pas le monopole de l'islam. C'est ainsi qu'il n'hésite pas à puiser son argumentation dans la religion musulmane. En janvier 2012, il répondait par exemple à une attaque du ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque, en disant:
"Que Dieu lui pardonne. Mais puisque sa référence est l'islam, il connait surement ce verset..." avant de réciter un extrait du Coran.
2) Rached Ghannouchi : "Nida Tounes est plus dangereux que les salafistes"
Intervenant sur la radio Shems Fm, le 04 octobre 2012, le leader du parti Ennahdha Rached Ghannouchi descend en flamme le parti Nidaa Tounes: "Nidaa Tounes est plus dangereux que les salafistes. Je ne parle pas de Nidaa Tounes dans son ensemble mais de sa propension à recycler le RCD de nouveau" a-t-il affirmé.
La réponse -cinglante- viendra le lendemain de la part du secrétaire général de Nidaa Tounes de l'époque, Taieb Baccouche qui questionne indirectement le leader d'Ennahdha sur Nessma TV: "Qui est le plus dangereux, celui qui envoie ses milices pour empêcher les réunions des autres partis ou Nidaa Tounes?"
3) Première tentative de rapprochement
Après l'assassinat de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013, Nida Tounes se positionne encore contre le gouvernement de la Troïka, et renforce son leadership au sein du Front du Salut National (Union entre plusieurs partis de l'opposition).
Face à une crise politique qui perdure et alors que chacun campe sur ses positions, Béji Caïd Essebsi entamera une période plus conciliatrice, en interpellant le leader d'Ennahdha Rached Ghannouchi sur Nessma TV.
"Je conseille au parti Ennahdha, s'il veut bien accepter mes conseils, de changer de discours. C'est Cheikh Rached (Ghannouchi) qui décide (de la politique du gouvernement). Et moi je lui lance un appel (...) si vous voulez entamer le débat, nous sommes ouverts à cela".
Cet appel coïncidera avec la fameuse rencontre "secrète" de Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi.
4) "L'islam de Nidaa tounes n'est pas celui du mouvement Ennahdha. Notre Islam est tunisien" Béji Caïd Essebsi
Candidat à la présidentielle, Béji Caïd Essebsi alors président de Nidaa Tounes, tacle le parti Ennahdha et "prône un islam modéré fondé sur une approche réformatrice éclairée favorisant l’adéquation entre authenticité et ouverture, consacrant les valeurs de tolérance, de coexistence et de sagesse et bannissant la haine et la violence". Et d’ajouter : "L’islam de Nidaa Tounès n’est pas celui du mouvement Ennahda. Notre islam est tunisien".
5) Nidaa tounes rassure Ennahdha
Après la répression des Frères musulmans égyptiens par le général Al Sissi, la méfiance des dirigeants d'Ennahdha envers ses opposants s'est accentuée. Mais le président de Nida Tounes n'a cessé de les rassurer, au risque de se mettre à dos une partie de ses militants.
"Ennahdha est une composante indissociable du paysage politique. C'est un parti qui a le droit de participer à la vie politique (...) Nous n'exclurons personne", a-t-il déclaré sur Wataniya 1, en février 2014.
6) "Nidaa et Ennahdha sont deux lignes parallèles qui ne se croisent jamais..." signé Béji Caïd Essebsi
En pleine campagne électorale, le président du parti Nidaa Tounes et candidat à l'élection présidentielle Béji Caïd Essebsi accorde une interview au journal Assabah le 16 octobre.
Lors de celle-ci, il est interrogé sur la possibilité de s'allier Ennahdha si la situation l'y obligeait. Voici sa réponse: "Nidaa et Ennahdha sont deux lignes parallèles qui ne se croisent jamais sauf avec la volonté d'Allah...et s'ils se croisent l'on s'en remettra à Allah".
7) "Nous voyons la Tunisie comme un oiseau qui vole grâce aux deux ailes d'Ennahdha et de Nida Tounes" Rached Ghannouchi
"Nous voyons la Tunisie comme un oiseau qui vole grâce aux deux ailes d'Ennahdha et de Nida Tounes": La métaphore martelée par Rached Ghannouchi lors du congrès controversé de Nida Tounes a marqué les esprits. La députée Samia Abbou l'a même reprise, lundi, pendant une séance de débat sur le vote de confiance au nouveau gouvernement. Sur les réseaux sociaux, l'image, symbole d'une nouvelle configuration du gouvernement, a été parodiée par plusieurs internautes.
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— willis from tunis (@willisfromtunis) January 10, 2016
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