SOCIÉTÉS- Encombrement dans les foyers universitaires de la capitale et dans les régions côtières contre une désertification dans les régions intérieures, c'est le constat que dresse Mongi Naimi, directeur général des affaires estudiantines sur Nessma TV.
Parmi les 270 mille qui ont rejoint les bancs de l'université cette rentrée, pourquoi beaucoup boudent-ils les régions intérieures? "Pour Mongi Naimi, la faute est à la carte universitaire, dessinée depuis les années soixante et qui ne répond plus à l'évolution du paysage universitaire actuel.
Celui-ci pointe de doigt des étudiants qui désertent les régions où le foyer universitaire est "comparable à une hôtel cinq étoiles pour s'entasser dans les régions côtières où ils croient qu'il fait bon vivre".
Que cherchent les étudiants?
Ramla, originaire de Tunis, entamera cette année sa première année en université. Elle aspirait à étudier à l'Institut Supérieur d'Arts et métiers de Tunis (ISAM), son premier choix dans la liste d'orientation. Elle a été orientée finalement à l'Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis, son troisième choix. Mécontente, la jeune femme demande une ré-orientation. Résultat, on la redirige vers ISAM Gafsa.
"Or il était hors de question d'aller étudier là-bas, je ne pourrai pas supporter d'être aussi éloigner de ma famille, isolée et dans une ville où il n'y a rien pour se distraire en plus", lance-t-elle au HuffPost Tunisie.
Déboussolés, ses parents décident de l'inscrire dans un établissement privé à Tunis. "On n'est pas des gens riches. J'ai hérité de mes parents une somme d'argent honorable que j'ai décidé finalement d''investir dans l'éducation de mes deux enfants alors qu'au départ je voulais en profiter pour essayer d'acheter un appartement au lieu de passer toute ma vie en tant que locataire", explique Samia, la mère de Ramla au HuffPost Tunisie.
Et d'ajouter: "J'ai dû faire un choix, et je ne le regrette pas. À notre époque, il faut miser sur une éducation de qualité pour ses enfants et faire en sorte de leur offrir les conditions optimales pour. Je sais que c'est un luxe d'y parvenir mais j'essaye d'y arriver en sacrifiant d'autres nécessités".
Hana, originaire de Nabeul, réussit bien ses études à Institut Supérieur d'Informatique de Médenine, qui était son cinquième choix au moment de l'orientation (malgré sa demande de ré-orientation). "J'avoue que j'étais apeurée à l'idée d'aller étudier là bas, j'ai hésité. L'idée de faire une année blanche et de redemander une ré-orientation m'a traversée puis je me suis dit pourquoi ne pas essayer et si ça ne marche pas, je laisse tomber."
Casanière de tempérament comme elle se décrit, elle n'a pas trouvé de difficultés majeures en s'installant à Médenine: "Je crois que le caractère de la personne compte beaucoup, si on est très attaché au confort de la vie en famille, à nos amis, qu'on aime sortir etc, on a certainement plus de mal à s'éloigner", a renchéri Hana au HuffPost Tunisie.
La jeune femme rentre une fois par mois chez sa famille: "avec le temps je mes suis habituée. J'avoue que j'ai rencontré là-bas un garçon, avec qui je suis en couple et ça m'a énormément aidée. Je me sentais moins seule, avec lui et les amis de l'Institut. Il est une source de motivation", confie-t-elle.
Le déséquilibre entre les régions trouve sa source pour certains dans la ruée vers le privé à la recherche de ce qu'ils considèrent comme un enseignement de qualité, inexistant dans certains établissements publics, à en croire Ghassen, qui témoigne au HuffPost Tunisie.
Ghassen, étudiant dans une université privée n'a pas trop hésité pour abandonner le cursus universitaire public. Le jeune homme est bon élève mais au baccalauréat, sa moyenne n'était pas assez bonne pour espérer une place dans les écoles qu'il visait. On l'a orienté vers l'Institut Supérieur des Sciences Appliquées et de Technologie de Mateur.
"Mes parents voulaient pour moi une grande école qui correspondaient à mon profil. Ils n'ont pas hésité à m'inscrire dans une grande école privée. C'est certain que tout le monde n'a pas ce privilège mais il ne faut pas croire que mes parents son très riches, on est à peine au dessus de la moyenne mais ils ont fait en sorte de faire tout ce qu'ils peuvent pour y arriver". Et, pour pourvoir assurer les études de Ghassen, les parents en question ont dû prendre un emprunt auprès de la banque.
"Un carte universitaire défigurée"
Pour Lotfi Najjar, chercheur, spécialiste en la matière, le problème de la désertification des régions intérieures par les étudiants cache un problème plus global en l'occurrence "une carte universitaire biaisée, défigurée avec beaucoup d'établissements mais dont peu sont vraiment de qualité sur le plan académique. Elles sont dénuées de vie universitaire et d'une bonne gouvernance", a-t-il expliqué sur Nessma TV.
Et d'ajouter: "Les mêmes problèmes se répètent chaque année; un engorgement dans la capitale et les régions côtières. Venus à Tunis, les étudiants sont loin de trouver le paradis avec des foyers parfois loin des campus universitaires, l'encombrement des chambres, des restaurants de mauvaise qualité...", s'insurge-t-il.
