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Loin des vagues d'arrestations des hommes d'affaires: À Tataouine, la contestation continue

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"Ni terroristes ni casseurs": près du site pétrolier d'El-Kamour, dans le sud tunisien, des protestataires assis en plein soleil et munis de grands réservoirs d'eau se disent déterminés à défendre leurs "droits", mais insistent sur leur caractère pacifique après des violences.

A plus de 130 km de Tataouine, en plein désert, ils sont environ 250 à poursuivre la contestation. Initié mi-mars pour réclamer notamment le "droit à l'emploi", leur sit-in s'est inscrit dans la durée malgré l'ouverture de négociations avec les autorités, avant de basculer dans la violence lundi.

Alors que le calme est revenu depuis la veille, certains, pieds nus et têtes couvertes pour se protéger du soleil, se rafraichissent près de cinq réservoirs. D'autres jouent aux cartes dans leurs tentes, ou discutent des évènements qui ont abouti lundi à la mort d'un des leurs, percuté par une voiture de la Garde nationale (gendarmerie).

"Nous ne sommes ni des terroristes, ni des casseurs! Nous sommes des habitants de cette région marginalisée qui réclament leurs droits à une vie digne", affirme à l'AFP Saber Bou Ajalaa, un chômeur de 28 ans.

Dénonçant une "diabolisation" du mouvement et la tentative des forces de l'ordre de les chasser des lieux, il se dit "plus que jamais déterminé". "Nous ne sortirons pas du cadre pacifique", promet-il, près d'une voiture de la protection civile calcinée et encore fumante.

"Fausses promesses"

Dans plusieurs tentes, des matelas usés, des marmites vides ou encore un stock de produits alimentaires gisent au sol, témoignant des semaines de vie rudimentaire déjà écoulées.

C'est devant le complexe pétrolier gardé par l'armée qu'Anouar Sekrafi, 21 ans, a été tué durant des heurts avec les forces de l'ordre.

Selon le ministère de l'Intérieur, il a été percuté accidentellement par une voiture de la Garde nationale alors qu'elle faisait marche arrière.

Des manifestants continuent toutefois de réfuter cette version, en s'appuyant notamment sur une vidéo partagée en masse sur les réseaux sociaux où l'on voit une voiture de la gendarmerie roulant à grande vitesse en direction du manifestant. Quelques instants plus tard, un attroupement est visible autour du même homme gisant au sol.

"Les manifestants jetaient des pierres sur les agents de la Garde nationale et d'un coup j'ai vu des véhicules des forces de l'ordre circulant rapidement: l'une d'elles a percuté un manifestant qui est tombé sur le ventre puis a été écrasé", affirme à l'AFP Tarek Saïdi, l'auteur de la vidéo.

A Tunis, un collectif citoyen a réclamé l'ouverture d'une enquête "impartiale" et, mardi, des milliers de personnes en colère ont assisté aux funérailles du jeune homme, à Bir Lahmer, à 30 km au nord de Tataouine.

A El-Kamour, un mémorial fait de pierres et orné d'une plaque commémorative a été érigé à l'endroit même de l'accident.

Habib Lilaoui, 31 ans, n'en démord pas. "C'est à cause des autorités et de leurs fausses promesses que nous en sommes arrivés là, jusqu'à perdre notre ami!", enrage-t-il.

"Peur de personne"

Le 10 mai, ces manifestants ont entendu le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi annoncer le recours à l'armée pour protéger les sites de production d'éventuels blocages.

"Le président nous a laissé tomber! Le chef du gouvernement et le ministre de l'Emploi (Imed Hammami) encore davantage!", estime Radhouane Harrar, un chômeur de 43 ans.

"Nous n'avons peur de personne, même pas des scorpions et des serpents qui se promènent entre nos tentes. Nos revendications sont légitimes", renchérit Béchir Bilouli, 27 ans.

Recrutement de 5.000 chômeurs, création d'un fonds d'investissement de 100.000 dinars (40.000 euros) par an...: à Tataouine, face aux propositions faites jusque-là par le gouvernement, le porte-parole du comité de coordination du mouvement, Tarek Haddad, en fournit volontiers la liste.

A ceux qui voient des mains politiques tirer les ficelles, il dément "toute influence extérieure" et revendique le soutien d'une région tout entière.

Des tags reprenant le slogan du mouvement --"Errakh lé" ("On ne lâche rien")-- captent le regard à divers endroits de la cité, dont certaines routes restent entravées par des pneus, des grosses pierres et du sable.

"Le mot d'ordre de la révolution (de 2011) était 'Dégage'. Maintenant, c'est 'Errakh lé'", clame Abdessalem, un habitant du centre-ville, la trentaine.

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