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Moody's colle à la Tunisie un carton rouge pour la détérioration de ses finances publiques et la frénésie de l'endettement

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L’agence de notation Moody’s a maintenu la note souveraine de la Tunisie à Ba3 tout en abaissant les perspectives de stables à négatives. A j-3 de l’évènement économique de l’année: "Tunisia 2020", l’agence de notation américaine met la Tunisie dans la zone rouge de la cartographie des pays à risque. La réalisation des réformes convenues avec le FMI reste selon l’agence la seule bouffée d’oxygène pour une économie qui s’embourbe dans une crise financière alarmante.

Dans un communiqué rendu public, l’agence de notation explique cette détérioration par le retard observé en matière d’assainissement des finances publiques qui entraîne une dégradation du déficit budgétaire et un ratio d’endettement en terme de PIB qui s'écartent de plus en plus de la médiane ou de la moyenne des pays de la même catégorie. Moody’s souligne également le déséquilibre persistant des comptes courants et l’augmentation de la dette extérieure brute.

Moody’s prévoit un ratio d’endettement de 65% du PIB entre 2017 et 2018

L’élargissement du déficit budgétaire pénalise ainsi les perspectives de la note souveraine de la Tunisie. Un déficit qui avoisinera les 5,7% du PIB en 2016 et 5,4% en 2017. Le ratio d'endettement devra atteindre les 63,2% du PIB à la fin de 2016 et ce, en raison d'une croissance plus lente que prévue, soit 1,5%.

Par ailleurs l’agence prévoit la hausse du ratio d’endettement entre 2017 et 2018 pour frôler la barre de 65% du PIB compte tenue de la contraction des recettes budgétaires de deux points de pourcentage et de la dépréciation du dinar tunisien de 4,5 points de pourcentage du PIB.

Moody’s met en garde contre l'accroissement du stock de la dette extérieure brute par rapport aux réserves officielles et l’agence s'attend à ce que le déficit du compte courant reste dans la fourchette de 8-9% du PIB alors que le stock brut de la dette extérieure atteignait déjà 72.7% du PIB à partir de juin 2016.

"Dettes financières des entreprises publiques non financières: 30% du PIB"

Moody’s met en garde contre d’autres signes alarmants à l’instar "des dettes financières nettes des entreprises publiques non financières atteignant 30% du PIB, comme le montre le rapport d'évaluation de la transparence budgétaire publié récemment par le FMI, continuent de peser encore sur le profil fiscal de la Tunisie". Autres points faibles, Moody’s a mis l’accent sur la faiblesse de la part des IDE dans le PIB. "À -124% du PIB à fin 2015, la position négative nette de la Tunisie sur les investissements internationaux est parmi les plus élevées de l'univers coté (ou noté) de Moody's.", précise le communiqué.

Outre l’élargissement du déficit budgétaire et la frénésie de l’endettement la note de Moody’s met l’accent sur les difficultés d’accès au financement extérieur. "Le financement des besoins bruts de financement du gouvernement d'environ 9-10% du PIB au cours des deux prochaines années reste conditionné par les progrès réalisés dans la réalisation des réformes convenues avec le FMI et d'autres prêteurs internationaux pour environ la moitié des besoins annuels de financement. Le plan de financement pour 2016 et 2017 intègre également l'accès aux marchés de capitaux internationaux dans un contexte de resserrement des conditions de liquidité externe".

La solidité de ses institutions sauve la notation du pays

Nonobstant la baisse des perspectives, la notation du risque souverain du pays a été maintenue à Ba3 et ce en relation avec la solidité des institutions. "L'affirmation de la note d'aujourd'hui repose sur l'espoir que les institutions du pays mettront en œuvre avec succès le programme de réformes du gouvernement, ce qui assurera un soutien financier et technique continu de la communauté internationale".

Moody’s a salué l’adoption de mesures de réforme significatives en faveur de la stabilité financière. Ces mesures comprennent: une nouvelle loi sur les banques centrales établissant une plus grande autonomie et un système de prêteur de dernier recours; un nouveau cadre de résolution des opérations bancaires et un système de garantie des dépôts; une nouvelle loi sur les faillites autorisant une résolution active de la dette par voie de radiation sur les banques publiques. Le Parlement a également adopté la loi sur les investissements après avoir adopté les lois sur la concurrence, les partenariats public-privé (PPP) et les faillites afin de renforcer l'environnement des entreprises.

L’amélioration de la note souveraine de la Tunisie reste tributaire de la capacité du pays d’endiguer le déficit budgétaire, d’améliorer le climat des affaires, de la reprise du secteur du tourisme et surtout de la mise en œuvre rapide de réformes structurelles précédemment convenues avec le FMI. D’autres facteurs endogènes dont le ralentissement de la croissance pour des raisons sécuritaires ou autres pourraient biaiser davantage la solvabilité du pays.

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