Pour lui, le problème n'est pas une question de manque de moyens mais de mauvaise gestion essentiellement.
Parmi les 270 mille qui ont rejoint les bancs de l'université cette rentrée, pourquoi beaucoup boudent-ils les régions intérieures? "Pour Mongi Naimi, la faute est à la carte universitaire, dessinée depuis les années soixante et qui ne répond plus à l'évolution du paysage universitaire actuel.
Celui-ci pointe de doigt des étudiants qui désertent les régions où le foyer universitaire est "comparable à une hôtel cinq étoiles pour s'entasser dans les régions côtières où ils croient qu'il fait bon vivre".
Que cherchent les étudiants?
Ramla, originaire de Tunis, entamera cette année sa première année en université. Elle aspirait à étudier à l'Institut Supérieur d'Arts et métiers de Tunis (ISAM), son premier choix dans la liste d'orientation. Elle a été orientée finalement à l'Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis, son troisième choix. Mécontente, la jeune femme demande une ré-orientation. Résultat, on la redirige vers ISAM Gafsa.
"Or il était hors de question d'aller étudier là-bas, je ne pourrai pas supporter d'être aussi éloigner de ma famille, isolée et dans une ville où il n'y a rien pour se distraire en plus", lance-t-elle au HuffPost Tunisie.
Déboussolés, ses parents décident de l'inscrire dans un établissement privé à Tunis. "On n'est pas des gens riches. J'ai hérité de mes parents une somme d'argent honorable que j'ai décidé finalement d''investir dans l'éducation de mes deux enfants alors qu'au départ je voulais en profiter pour essayer d'acheter un appartement au lieu de passer toute ma vie en tant que locataire", explique Samia, la mère de Ramla au HuffPost Tunisie.
Et d'ajouter: "J'ai dû faire un choix, et je ne le regrette pas. À notre époque, il faut miser sur une éducation de qualité pour ses enfants et faire en sorte de leur offrir les conditions optimales pour. Je sais que c'est un luxe d'y parvenir mais j'essaye d'y arriver en sacrifiant d'autres nécessités".
Hana, originaire de Nabeul, réussit bien ses études à Institut Supérieur d'Informatique de Médenine, qui était son cinquième choix au moment de l'orientation (malgré sa demande de ré-orientation). "J'avoue que j'étais apeurée à l'idée d'aller étudier là bas, j'ai hésité. L'idée de faire une année blanche et de redemander une ré-orientation m'a traversée puis je me suis dit pourquoi ne pas essayer et si ça ne marche pas, je laisse tomber."
Casanière de tempérament comme elle se décrit, elle n'a pas trouvé de difficultés majeures en s'installant à Médenine: "Je crois que le caractère de la personne compte beaucoup, si on est très attaché au confort de la vie en famille, à nos amis, qu'on aime sortir etc, on a certainement plus de mal à s'éloigner", a renchéri Hana au HuffPost Tunisie.
La jeune femme rentre une fois par mois chez sa famille: "avec le temps je mes suis habituée. J'avoue que j'ai rencontré là-bas un garçon, avec qui je suis en couple et ça m'a énormément aidée. Je me sentais moins seule, avec lui et les amis de l'Institut. Il est une source de motivation", confie-t-elle.
Le déséquilibre entre les régions trouve sa source pour certains dans la ruée vers le privé à la recherche de ce qu'ils considèrent comme un enseignement de qualité, inexistant dans certains établissements publics, à en croire Ghassen, qui témoigne au HuffPost Tunisie.
Ghassen, étudiant dans une université privée n'a pas trop hésité pour abandonner le cursus universitaire public. Le jeune homme est bon élève mais au baccalauréat, sa moyenne n'était pas assez bonne pour espérer une place dans les écoles qu'il visait. On l'a orienté vers l'Institut Supérieur des Sciences Appliquées et de Technologie de Mateur.
"Mes parents voulaient pour moi une grande école qui correspondaient à mon profil. Ils n'ont pas hésité à m'inscrire dans une grande école privée. C'est certain que tout le monde n'a pas ce privilège mais il ne faut pas croire que mes parents son très riches, on est à peine au dessus de la moyenne mais ils ont fait en sorte de faire tout ce qu'ils peuvent pour y arriver". Et, pour pourvoir assurer les études de Ghassen, les parents en question ont dû prendre un emprunt auprès de la banque.
"Un carte universitaire défigurée"
Pour Lotfi Najjar, chercheur, spécialiste en la matière, le problème de la désertification des régions intérieures par les étudiants cache un problème plus global en l'occurrence "une carte universitaire biaisée, défigurée avec beaucoup d'établissements mais dont peu sont vraiment de qualité sur le plan académique. Elles sont dénuées de vie universitaire et d'une bonne gouvernance", a-t-il expliqué sur Nessma TV.
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Et d'ajouter: "Les mêmes problèmes se répètent chaque année; un engorgement dans la capitale et les régions côtières. Venus à Tunis, les étudiants sont loin de trouver le paradis avec des foyers parfois loin des campus universitaires, l'encombrement des chambres, des restaurants de mauvaise qualité...", s'insurge-t-il.
Pour lui, le problème n'est pas une question de manque de moyens mais de mauvaise gestion essentiellement.
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